Par Corentin Barsacq
Dans un courrier adressé au président de la République, le maire de Salles, Bruno Bureau, alerte Emmanuel Macron sur la situation de la brigade de gendarmerie de Belin-Béliet et sa réorganisation. Une situation qui est loin d’emballer les élus du Val de l’Eyre.
« Il est temps désormais de passer des paroles aux actes. » Le ton sec de la formule utilisée par le maire de Salles, Bruno Bureau, est à l’image de l’ensemble de sa lettre. Sans détour, l’élu qui est également président de la communauté de communes du Val de l’Eyre s’est adressé directement au Palais de l’Elysée afin d’aborder la problématique de la brigade de gendarmerie du Val de l’Eyre. Depuis plusieurs mois maintenant, les 16 gendarmes de Belin-Béliet sont en effet amenés à intervenir sur le secteur du bassin d’Arcachon en fonction de l’urgence.
En contrepartie, d’autres gendarmes issus des brigades du territoire du Barval (Bassin d’Arcachon – Val de l’Eyre) peuvent également effectuer des interventions sur les cinq villes de la communauté de communes. Une mutualisation qui ne passe pas du côté des élus du secteur puisque Cyrille Declercq, maire de Belin-Béliet avait lui aussi émis des réserves à ce sujet lors du dernier conseil municipal. Qu’à cela ne tienne, le président de l’intercommunalité a pris son crayon – il est vrai bien aiguisé – afin d’aborder la problématique au plus haut sommet de l’État.
« Une brigade en sous-effectif et sans major »
Dès les premières lignes, l’élu sallois expose la situation du Val de l’Eyre et de sa brigade « qui fonctionne en sous-effectif et sans major », rappelant également les conditions de vie des gendarmes, révélées dans Le Belinétois et La Dépêche du Bassin il y a quelques mois.
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« La communauté de communes du Val de l’Eyre que je préside s’est engagée dans un projet de reconstruction d’une caserne portée par un bailleur social, Gironde Habitat, et en apportant la caution financière de notre collectivité pour que ce projet puisse enfin voir le jour. Une fois encore c’est à une collectivité locale de faire en sorte que les forces de sécurité de l’État sur les territoires puissent avoir des moyens décents de résider et de fonctionner » poursuit Bruno Bureau, quelque peu révolté.
Le maire de la commune la plus peuplée du Val de l’Eyre rappelle ensuite les différentes actions menées au sein de sa localité afin d’apporter une complémentarité à l’action de la gendarmerie. Doublement des effectifs de la police municipale, installation prochaine d’un système de vidéoprotection à disposition des enquêteurs de la gendarmerie, les initiatives en matière de sécurité ont été nombreuses, à Salles et comme ailleurs sur le territoire.
Mais la nouvelle organisation des brigades de gendarmerie du secteur entraine l’inquiétude des élus sur le maintien de la sécurité sur le territoire, et ce dans de bonnes conditions aussi bien pour les gendarmes que pour les administrés. « Il est inadmissible pour nous d’accepter le fonctionnement depuis de nombreux mois de notre gendarmerie en sous-effectif et sans réel commandant de brigade. Il est simplement scandaleux que pour masquer le manque criant d’effectif sur un territoire aussi étendu que celui de pays Bassin d’Arcachon – Val de l’Eyre (1494 km²), l’État en soit rendu à mutualiser les brigades pour assurer les patrouilles » proteste l’édile, qui ne souhaite pas avaler de couleuvres.
« Des résultats catastrophiques » lors d’une première expérimentation
Notons que cette réorganisation avait déjà été expérimentée durant l’année 2018. Force est de constater qu’elle n’a pas laissé de merveilleux souvenirs dans l’esprit du maire de Salles qui décrit « des résultats catastrophiques » et estime que cette mutualisation contribue « à faire baisser la qualité de service et rend la présence effective des gendarmes quasi inexistante sur notre territoire. » Bruno Bureau interroge donc Emmanuel Macron sur l’action concrète de l’État dans les communes : « Plus de sécurité dans le discours et moins de présence sur le terrain, voilà la situation que nous connaissons encore aujourd’hui. »
L’élu réclame une meilleure considération de la brigade territoriale de Belin-Béliet afin qu’elle puisse retrouver un effectif à la hauteur des besoins du territoire et encadré par un major. Le courrier, également adressé à la Préfète de Gironde, au Sous-préfet d’Arcachon et au Ministère de l’Interieur se conclut par une demande catégorique : « Nous réclamons l’arrêt de la mutualisation des patrouilles au niveau du pays Barval pour que la brigade se consacre exclusivement à son territoire d’intervention du Val de l’Eyre qui est déjà suffisamment vaste et ainsi limiter les temps d’intervention. »