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Équipe de France de Rugby U20 : Nelcya Kouyaté nous raconte son aventure en bleu

Par Louna Lavergne

Durant deux semaines, Nelcya Kouyaté s'est entrainé au sein de la sélection nationale U20./Crédit photo N.K.
Durant deux semaines, Nelcya Kouyaté s'est entrainé au sein de la sélection nationale U20./Crédit photo N.K.

Pour la deuxième année consécutive, Nelcya Kouyaté a rejoint l’Equipe de France de Rugby, cette fois-ci dans la catégorie U20. Opposition avec le XV de France, remise de son maillot, victoire contre l’Angleterre… La Salloise nous raconte deux semaines de stage au cœur du centre de Marcoussis. 

 

“Porter le maillot de mon pays aussi longtemps que possible”. Tel est l’objectif de Nelcya Kouyaté. À seulement 19 ans, la jeune femme a déjà réussi une belle passe de deux en rejoignant le rassemblement des Bleuettes pour la deuxième année consécutive. Du 8 au 21 avril, l’ex pensionnaire de l’US Salles s’est entraînée avec ses coéquipières, venues des quatre coins du pays, en vue d'un test-match face à l’Angleterre, numéro un mondial. 

 

Une sélection avec un goût de revanche

 

Étudiante en BTS Management Commercial Opérationnel, la licenciée du Stade Bordelais n’est jamais bien loin du sport et effectue son alternance chez les Girondins de Bordeaux. C’est là-bas, alors qu’elle travaillait, qu’elle a appris sa sélection en U20. “Le 7 mars, la liste est sortie, notre coach nous l’a envoyé sur le groupe de l’équipe de l’année dernière” raconte Nelcya Kouyaté. En effet, en 2023, la rugbywoman avait déjà pu essayer le maillot bleu lors d’un rassemblement malheureusement écourté par une blessure. 

 

Ces quelques lettres écrites sur son téléphone et qui formaient son nom se dessinaient comme une juste compensation pour son rêve envolé l’année passée. “Quand je l’ai appris, j’ai pensé à l’an dernier en me disant que c’était une revanche, j’étais fière de moi, il y a eu beaucoup de travail pour y arriver” se satisfait la Bleuette.

 

Au cœur de deux semaines de stage

 

Avec une assurance dans la voix, Nelcya Kouyaté raconte son expérience avec des termes familiers pour elle, mais qui nécessiterait un dictionnaire pour quiconque ne pratiquerait pas le sport au ballon ovale. Arrivée le lundi 8 avril avec ses compatriotes, elle a d'abord fait connaissance avec le staff avant un premier entraînement dit “de clarté”. “On fait l'entraînement en marchant pour comprendre le projet de jeu” explique la rugbywoman. Elle découvre ce jour-là que des questionnaires lui seront fournis matin et soir pour statuer de son état de forme, son hydratation et de multiples autres facteurs nécessaires à la performance. 

 

Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas puisque, le lendemain, le rugby se mêlait à la course avec un entraînement visant à stimuler sa vitesse maximale. Le mercredi, la journée fut rude mais exceptionnelle puisque les U20 se sont mesurées au XV de France Féminin avec une session sous forme de blocs avec beaucoup d’intensité. “C’était extrêmement dur, il fallait la partie physique et mentale pour continuer à jouer contre les pros, qui se préparaient elles-mêmes pour leur match contre l’Italie” se souvient Nelcya Kouyaté. 

"S'entraîner sérieusement sans se prendre au sérieux, c'était la devise de notre manageuse" décrit Nelcya Kouyaté./Crédit Photo N.K.
"S'entraîner sérieusement sans se prendre au sérieux, c'était la devise de notre manageuse" décrit Nelcya Kouyaté./Crédit Photo N.K.

Un jour off, survenu le jeudi, était donc bien mérité pour les joueuses avant de reprendre de plus belle le vendredi. Au programme, Team Run, soit un travail sur des lancements précis. Il s’agissait du dernier entraînement de la semaine pour Nelcya Kouyaté. Le week-end, l’ex Salloise a quitté le centre de Marcoussis pour une raison plus qu’honorable : partir jouer la demi-finale de Coupe de France avec son club, le Stade Bordelais, le dimanche. Une demi-finale que les Lionnes ont remporté avant de se présenter face à Toulouse en finale. 

 

“Parfois on n’est pas sélectionné mais il faut continuer à bosser pour”

 

La deuxième semaine de stage suivait les contours de la première, avec le match à venir le samedi 20 avril. Trois jours avant la date tant attendue, Nelcya Kouyaté a appris qu’elle ne figurerait pas sur la feuille du match. “J’étais déçue mais je n’étais pas assez prête physiquement, je ne suis pas au top de ma forme mais je bosse dessus” concède la sportive de haut-niveau avec une lucidité louable. Qu’à cela ne tienne, l’absence de son nom dans la composition n'entache pas son aventure en bleu. Du voyage à Rouen pour soutenir ses 24 coéquipières, elle rencontre des apprentis rugbywomen lors d’un tournoi et répond à leurs questions sur le sport de haut niveau. “C’était un bon échange, on a fait des photos avec elles et on a joué” se remémore la Lionne. 

 

La veille du match, elle reçoit également un maillot de l’équipe de France. Une surprise pour la pensionnaire du Stade Bordelais, puisqu’il est coutume de fournir des maillots uniquement aux filles jouant la rencontre. “C’était très émouvant et touchant, il y a eu beaucoup de pleurs. Et puis, on a l’impression de quand même faire partie du groupe” explique Nelcya Kouyaté, sensible à cette initiative de sa manageuse. Le 20 avril, la France l’emportera 74 à 0 face à l’Angleterre, avant que chacune ne rentre chez elle, actant la fin du rassemblement.

 

Une leçon de vie et de sportivité

 

Modeste et humble, la jeune femme tenait à raconter son expérience même si l’issue n’était pas celle espérée. “Parfois on n’est pas sélectionné, on continue à bosser pour” confie Nelcya Kouyaté avec beaucoup de discernement. Elle rentre en Gironde avec une expérience nationale en plus dans un environnement dédié au dépassement sportif. “On avait la pression d’être avec les meilleures et de représenter notre pays mais on évoluait dans un environnement propice” conte la jeune espoir du rugby français. 

 

Alors au moment de se tourner vers son futur au sein du monde du ballon ovale, les objectifs sont clairs dans l’esprit de la Bordelaise. “Être sélectionnée, jouer et porter le maillot lors des Summer Series cet été” définit clairement l’étudiante en management. Ce tournoi, semblable à un Six Nations pour les U20, se déroulera à Parme et réunira la France, le Pays de Galle, l’Ecosse et l’Angleterre. La compétition idéale pour que le maillot bleu de la rugbywoman passe des gradins au terrain.