Si le patrimoine bélinétois se démarque par la présence de ses trois églises, il n’en demeure pas moins que les pierres mégalithiques situées dans notre village apportent une richesse considérable à notre territoire. Partons à la découverte de la pierre levée de Mons.
Nombreuses sont les légendes qui accompagnent l’histoire de ces pierres belinétoises. La pierre de l’église de Mons est d’autant plus spéciale étant donné qu’elle se situe sur un lieu où la légende accrédite la présence du tombeau des compagnons de Rolland de Roncevaux inhumés en l’an 778 à proximité de l’église de Mons. La découverte de cette pierre a été faite par le regretté archéologue belinétois Jean-Louis Brouste. Cette pierre avait attiré l’attention de l’érudit, employé communal à l’époque, lors des préparatifs de la fête de la Saint-Clair en 1982. Alors qu’un chemin devait être tracé pour faciliter l’accès aux passants, une petite pierre affleurait de vingt centimètres sur le chemin. Les employés communaux ont alors décidé d’enlever l’obstacle. Mais quelle ne fût pas la surprise lorsqu’au moment de déterrer ce qui semblait être une petite pierre insignifiante, Jean-Louis Brouste découvrit un authentique vestige du passé. Animé par une insatiable soif de connaissances, le chercheur du village s’était plongé dans l’époque du Moyen-âge pour essayer de percer le mystère de ce monolithe d’environ 200 kg.
De nombreuses versions concernant son origine
Sans perdre de temps, la pierre qui se trouvait être enterrée en position debout fût dégagée de terre. Elle mesurait 75 cm de long pour 66 cm de large et 44 cm d’épaisseur. Sous l’emplacement de la pierre, Jean-Louis Brouste découvrit des fragments de tuiles de type « Tegula » et « Imbrex ». Ces deux types de tuiles furent utilisés durant l’Antiquité pour recouvrir les toits ou créer des surfaces plates. Pour autant, l’archéologue belinétois concentra l’essentiel de ses recherches sur le style romanesque de l’église pour trouver un lien entre cette pierre et la bâtisse religieuse. Un choix qui portera ses fruits puisque après avoir consulté des ouvrages relatifs à l’art roman, il apprit que les bâtisseurs avaient pour habitude de planter une grosse pierre près de l’abside des églises dans le but de décharger les énergies vibratoires générées lors de la construction de l’édifice et d’assurer la solidité du bâtiment. Ce type de pierre porte plusieurs noms : pierre angulaire, pierre d’échappement ou encore achoppement. La présence d’une pierre angulaire aux abords d’une église n’est pas un cas à part puisque on retrouve ce même bloc aux abords de l’église de Chartres.
Marc Devignes, auteur de l’inventaire des mégalithes de Gironde » relève une toute autre version de l’origine de cette pierre. Dans son livre, il explique que la pierre de Mons pourrait être un « menhir antique composé d’une pierre noirâtre étrangère au pays ». Il pourrait donc s’agir d’un vestige de monument qui fût par la suite « christianisé ». Il avance cet argument par rapport à la proximité avec la fontaine Saint-Clair, source réputée guérisseuse. Léo Drouyn, célèbre savant girondin du XIX e siècle avait déjà fait en son temps le lien entre la pierre et la source. La pierre occupait selon lui une fonction druidique et renforçait les croyances concernant le pouvoir miraculeux du ruisseau des Mille-Hommes.
Le rôle quelque peu légendaire de cette pierre ne peut être prouvé scientifiquement. Toutefois, cette croyance médiévale subsiste au fil des siècles. Une anecdote mirifique témoigne de l’importance de cette légende encore aujourd’hui à travers nos consciences. En 1990, alors que des travaux étaient faits aux abords de l’église de Mons dans le but d’installer des conduites dans le cimetière, le chef de chantier somma ses subordonnées de ne pas toucher à la pierre levée au risque de causer des problèmes à la chapelle. Enfin, une autre version est avancée. La présence de tuiles en guise de socle dans l’enfouissement rappelle les anciennes bornes utilisées pour délimiter des parcelles de terrain. Jadis, cette pratique était fréquente et il arrivait qu’elles soient enterrées de manière à éviter un contact avec des socs de charrue. Néanmoins, Jean-Louis Brouste ne semblait que peu emballé par cette hypothèse. Selon lui, les morceaux de tuiles découverts n’étaient pas semblables au type de tuile utilisé pour assurer la mise en terre d’une borne.
Les recherches de la « société de Borda » n’ont malheureusement pas pu confirmer ces différentes versions. Malgré cela, elles tendent à compléter l’étude de Marc Devignes et son hypothèse jugée « séduisante » concernant la christianisation de ce menhir. En revanche, certains éléments peuvent être confirmés : La pierre a volontairement été enterrée à cet endroit et son emplacement à proximité du mur de l’église prête à croire que sa mise en terre date de la construction de l’église Saint-Pierre de Mons.