Par Corentin Barsacq
C’était un samedi 4 novembre 2006. Dans le village de Lugos habituellement paisible, un coup de feu retentissait. José Bové venait alors de mener « une opération de traçabilité des OGM ».
Souvenez-vous il y a 13 ans lorsque la pagaille gagnait la gendarmerie de Belin-Béliet. Dans les locaux belinétois, un homme connu nationalement pour son militantisme en faveur de la cause paysanne et altermondialiste : José Bové.
Plus tôt dans l’après-midi, aux alentours de 13h, l’ancien syndicaliste paysan avait réuni environ 150 « faucheurs volontaires » pour investir la propriété d’un exploitant belge du domaine de Courlouze à Lugos. Armé de brou de noix, le convoi avait pollué 2000 tonnes de la récolte de maïs OGM en versant la substance dans un silo, provoquant la colère de l’exploitant.
Voitures embouties et coup de feu
Face à cet acte, l’exploitant de la société SCEA La Lucatte Marc G. déboule alors à toute vitesse contre les faucheurs. Il emboutit leur voiture et sort de son 4x4 armé d’un fusil avant de tirer une fois en l’air pour faire cesser l'action. Le ton monte entre les deux camps. Le face-à-face entre Bové et l’exploitant est tendu.
Finalement, c’est José Bové lui-même qui se rendra à la gendarmerie de Belin-Béliet pour déposer plainte pour « tentative d’homicide ». Dans la soirée, José Bové est envoyé en cellule. L’exploitant agricole également. Le soir même, des soutiens au leader altermondialiste viennent manifester devant les locaux belinétois. Les images sont rarissimes. La circulation sur la Nationale 10 est perturbée par un barrage filtrant.
En Une de Sud-Ouest le lendemain, un cliché de José Bové en compagnie d’un gendarme. Le quotidien régional titre : « La guérilla anti OGM ». Transféré à la gendarmerie de Saint-Jean-d’Illac, l’homme politique sortira de sa garde à vue deux jours plus tard, sous les acclamations d’une cinquantaine de militants.
Dans les jours suivant cet évènement, Lugos sera le théâtre de manifestations tant en soutien des anti OGM qu’en faveur de l’exploitant agricole. Sur l’aspect environnemental, cette culture d’OGM violait la charte du Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne. Le dénouement de cette histoire interviendra trois ans plus tard, lorsque l'ancien député européen sera condamné à un an de prison avec sursis et 12 000 euros d’amende. 11 autres faucheurs volontaires seront également condamnés.