Par Corentin Barsacq
Si le projet PRD est semble-t-il bien avancé, une coordination baptisée "Touche pas à ma zone humide" s’est créée lundi soir afin de lutter contre les 19 hectares de bâtiments prévus au sein de la zone Sylva 21.
« Cette illusion des 300 emplois entretient l’espoir mais c’est du foutage de gueule. » À la Ferme des Bleuets lundi soir, Annie Montrichard a réussi une première étape, celle de fédérer des forces vives pour exprimer l’opposition au projet de la plateforme logistique. Dans les grandes lignes d’un projet industriel aux contours encore floues aujourd’hui, 71 000 m² de locaux sortiront de terre sur une surface de 19 hectares. Mais pour les opposants, il y a un hic d’envergure : 13 hectares de zones humides qui disparaitraient sous le béton. C’est en partie pour cette raison que l’affluence est massive avec une soixantaine de personne présentes.
Dans l’assemblée installée en cercle, les prises de paroles se succèdent après qu’Annie Montrichard ait posée le décor : « PRD à Belin-Béliet, c’est des centaines et des centaines de camions tous les jours, des émissions de particules fines sans parler de la pollution sonore. » À l’instar de colistiers issus de listes électorales du Val de l’Eyre, le conseiller régional EELV Vital Baude a également fait le déplacement jusque sous les pinèdes pour apporter son soutien. On note également des associations locales et régionales où figurent notamment des membres d’Extinction Rébellion Bordeaux.
« On se réveille tard. Il va falloir être solide ! »
Pour ce premier rendez-vous suivi notamment par le média Rue89 Bordeaux, l’ordre du jour est à l’instauration des objectifs et la création d’une coordination fait l’unanimité : « On se réveille tard. Il va falloir être solide et trouver les bons arguments pour faire pression sur les instances » prévient un homme. « Les récentes actualités et les prochaines élections jouent en notre faveur » répond un autre. « On veut bétonner une zone humide alors même que le Val de l’Eyre était inondé il y a un mois » s’étonne une jeune femme désirant prêter main forte au collectif.
Le temps est leur principal ennemi. Le projet est connu depuis plus d’un an mais la lutte n’intervient qu’à l’aube de l’instruction du permis de construire. Un inconvénient mais à la fois un avantage puisque rien n’est entériné définitivement pour le moment. L’occasion de faire pression sur les instances qui doivent valider ou non le permis.
« 300 emplois créés mais combien seront détruits ? »
Comment ? Chacun y va de son idée. Manifestation pour les uns, constitution de groupes d’études pour les autres. Car dans cette ronde, les compétences ne manquent pas. Géologues, spécialiste de l’argumentation, volontaires ayant déjà travaillé sur PRD, le fruit des discussions laissent entrevoir une lutte crédible et plausible autour d’un contre-projet, celui de préserver cette zone humide. Surtout, il apparait primordial pour les anti-PRD d’étudier rapidement les impacts de cette destruction de la zone humide.
Jusqu’à la tombée de la nuit, la lutte s’est structurée. Habitants du Val de l’Eyre, associations environnementales et personnes engagées en politique se coordonneront donc pour faire front commun contre le projet d’implantation de la plateforme logistique, que ce soit Alibaba ou une autre entité.Une visite sur site aura lieu dans les jours à venir pour découvrir la faune et la flore sur l’espace naturel.
Sous le nom de " Touche pas à ma zone humide", la coordination dit non aux géants du e-commerce en Val de l'Eyre et entend bien prouver l'impact du projet PRD sur la pollution de la Leyre dès lors que l'on annihile une zone humide avec pour fonction la rétention d'eau. Une prochaine réunion de travail aura lieu samedi 20 juin à 18h à la Ferme des Bleuets afin d'organiser diverses actions.
Où en est le projet PRD ?
Qu’on se le dise. Que ce soit pour les journalistes comme pour la population, il est bien complexe d’obtenir des informations et à juste titre puisque le dossier est toujours en cours de validation. La Dépêche du Bassin avait bien tenté de joindre le groupe PRD mais aucune suite n’avait été donnée. Nous savons néanmoins que le SAGE local (Schéma d'Aménagement et de Gestion des Eaux) a émis un avis défavorable à cette implantation. Pour l’heure, le dossier est analysé par les différents services de l’État, en l’occurrence la DREAL (Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement) qui doit accorder ou non la faisabilité du projet.