Par Corentin Barsacq
Alors que les Girondins de Bordeaux sont dans les méandres du classement de la Ligue 1 et pourraient connaître une terrible relégation en Ligue 2, le passé du club est aujourd’hui un bon remède pour se souvenir des glorieuses années. Le grand Bordeaux des années 80, ses titres et ses grands joueurs, s’est aussi forgé à Belin-Béliet, terre sainte d’un certain Aimé Jacquet.
Ils sont entrés dans le village sans faire de bruit, au début des années 80 pour finalement le quitter dix ans plus tard, après avoir profité de la pelouse du stade Pierre Mano pour des mises au vert avant les rencontres importantes. Pendant une décennie, les stars girondines, en l’occurrence Alain Giresse, Battiston, Chalana, Girard, Lacombe et bien d’autres avaient investi Belin-Béliet sous l’impulsion d’Aimé Jacquet, à l'époque entraîneur des Girondins de Bordeaux.
« C’était Mémé qui avait trouvé l’hôtel » racontera Marius Trésor dans un ouvrage. Bien avant que ce dernier ne soit sacré champion du monde en 1998, Aimé Jacquet avait en effet sonné à la porte de l’hôtel Aliénor implanté rue Sainte-Quitterie. Gisèle Joachim, 89 ans et propriétaire des lieux aux côtés de son mari Yves Joachim se souvient : « On est venu frapper à ma porte. Trois hommes étaient en face de moi et m’ont demandé s’ils pouvaient visiter mon hôtel. »
« Qui êtes-vous ? »
Ce à quoi l’octogénaire demandera sans aucun filtre : « Qui êtes-vous ? » La jeune femme de l’époque n’est pas branchée foot. L’accueil manque de chaleur. En face d’elle, l’entraineur bordelais Aimé Jacquet et l’illustre président du club Claude Bez qui cherchaient à l’époque une solution de repli pour combler l’indisponibilité du centre d’entraînement du Haillan pour y mener des travaux.
Pas franchement emballé par l’accueil réservé par l’hôtel, le duo se rendra à la mairie de Belin-Béliet pour obtenir des explications. Le maire de l’époque, Alain Peronneau sauvera les meubles en conduisant la délégation girondine une nouvelle fois vers l’hôtel : « Cette fois-ci, mon mari Yves est arrivé en tracteur. Il était en train de faner le foin. Il est venu parler à Bez et il lui a dit : « Ma femme n’y connait rien, venez avec moi ». Et c’est comme ça que les Girondins se sont installés ici » en rigole encore Gisèle, toujours aussi directe.
Ainsi, avant chaque rencontre européenne, l’effectif se partageait les douze chambres de l’hôtel : « Lorsqu’il y avait les Girondins, l’hôtel était réservé uniquement pour eux. Le voisin avait posé une télévision au rez-de-chaussée pour qu’ils puissent la regarder. »
« Dieter Müller faisait semblant d’aller à la messe »
Des moments simples, où le club se contentait du strict minimum pour préparer au mieux les matchs. Gisèle Joachim se souvient également des habitudes des joueurs, certains agissant dans l’ombre pour ne pas se faire griller par l’entraîneur : « Dieter Müller faisait semblant d’aller à la messe pour aller chercher des chocolatines à la boulangerie Jeantieu. Léonard Specht demandait à dormir avec une planche entre le matelas et le sommier. Ici, nous avions célébré la communion des enfants de Bernard Lacombe et d’Aimé Jacquet. C’était une autre époque. Mais tous les ans, Monsieur Jacquet m’appelle pour me souhaiter la bonne année. Nous avons gardé contact. »
Le bon vieux temps, immortalisé pas des photographies, et des titres de champion de France obtenus à cette époque qui orneront à jamais l’armoire des trophées du club.