Derrière l’église Saint-Maurice de Béliet, le cimetière du village abrite un étrange monument à la mémoire d’un colonel anglais.
Surmonté d’une croix, un monument à l’extrémité du cimetière de Béliet relate le vécu d’un homme de combat. Ce glorieux édifice a été érigé en mémoire du colonel et officier d’État-Major de l’armée anglaise Charles William St John. Sur le socle en marbre, on peut ainsi lire : « Feu capitaine du 94e régiment, né à Colombo (à l’époque colonie anglaise et aujourd’hui capitale du Sri Lanka) en 1829, mort sur la grand (sic) route qui conduit au sommet de cette colline le 23 janvier 1884 ». La « grand route » en question n’est autre que le Pontricot que l’on connait aujourd’hui. Mais de quoi est mort ce brave anglais ?
« Le monsieur s’affaissa tout à coup »
C’est dans les archives du journal « La Petite Gironde » que la lumière est faite sur cette tragique histoire. Datée du 24 janvier 1884, l’édition relatait « un triste évènement qui a mis en émoi les habitants du bourg de Béliet. » L’auteur inconnu de l’article poursuit : « Un monsieur et une dame, montés en tricycle, se dirigeaient vers Bayonne. Ils étaient descendus de leur monture pour gravir la côte de Béliet, lorsque, à l’entrée du bourg, le monsieur s’affaissa tout à coup. »
Malgré les soins prodigués par Mme Dumora, sage-femme de l’époque et le docteur Roumegoux, l’homme venait de succomber à une rupture d’anévrisme sur les terres d’Alienor. Si l’on se réfère au procès-verbal dressé par ordre de la municipalité de l’époque, on constate que les deux voyageurs étaient M. Charles-William Saint-John ainsi que sa fille, Mme Lilian Alina Saint-John « cette dernière se rendaient en vélocipède en Espagne » précise le journal.
Un monument préservé par les Anciens Combattants
Conformément au désir de sa fille, le colonel fut enterré à Béliet et un monument fut érigé avec l’inscription : « Ils verront sa face » en rapport à un passage de la Bible consacré à l’Apocalypse. En mai 2013 et à l’initiative des Anciens combattants de Belin-Béliet, la construction avait été décapée et fleurie. Depuis, la végétation semble prendre le pas sur une croix qui s’enfonce petit à petit dans la verdure.
Corentin Barsacq