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Denis Audebert, le professeur devenu maître de Bercy

Par Corentin Barsacq

C’était il y a un an. Alors que l’équipe senior masculine du HCBB était en quête d’un entraineur, Denis Audebert prenait discrètement les rênes d’un effectif bien rôdé. La suite ? Une alchimie inébranlable combattant doutes et défaites jusqu’à tutoyer le sommet du handball départemental français. 

En tout point, il était l’homme de la situation. L’entraineur qui a insufflé une énergie nouvelle à des copains galvanisés par le challenge. À 36 ans, Denis Audebert est arrivé à Belin-Béliet avec une connaissance salutaire du handball vouée à faire évoluer son effectif. Quelques jours après le sacre de Bercy, le coach champion de France parlait avec engouement de ses différentes expériences avant d’arriver sur les terres d’Aliénor. Sur sa terrasse et avant de commencer l’entretien, il prévenait même : « J’aime beaucoup parler donc arrête-moi si j’en dis trop. » Mais son discours est loin d’être nombriliste. Loquace il est vrai, mais avec des paroles empreint d’altruisme et de vérité. 


Un éclectisme sportif étonnant 


Plus jeune, c’est auprès des équidés que l’entraineur découvre la magie du sport. Dès l’âge de 7 ans, il tombe dans la marmite de l’équitation et s’offre le luxe de disputer des compétitions. Et déjà, à cette époque, le cavalier ressent le besoin de partager ses compétences. Plus tard, il intégrera l’encadrement avant de s’orienter vers la voile et connaitre un parcours semblable. Jusqu’à 21 ans, il en sera moniteur. Le handball, c’est au collège qu’il le découvre, à l’US Mios Biganos. 

D’abord joueur de champ, Denis l’avoue avec humour : « Ça n’a pas été ma plus grande réussite ». Mais l’équipe est compétitive. Au poste de gardien, l’adolescent de l’époque s’épanouie et trouve son équilibre. En moins de 18 ans, il fait partie du Groupement d'Intérêt Handballistique ( le GIH Sud Bassin) qui dispute les championnats de France. 


Et il est devenu professeur à souhait


L’histoire devait forcément déboucher sur un métier où l’essence même du travail résidait dans l’envie de transmettre son savoir. Après l’obtention de son bac, Denis Audebert éprouve le besoin de continuer à approfondir la SVT. Quelques années plus tard, il devient professeur de cette même matière. En région parisienne tout d’abord. Là-bas, il conjugue ses deux passions et jouera pour le SC Paris ou encore Aubervilliers en National 2. 

À Paris, Denis buvait dans des gobelets en plastique. Désormais, à Belin, il boit dans la coupe.
À Paris, Denis buvait dans des gobelets en plastique. Désormais, à Belin, il boit dans la coupe.

Mais sa région natale lui manque. Il revient au pays, aux sources de son amour pour le handball, à Mios. Entraineur des gardiennes, Denis Audebert est dans son élément. Naturellement, il devient entraineur principal pour la saison 2015-2016. Les résultats sont au rendez-vous. Il accède en National 1 l’année d’après. L’apogée.

 


« Et j’ai mis le doigt dans l’engrenage » 


Malgré l’amour portée à son art, le coach sent la fatigue le gagner. Le rythme des entrainements et les longs déplacements sont difficiles à gérer. Avant tout père de famille, il décide de se retirer des bancs à la fin de la saison 2018. Enfin presque. Professeur au collège de Salles, il est ami de Frédéric Lurdos, joueur senior à Belin-Béliet et lui aussi dans le corps enseignant au Teich. « À ce moment-là, je m’étais vraiment mis en tête d’arrêter. » Mais l’envie est trop forte. Avec un argumentaire digne des plus grands commerciaux, Frédéric convint Denis de venir entrainer à Belin-Béliet. 


« Noël avant l’heure » 


Anthony Lannuzel, capitaine de l’équipe se souvient : « Lorsqu’on nous a annoncé qu’il entrainerait l’équipe, c’était Noël avant l’heure. » Prenant la succession de Hugo Laqui qui occupait la fonction d’entraineur le temps de guérir une blessure, il instaure sa patte. À l’aube de la saison 2018-2019, l’homme de 36 ans découvre un club unique : « C’est une fabuleuse équipe, un groupe de potes, une famille. » Au sein de l’effectif, son arrivée est prestigieuse.

 

Sur le banc de l'équipe fanion de Mios-Biganos.
Sur le banc de l'équipe fanion de Mios-Biganos.

La saison débute et sa méthode est convaincante. Les matchs sont bien souvent maitrisés de bout en bout, l’adversaire asphyxié par la multiplication des attaques belinétoises. Si le titre de champion de Gironde Excellence ne faisait aucun doute, un autre trophée est apparu peu à peu comme un objectif suprême, une quête vers le sommet, celui du handball départemental.


« Avec eux, je peux partir à la guerre »


En fer de lance de ce combat, Denis Audebert armé de sa ténacité et son abnégation.  « À partir de Janvier, je pensais vraiment que l’on avait les moyens d’aller à Bercy. Nous avions des individualités rares dans notre championnat, une osmose qui pouvait nous emmener loin. Sur le papier, on avait des joueurs qui avaient joué beaucoup plus haut. C’était donc jouable » note l’entraineur. Après avoir terrassé des équipes supérieures sur le papier, le HCBB file tout droit à l’AccorHotels Arena de Bercy. Dans l’enceinte, la marée verte pousse toute une équipe vers une formidable victoire. Avant le match, dans un parc parisien, Audebert avait changé de ton : « Je refuse de vous entendre dire « C’est déjà beau ce qu’on a fait » parce que ça veut dire que vous partez déjà défaitistes. » 

Alors sur le terrain, malgré un déroulé du match des plus anxiogènes, le chef d’orchestre ne craignait pas les fausses notes et comptait s’appuyer sur des tournants dans le match : « En première période, notre gardien Fabien sort les bons arrêts pour maintenir notre avance. En seconde période, Remy Tran Van Chuoï se blesse et je fais rentrer John Fernandez. Enfin, à la dernière minute, Matthieu Garrigue sort le penalty qui empêche l’égalisation de Meudon. Ce sont des moments qui ont fait basculer le match ».

 

À peine un an après sa prise de poste, Denis Audebert emmène son équipe sur l’estrade pour soulever la coupe de France. Pour lui, l’inverse de la formule semble plus approprié : « Son équipe l’a emmené à Bercy ». Qu’importe, le résultat est le même : Belin-Béliet est sur le toit de France. Si l’homme est professeur dans la vraie vie, il l’est également dans la science du handball. Et les belinétois savourent encore ce titre qui restera éternellement dans l’histoire du Handball Club Belin-Béliet.