Par Corentin Barsacq
Située sur le tracé de la piste cyclable reliant Mios à Bazas, la halte du Bournet est une escale entre Belin-Béliet et Salles. Et si rien ne laisse penser que ce lieu a connu moult péripéties, son histoire vaut le détour tant son importance fut capitale sous l'Occupation.
Entre Belin-Béliet et Salles, elle pourrait être considérée comme insipide pour tout un chacun. Quelques tables en grès disposées pour y faire une halte (comme son nom l’indique), une végétation omniprésente propre aux Landes de Gascogne, et une certaine fraîcheur qui s’en dégage font de ce lieu un arrêt idéal pour reprendre des forces.
Après avoir longé une charmante Leyre qui n’hésite pas à prendre ses aises sur l’asphalte lors des intempéries, puis avalé la dure côte successive au pont de l’autoroute A63, la piste cyclable emmène cyclistes et promeneurs à la halte du Bournet. Si le lieu est plébiscité pour manger sur le pouce, s’offrir un instant de répit – bien que le référencement d’Internet lui prête bien d’autres intentions que nous préférons vous laissez découvrir par vous même - cet endroit porte également un passé plus ou moins connu dans la localité.
Lieu stratégique de la résistance
Historiquement liée à la ligne ferroviaire Facture – Hostens, la halte du Bournet était un intermédiaire entre la gare de Béliet et celle de Salles. Ici, le transport de résine et de bois avait rapidement primé sur le transport de voyageurs. Mais les plus jeunes n’hésitaient pas à grimper sur les trains de marchandises pour rallier le viaduc de Graoux et s’offrir une escapade dans la galerie de verdure. Sous l’Occupation allemande, le Bournet était en revanche bien moins enclin à un amusement juvénile.
Car c’est bien pendant la nuit que de discrets mouvements étaient effectués autour des rails de la ligne. Fief de la résistance du territoire, qu’elle soit lugosienne avec le groupe Hostens-Lugos ou bien belinétoise avec le groupe Béliet, la halte du Bournet était un lieu primordial afin d’organiser la plupart des parachutages d’armes. Ces dernières étaient ensuite cachées aux alentours du Graoux avant d’être acheminées vers le bar André à Bordeaux afin de fournir les groupes d’actions bordelais.
C’est également au Bournet, dans le cadre de l’opération « Tortue » visant à ralentir les troupes allemandes que la cellule résistante locale continua ses actions clandestines. Un récit revient souvent dans les propos de celles et ceux ayant connu cette période, à savoir le déraillement d’un train entre Belin-Béliet et Salles, avec un sabotage au niveau de la halte. Une époque heureusement révolue, bien loin de la quiétude qui règne aujourd’hui entre les pins des Landes.