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En 1968, une famille espagnole décimée dans un accident à Belin

Par Corentin Barsacq

Une du journal Sud-Ouest paru le 1er septembre 1968.
Une du journal Sud-Ouest paru le 1er septembre 1968.

Le 31 août 1968, cinq membres d’une famille espagnole trouvaient la mort dans la cité d’Aliénor. Ce drame routier avait suscité un vif émoi dans le Val de l’Eyre. 

 

Une voiture déchiquetée, deux bus amochés. Une partie de ce qu’il reste de l’automobile est sous l’autocar, l’autre est immobile sur la chaussée. Après cinq heures passées à extraire les corps sans vie de quatre membres d’une même famille, le cinquième ayant été projeté à plus de 45 mètres de la zone d’impact, les corps sont disposés sur une Nationale 10 « indigne, scandaleusement indigne du trafic qu’elle supporte. » Une formule qui émane de la plume du journaliste de Sud-Ouest et dont les mots sont à la hauteur du drame qui venait de se produire à Belin.

 

Car ce matin-là, le cinquième corps qui avait été projeté avait dû être mis en bière directement sur place. Et car tout le monde savait pour la Nationale 10. Les automobilistes avertis savaient pertinemment que la traversée de Belin et Béliet n’était pas simple tant les virages prononcés pouvaient rapidement être meurtriers en cas de vitesse excessive. Tout le monde la redoutait. Les différentes instances en avaient connaissance. Mais longtemps, la situation est restée figée. Trop longtemps au regard de ce dramatique accident du 31 août 1968. 


La voiture pulvérisée en deux 


Il était aux alentours de 6h30 ce matin-là lorsque l’automobile conduite par le père de famille originaire de Plascencia en Espagne arrivait à Belin, au lieu-dit « Caret ». Les pluies de la veille avaient stagné sur le revêtement. Malgré la ligne jaune indiquant un dépassement interdit, la voiture se risqua à doubler dans une côte n’offrant que très peu de visibilité.

 

En face, un autocar se dirige vers Bayonne et suivi d’un second derrière. Le conducteur de la voiture de tourisme ne les voit que trop tard. Le coup de frein fait pivoter la voiture qui arrive alors en travers du bus. Le choc est inévitable, effroyable, tragique. Le premier bus encastre la voiture tandis que le second vient taper l’arrière de l’autocar, propulsant encore plus fort une automobile coupée en deux. 

Crédit photo Journal Sud-Ouest.
Crédit photo Journal Sud-Ouest.

Dans son article publié au lendemain du drame, le journal Sud-Ouest raconte des scènes qui se passent de mots : « Les corps des quatre personnes qui se trouvaient coincées dans la carcasse de leur voiture sous l’avant du car, ont été dégagés à grand peine peu après 11h30. Le cinquième passager de la voiture qui avait été éjecté à plus de 45 mètres a été mis en bière sur place. » Plus tard, nous apprendrons que la victime la plus âgée avait 44 ans et que le plus jeune des trois enfants avait 13 ans.