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Pourquoi l’appellation du « Pontricot » de Béliet est finalement une erreur ?

Par Corentin Barsacq

Ne dîtes plus "Pontricot" mais pont d'Espagne. À Béliet, le Pontricot n'aurait jamais dû s'appeler ainsi. Et pour ne rien vous cacher, c'est la faute de la presse ! 

 

On l’emprunte sans forcément connaître son nom, ni son histoire. À l’entrée de Béliet, passé le rond-point du Moura, les automobilistes et piétons enjambent le ruisseau de la Gaure par le biais de cet ouvrage à l’origine incertaine. Chaque jour donc, des centaines de voitures passent sur le Pontricot, ou plutôt, le Pont d’Espagne. Car si dans nos colonnes, comme dans d’autres journaux, nous nommions ce pont de la sorte, il s’agirait finalement d’un nom inventé de toutes pièces, visiblement jugé plus clinquant que son appellation originale. C’est un lecteur de nos pages, Claude Bertruc, qui nous alertait récemment sur la véritable histoire de ce pont situé sur l’ancienne Nationale 10.

 

La faute à un illustre correspondant

 

Alors on pourrait certainement vilipender l’homme à l’origine de cette méprise, mais son service rendu à la localité l’honore bien plus que quiconque. Mimi Coudert, correspondant de presse pour le journal Sud-Ouest pendant plus de 40 ans, avait littéralement inventé ce terme : « Il avait entendu parler du Pontricaud, qui signifie Petit pont en occitan » explique Claude Bertruc. Mais c’est là que le bât blesse : « Le Pontricaud se situait 200 mètres plus haut, à l’embranchement de la route de Garot » précise Claude, octogénaire ayant toujours vécu à Béliet.

 

À l’époque, il n’avait pas hésité à faire la remarque au correspondant : « Suite à nos remontrances, le Mimi nous a dit que le « Pontricot », ça faisait mieux dans ses reportages. » Et depuis, son nom est resté ainsi. Mais les vieilles photos d’époques relatent pourtant bien l’appellation originale de Pont d’Espagne, ou bien route de Paris sur d’autres documents. Mais la pérennité du nom de Pontricot témoigne bien de l’influence qu’aura eu Mimi Coudert sur la vie locale et ses appellations. Un héritage finalement bien mérité. 

 

Un pont meurtrier

 

Avec un virage prononcé et son absence de barrière de sécurité à l’époque, le Pontricot fut pendant des décennies le théâtre d’accidents aussi impressionnant les uns que les autres. Dans le ruisseau en contrebas du pont, les pompiers venaient bien souvent récupérer des tôles broyées, des corps dans le pire des cas. Rien que sur l’année 1978, les autorités déploraient 75 accidents sur le territoire communal ayant provoqué la mort de 10 personnes et plus de 130 blessés.