Par Kylian Latappy
À l’heure où le confinement est venu paralyser le pays afin d’endiguer la pandémie, certaines assistantes maternelles ont continué à accueillir chez elles les enfants du personnel hospitalier. Nous sommes allés à leur rencontre.
En temps normal, on dénombre 44 “assmat” à Belin-Béliet qui se partagent la garde d’au moins 130 enfants en bas-âge, ce qui est une grande diversité pour l’accueil familial. Dans le soucis de la garde d’enfants durant le confinement, notamment pour les familles du secteur médical, le gouvernement n’a pas souhaité l’arrêt du travail des assistantes maternelles. Ainsi, 19 “AssMat” belinétoises ont donc bravé cette “seconde ligne” parfois au péril de leur santé et dans l’unique but de soulager 29 familles confrontées à cette problématique. Mais quel était donc le quotidien de ces professionnelles de la petite-enfance ?
“Continuer, c’était notre devoir”
Travailler avec des enfants en bas-âge et pouvoir respecter les gestes barrières est une tâche délicate. Les bambins ont besoin d’avoir des contacts physiques comme des câlins. Il est donc impossible de mettre fin à certains contacts avec les enfants, notamment dans un espace plus réduit qu’une salle de crèche ou de classe. Pour cela, les assistantes maternelles ont mis en place des petites activités éducatives pour apprendre à ne pas échanger les jouets. Mobilisée pendant le confinement, Sylvie raconte comment elle a pu occuper les enfants de manière intelligente et ludique : “ Nous avons organisé une initiation aux masques pour appréhender le monde extérieur depuis chez moi."
Pas forcément à l’aise avec les visages recouverts à moitié par un masque et y compris ceux des proches, les enfants ont donc besoin de pédagogie. Au niveau de l’hygiène, les professionnelles n’ont fait que renforcer des mesures qu’elles appliquaient avant le confinement. “Les règles d’hygiène étaient déjà mises en place” raconte Alexandra. Le lavage des jouets est devenu quotidien, comme la désinfection des sols et la nécessité d’apprendre aux enfants de se laver les mains très régulièrement. Pas le choix pour les assmat, ce nettoyage rajoute du temps de travail en dehors des horaires d’accueil. Pourtant, “continuer, c’était notre devoir” explique Isabelle, qui n’a pas pensé à arrêter suites aux annonces gouvernementales. Les trois femmes se rejoignent sur l’importance de pouvoir soulager des familles de pompiers, de militaires ou dans le secteur médical.
Un soutien plus local que départemental
Les assistantes maternelles dépendent du conseil départemental pour les agréments et la juridiction. Cependant, il est vite apparu que durant le confinement, le Département n’est que très peu intervenu pour soutenir les assistantes maternelles toujours en activité: “Le conseil départemental n’a pas demandé si tout allait bien. S’il nous fallait des masques ou des fournitures” regrette Isabelle.
Malgré tout, elles ont pu compter sur le soutien du Relais Assistante Maternelle du village par le biais de Nathalie Levacher. En effet, l’animatrice du “RAM” s’est investie pour garder un contact quotidien. Ainsi, des activités étaient proposées tous les jours par le biais d’e-mails. “ Grâce à cela, des dessins d’enfants ont pu être transmis à l'Ehpad Korian Le Chalet et les professionnelles du secteur ont pu échanger des idées de livres à lire pour les petits mais aussi pour elles, tout cela avec la volonté de garder un lien dans cette période difficile” témoigne Nathalie Levacher, consciente de la difficulté du métier. Exposées au risque de transmission du Covid-19 avec la crainte de contaminer leur famille, ces femmes ont connu une période angoissante dans un cadre la barrière entre vie professionnelle et privée est quasiment inexistante.
La fin du confinement a également marqué le retour au travail pour une grande partie des parents et donc le besoin de faire garder les enfants. Pourtant, certains ont fait le choix de reprendre leurs emplois tout en refusant de remettre leur progéniture à l’école. Les assistantes maternelles doivent donc accueillir plus de public. Les “AssMat” reprennent petit à petit leurs habitudes, toujours avec cette passion de la petite enfance qui les anime.