Par Corentin Barsacq
Le 26 juillet 1976, le bourg de Belin était le théâtre d'un spectaculaire accident. Un camion chargé de gaz, et dépourvu de son conducteur, dévalait les trottoirs.
L’expression d’un « drame évité de justesse » n’a jamais aussi bien porté son nom. Le lundi 26 juillet 1976, sous un soleil radieux, Belin-Béliet se réveille pour une journée estivale dont les habitants ont l’habitude. En cette période, les automobiles sont nombreuses à traverser les deux bourgs de la commune, souvent à des vitesses bien trop excessives pour les virages mortels situés dans le village. Les accidents n’étonnent même plus la population, qui a appris à vivre avec.
Mais ce lundi-là, l’accident qui va se produire dépasse le rationnel, tant les conséquences auraient pu faire date. Aux alentours de 11h15, un camion transportant 34 tonnes de bouteilles de gaz butane s’apprête à entrer dans le bourg de Belin lorsqu’une cycliste répondant au nom de Barsacq chute sur la chaussée. En grand seigneur, le chauffeur, un homme originaire de Prignac-et-Marcamps, en Haute-Gironde, lui porte assistance, en pensant alors que le frein à main tiré à la va vite permettrait d’immobiliser son imposant camion. Mais les freins lâchent.
Un accident aux allures de miracle
Le camion prend alors de la vitesse, et le chauffeur secouriste d’un jour tente tant bien que mal de rattraper le chargement, en vain. Le poids lourd dévale le trottoir du bourg, manque de percuter trois vitrines sous les yeux des passants médusés.
Roger Coudert, correspondant de Belin-Béliet pour le journal Sud Ouest, a juste le temps de s’engouffrer dans sa maison aux côtés d’un ouvrier avant que le camion ne s’encastre violemment dans sa demeure. Au passage, deux façades de magasin seront défoncées dans la course folle de l’engin. Si l’accident est spectaculaire, le fait de ne pas dénombrer de victime l’est tout autant.
Le correspondant, qui relate la mésaventure dans les colonnes du journal dès le lendemain, ne peut s’empêcher d’imaginer les conséquences si le camion avait été plus amoché. « L’ensemble routier pouvait tout aussi bien aller percuter une file de véhicules venant en sens inverse, ou un autre poids lourd et alors, si les bouteilles de gaz avaient explosé, que serait-il arrivé ? » se questionne-t-il. Une interrogation légitime, d’autant que des enfants sont nombreux à arpenter ces trottoirs.