Par Corentin Barsacq
L’ancien fondeur Jacques Labarbe est décédé mercredi 2 juin à l’âge de 92 ans. Aux côtés de son frère Pierre, il aura dirigé la fonderie Destang pendant des décennies.
Son caractère, son imposante carrure et sa passion pour la fonderie familiale laisseront une empreinte indélébile dans les grands noms liés au territoire. Né à Béliet en octobre 1929, Jacques Labarbe a passé toute sa vie dans la cité d’Aliénor, à portée de ses différentes passions. Le football, le rugby mais surtout la fonderie, un héritage familial qu’il aura à son tour transmis à sa descendance. C’est dans cet univers que le Belinétois a souhaité vivre.
En 1929, la famille Destang installe une fonderie à Béliet, en bordure de la Nationale 10. À l’époque, la production est destinée au port et aux abattoirs de Bordeaux, tout en travaillant également pour les industries du bois et de la viticulture. Mais à la mort de Julien Destang, son épouse Marguerite Labarbe avait souhaité transmettre le flambeau à Élie Labarbe, son neveu. À son tour, ce dernier laissera l’avenir de la fonderie à ses fils, Pierre et Jacques. Nous sommes alors en 1950 et la fonderie bat son plein, employant jusqu’à 45 ouvriers.
Toujours dans la fonderie à l’âge de 76 ans
Ne quittant jamais le bleu de travail et son béret, Jacques Labarbe n’est jamais très loin des coulées de fonte qui ont lieu chaque semaine, y compris lorsque son âge lui autorisait la retraite. Dans les années 2000, l’entreprise familiale est dirigée par Richard Labarbe, fils de Jacques et son autre fils Alain y travaillait également jusqu'à la fermeture du site en 2005. « Il ne laissait rien transparaitre, mais la fin de la fonderie l’avait vraiment affecté » témoigne sa fille Dominique, qui dresse là le portrait d’un homme obstiné: « Jusqu’à la fermeture, il aura travaillé à la fonderie alors qu’il avait déjà 76 ans. C’était toute sa vie. Il était le patriarche par excellence, le chef de famille. Sa fonderie, il pouvait en parler pendant des heures. »
Lorsque vint la retraite, Jacques se fit une raison. Disant adieu au cubilot, ce four où les métaux entraient en fusion, il partageait son temps entre l’écumage des ruisseaux de Bournet et de la Leyre en quête de champignons, mais aussi ses autres passions, à savoir le football et le rugby. D’ailleurs, il fut licencié au FC Belin-Béliet, avec d’autres grands noms comme José Valéro, René Mano, Grelon et tant d’autres.
Grand acteur d’une époque révolue, il laisse le souvenir d’une admirable force de caractère : « Je retiens de lui son côté dur au mal, à toujours tenir le coup, ne jamais rien lâcher. J’étais en admiration devant ses passions » raconte Clément, son petit-fils. Quelques mois après Pierre, son frère, Jacques s’en est allé lui aussi mais son abnégation et ses récits de la vie d’antan continueront d’exister à travers les paroles de ses proches.