Par Corentin Barsacq
Le 25 mars 1885, un coup de feu retentit dans les ruelles du village. Il s’en suit une véritable chasse à l’homme pour mettre la main sur deux fugitifs espagnols.
L’histoire est méconnue car sans gravité mais aurait bien pu tourner au drame. Plongeons-nous dans les archives de l’ancien hebdomadaire du sud-ouest « La petite Gironde » et voyageons dans le temps, plus précisément au mercredi 25 mars 1885, un jour semble-t-il commun à tous les autres jusqu’à ce qu’un gendarme de Belin interpelle deux individus étrangers en début de soirée. L’intention de l’agent est alors de contrôler les papiers du duo dont l’accent révèle leurs origines hispaniques.
Au domicile d’un habitant de Belin ayant donné l’alerte, les deux hommes disent arriver de Bayonne. Le gendarme au nom de Fise leur demande donc de justifier leurs identités. L’un des deux hommes brandit alors un passeport espagnol avec son nom en partie effacé. Hélas pour les deux voyageurs, leur périple doit passer par le bureau de chef de brigade pour en dire plus aux autorités. Un détour auquel les deux hommes avaient dans un premier temps accepté de se soustraire.
« Je suis armé et je n’ai pas peur »
La péripétie de ce récit est racontée par La petite Gironde : « Le gendarme invita alors ces deux individus à le suivre dans le bureau du chef de brigade, ce qu’ils firent d’abord de bonne grâce. Chemin faisant, les deux étrangers ralentirent le pas et firent mine de vouloir se retirer mais le gendarme leur dit que s’ils n’obéissaient pas de bonne volonté, il les contraindrait par la force à le suivre. « Je suis armé, répliqua aussitôt un des Espagnols, et je n’ai pas peur. » Devant une telle réponse, Pisse sortait la main à l’étui de son revolver pour le saisir et s’en servir si besoin était. Mais beaucoup plus prompt, l’Espagnol tirait un revolver de sa poche, l’armant et en déchargeait un coup sur Fisse qui ne fut fort heureusement pas atteint. »
Avant ça, une tentative d’assassinat à Saint-Loubès
Le bruit de l’arme attire la population de Belin dans la rue. Alors que les deux Espagnols en profitent pour se faire la malle, quelques Belinois font barrage aux fuyards mais sont vivement menacés par les hommes armés. Échappant à la tentative de meurtre, le gendarme alerte aussitôt sa caserne et tous se mettent à la recherche du binôme en organisant une battue. Hélas, les recherches seront vaines.
Du passage des fugitifs dans la vallée de l’Eyre ne subsisteront qu’un porte-monnaie et une paire d’espadrille retrouvée près du bourg de Belin. Après une enquête menée par les gendarmes de Belin, il apparaitra que les deux profils seront identiques à un signalement fait pour vol et tentative d’assassinat ayant eu lieu à Saint-Loubès quelques jours auparavant…