Par Corentin Barsacq
C’était il y a quasiment dix ans. À Salles en août 2011, l’accès à la forêt était déconseillé car un prétendu puma rodait dans les parages. De nombreux témoignages ont entretenu le mystère pendant de longues semaines et la menace a été prise au sérieux par les autorités locales.
C’est un récit aussi fascinant qu’intriguant. Après la bête du Gévaudan ou encore le Dahu, le Val de l’Eyre a son puma. Le 17 août 2011, dans la forêt de Lavignolle, proche de la commune du Barp, un photographe animalier observait attentivement un chevreuil lorsque ce dernier prit la fuite à toute vitesse. En l’espace d’un instant, la silhouette de ce qui ressemble à un félin jaillit dans les hautes herbes. L’homme présent dans la forêt dans un cadre professionnel prend alors son appareil photo et capture deux clichés : « Quand j'ai zoomé mes photos, j'ai reconnu un puma. J'ai immédiatement fait demi-tour et je suis parti d'un pas rapide, en regardant derrière moi. » commentera-t-il dans les colonnes de Sud-Ouest.
La gendarmerie se saisit de l’affaire
Au lendemain de cette improbable rencontre, le photographe retourne à Lavignolle pour informer Bruno Le Calvé, Président de l'Association Communale de Chasse Agréée (ACCA) de Salles. Ce dernier contacte la gendarmerie de Belin-Béliet qui ouvre une enquête. Dans la forêt, les battues au sanglier sont immédiatement stoppées et des groupes de chasseurs inspectent les lieux dans l’espoir de retrouver la trace du puma. Du côté des autorités, on reconnait qu’il s’agit d’un « animal de type félin non domestique. » Le 18 août, la mairie de Salles prend un arrêté dans lequel est stipulé que « la promenade en forêt sur l’ensemble du territoire de la commune est fortement déconseillée jusqu’à de plus amples informations.
Si dans un premier temps l’histoire n’était pas forcément prise au sérieux par les habitants, les arrêtés successifs des communes de Salles et du Barp ont rapidement instauré une psychose dans le Val de l’Eyre. Une zizanie que voulait éviter à tout prix la brigade de Belin-Béliet: « Les deux clichés ont été pris à 200 mètres, nous ne pouvons donc pas identifier clairement l'animal. À l'heure actuelle, ces deux photos sont étudiées avec minutie par des spécialistes. La distance ne nous permet pas d'être catégoriques, mais la queue et la position de l'animal laisse penser qu'il s'agit d'un félin. Il ne faut pas s'affoler pour le moment, des mises en garde ont été communiquées par les mairies de Salles et du Barp. » Pendant que la gendarmerie de Belin entamait une enquête enrichie par des témoignages plus ou moins réalistes, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) mettait en place un dispositif conséquent pour mettre fin au feuilleton. À tous les points d’eau proche de la forêt de Lavignolle, des caméras thermiques seront installées pour traquer l’animal de nuit. Hélas, début septembre, aucune trace du puma ne sera relevée et aucune preuve matérielle ne pourra corroborer la thèse de la présence d'un félin dans la forêt des Landes de Gascogne.
Dans la psychose, le puma a aussi des ailes…
Si le puma demeure introuvable en forêt, il a le mérite d’être présent dans les nombreux témoignages recueillis par la gendarmerie de Belin-Béliet. Sous les pinèdes pourtant, rien à signaler, si ce n’est « des animaux stressés » d’après les observations de l’ACCA de Salles. L’affolement gagnant peu à peu le Val de l’Eyre, le félin est aperçu un dimanche matin en bordure d’une maison située en lisière de forêt : « Je prenais mon petit-déjeuner devant la télévision quand je vois à travers la fenêtre le haut d'un animal jaunâtre. Ce qui a attiré mon attention, c'est le mouvement de l'épaule, elle se déboîtait comme un félin » déclarait un trentenaire à Sud-Ouest.
Le 31 août 2011, la bête est une nouvelle fois observée par une trentenaire rentrant d’Arcachon et habitant à Salles : « Dans les phares de la voiture, j'ai aperçu le bas du dos d'un animal. J'ai cru à un gros chat. Disons, un chat plus gros que nature. Ce n'était ni un sanglier, ni un chevreuil. Cette nuit-là, mes deux chats et le chien n'ont pas eu un comportement habituel. J'ai senti qu'ils avaient peur de quelque chose. Le lendemain, j'ai vu l'empreinte d'une patte avec des griffes proéminentes. J'ai pensé à un très gros chien » poursuit la jeune femme qui assurait ne pas être au courant de la présence d’un félin dans la forêt de Salles et encore moins de l’arrêté municipal. Deux jours plus tard, son père affirmera avoir également relevé une grosse empreinte. C’est le lundi soir qu’elle fera le rapprochement avec le « puma de Salles » et qu’elle contactera la gendarmerie de Belin-Béliet.
D’autres témoins sont bien moins crédibles. « Sur le toit d’une maison » affirmera une femme qui l’aurait entendu deux nuits de suite. De Sanguinet jusqu’à Mios ou Belin-Béliet, les témoignages se multiplieront, faisant état d’un « gros chat » rodant la nuit sur les routes salloises. Mais la palme du plus grand observateur reviendra à un habitant qui, très sérieusement, accusera la bête de lui avoir volé son jambon…