Le Belinétois vous dévoilait hier soir une triste information exclusive faisant état d’un acte inqualifiable commis à l’encontre de l’une des églises les plus réputées des Landes de Gascogne. Outre l’aspect détestable des faits, il est surtout question hélas d’une profanation misérable envers un patrimoine si cher à nos yeux. Pour l’occasion, Le Belinétois vous fait découvrir(ou redécouvrir) l’histoire riche et mystérieuse de l’église Saint-Michel du Vieux Lugo. Un édifice fascinant mais aussi réputé comme étant hanté.
Niché au cœur de la forêt servant de frontière entre Lugos et Belin-Béliet, le site du « Vieux Lugo » n’est ni plus ni moins que le vieux village qui précédait « Lugos » tel que nous le connaissons aujourd’hui. Datée du XIe siècle, l’église romane du Vieux Lugo est un édifice qui n’a cessait d’évoluer avec le temps. Dernier témoin de l’ancien village, elle fut donc construite durant le XI siècle avec une pierre typiquement landaise : la garluche. La bâtisse sacralisée fut érigée en bordure de l’Eyre cette dernière présentant à l’époque un rôle important : celui de permettre la descente de bois en radeaux. Les riches prairies drainées dans le temps par des fossés et devenues aujourd’hui des marais boisés, offraient un cadre idyllique et bucolique aux nombreux pèlerins qui profitaient du parfum des pinèdes pour se ressourcer. Car « Lugo » vivait grâce à un flux constant de pèlerins étant donné son positionnement entre les deux axes principaux rejoignant Saint-Jacques de Compostelle : la voie de Tours et le chemin des anglais.
D’un extérieur moyenâgeux, l’église dégage un parfum sibyllin au travers d’une mystérieuse « porte des cagots » aujourd’hui murée et qui, d’après la légende, permettait aux excommuniés et aux lépreux d’assister à l’Office. Le clocher, bien qu’ancien sera ajouté pour remplacer un clocher-mur au cours du XV e siècle tout comme les fresques qui ornent l’intérieur. Les portes de l’église dédiée à Saint-Michel étant toujours ouvertes, il est difficile de ne pas admirer la beauté incroyable de la modeste bâtisse catholique. L’apparente charpente en bois apporte un brin de chaleur à la construction en garluche mais ce sont bel et bien les fresques qui suscitent la curiosité des visiteurs du site. Sur la nef, une première peinture représente les Œuvres de la miséricorde tandis que la partie basse sert de support pour une représentation d’une scène éloquente : le Dit des trois morts et des trois vifs, rencontre entre trois cadavres et trois vivants dans un cimetière. Les sept péchés capitaux sont peints sur la face sud. Les statues apportent une représentation physique sacrée par le biais de Notre-Dame, Saint-Michel d’ Archange et Saint-Jacques de Compostelle.
Difficile d’imaginer aujourd’hui ce décor amoché. Le ou les malfaiteurs ignoraient semble t’il qu’une féroce croyance continue de traverser les siècles pour être encore au gout du jour à l’heure où cet article est écrit. La proximité de l’église avec son cimetière et des événements étranges observés attestent d’une légende selon laquelle l’église Saint-Michel du Vieux Lugo serait hantée. Simple croyance ou paranormal, un dicton connu des locaux témoigne de cette opinion : « Celui qui fait du mal à l’église du Vieux Lugo mourra plus tôt. »