Par Corentin Barsacq
Publié dans Le Belinétois papier 1
Autrefois, elles surplombaient la vallée du Braou avant que les différentes maisons n’empiètent sur leur territoire. Aujourd’hui, elles sont exposées aux abords du Musée Lapios et font partie d’un décor que l’on ne regarde que trop peu. « Les pierres gauloises » du Braou sont un mystère entier. En 1919 déjà, un abbé de passage dans la ville de Béliet faisait état de son étrange découverte auprès de la Société Historique et Archéologique de Bordeaux.
Il décrivait « trois grosses pierres formant un monolithe de grès quartzeux. » Dans les environs, aucune observation n’est semblable à celle de Belin- Béliet. Superposées en forme d’abri, elles attirent les enfants beliétois qui en font un lieu de rassemblement pour contempler le ruisseau en contrebas de la vallée. Au fil des décennies, une mystérieuse légende accompagne l’aspect sibyllin du lieu.
À l'emplacement de la sortie d'un souterrain ?
Eliette Dupouy, mémoire du village, se souvenait du folklore : « On disait dans le temps qu’elles indiquaient l’emplacement d’un souterrain reliant le château d’Aliénor d’Aquitaine.» Mais au moment où le village était occupé pendant la Seconde guerre mondiale, la fable n'était pas du goût des Allemands. La légende racontera que des soldats en repos dans le village avaient mis la main sur des documents accréditant l’existence de souterrain. Rapprochement fait avec les pierres gauloises, ils décidèrent alors de dynamiter ces pierres. La détonation est entendue dans tout le village et le lieu devint alors méconnaissable.
Pas si "gauloises" que ça
À la suite de la construction du lotissement du Braou, l’historien Jean-Louis Brouste obtint l’autorisation de sauvetage de ces vestiges. Acheminées aux abords du stade Pierre Mano le 24 Décembre 1980, les pierres furent par la suite transportées devant le musée d’histoire locale lors de sa fondation en 1985. Sur les observations de l’archéologue local, on retient que ces pierres ont sans doute été exploitées par l’homme au vu de plusieurs marques laissées par un outil métallique notamment d’anciennes gravures. Le bloc principal qui constituait la plus grosse partie du « dolmen » a été brisé en trois morceaux lors du dynamitage des allemands. Les travaux d’inventaire de Marc Devignes permettent de cerner son point de vue concernant la nature de ces pierres.
Pour lui, ces pierres semblent être des vestiges de tombes à couloir que l’on retrouve dans le Centre-Ouest de la France. Pour la société Borda, l’hypothèse d’un dolmen au Braou ne peut être retenue car elle repose essentiellement sur un signalement de l’abbé Royer à la Société archéologique de Bordeaux et aux observations d’Eliette Dupouy. Insuffisant donc pour prétendre à la présence d’un monument mégalithique de l’envergure d’un dolmen.