Par Corentin Barsacq
Ce dimanche 15 mai, dès lors que le match opposant les Belinétois à Violette Aturine prendra fin, Kevin Coutelier quittera définitivement le carré vert de Pierre Mano. Le capitaine belinétois prendra sa retraite à la fin de la saison. Les dirigeants dressent le portrait d’un homme de club.
Il est arrivé sans faire trop de bruit, à une époque où le FC Belin-Béliet végétait dans les méandres du district de Gironde. Dix ans plus tard, sa retraite annoncée est quant à elle retentissante. Le milieu de terrain Kevin Coutelier quittera en effet le club au sommet de son art, en ayant grandement contribué à la croissance de l’équipe fanion. Dimanche après-midi, il foulera une dernière fois le stade Pierre Mano avant de tirer sa révérence à l’issue d’une saison unique.
Kevin Coutelier a rejoint l’effectif belinétois à l’été 2012. Tout juste âgé de 22 ans, le jeune joueur en provenance de Coutras n’a pas tardé à démontrer l’étendue de son talent. Si bien qu’il s’est rapidement imposé comme un indéboulonnable milieu de terrain de l’équipe A. Malgré son jeune âge, les pelouses du Médoc ne l’effraient pas. Le jeune fougueux de l’époque essuie les plâtres, prend des brins, connaît les années sans succès du FC Belin-Béliet, mais éclaire le jeu par sa vision et ses exploits personnels. Les plus anciens se souviennent notamment d’un slalom déconcertant contre Yvrac avant de tromper le portier adverse. Mais le portrait ne peut pas être uniquement lisse. Kevin Coutelier se résume aussi à un gros caractère, trop sans doute, lorsqu’il écope d’une longue suspension qui le tiendra écarté des terrains durant sa première saison avec le maillot vert.
Le cadre est alors posé. L’effectif devra composer avec ses humeurs, une certaine arrogance dès qu’il entre sur le terrain, un chauvinisme décomplexé mais aussi un tempérament de leader, qui avive tout un effectif bien heureux de jouer avec lui, plutôt que contre lui. Car sur la pelouse, ce grand supporter du Paris-Saint-Germain est un précieux atout. Sa technique permettait bien souvent de trouver le buteur Alexandre Dupouy avec facilité, sa malice fut quant à elle bénéfique dès lors qu’il pénétrait dans la surface de réparation.
« Il aime aussi chambrer »
Toujours au rendez-vous dès lors qu’un match s’avère particulièrement tendu, Kévin Coutelier sait comment « faire débrancher » l’adversaire. Mais aussi ses coachs à l’image de Jérôme Dupy, son entraîneur pendant cinq saisons : « C’est un garçon intelligent, qui a du cœur. C’était mon deuxième capitaine, agile avec ses pieds et qui sait motiver ses troupes. Il aime aussi chambrer. Mais c’est aussi un caractère bien trempé, ce qui nous a valu quelques coups de gueule »
Les habitués de Pierre Mano gardent notamment en mémoire un but stratosphérique du capitaine Belinétois contre Cazaux, lorsqu’il portait le maillot de l’équipe réserve, accompagnée d’une célébration sans équivoque devant Jérôme Dupy. Ce dernier avait su lui dire le reste lors de la séance d’entrainement suivant le match.
Mais on lui pardonne facilement ses excès, tant son investissement pour le maillot vert rassemble. Pour les sorties de fin d’année, pour les apéritifs d’après-match, pour encadrer les jeunes ou encore pour encourager ses coéquipiers dès lors qu’un trop grand nombre de cartons jaunes le prive de match, Kevin est présent. Il sera notamment de ceux qui ont connu l’accession en Promotion de Ligue en 2016, puis une deuxième montée en Régional 3 l’année suivante.
Le but du maintien à Bourbaki
C’est aussi lui qui assurera le maintien de l’effectif en R4 à Bourbaki, par un but victorieux, ou qui connaitra la folle remontée au score contre Dax B à domicile, pour finalement s’imposer 3-2 dans l’étuve de Mano.
Mais les années passent. Si le football pratiqué par le joueur est impérissable, sa folle saison en témoigne (lire encadré), la barbe a poussé, la fougue juvénile a laissé place à l’expérience, le corps supporte de moins en moins le rythme. La hargne est pourtant toujours là, les tacles sont aussi appuyés qu’auparavant, et sa place de titulaire lui tend les bras. A tel point que le président du club a bien essayé de l’en dissuader : « Je suis triste je n’aime pas perdre mes soldats, surtout quand je suis persuadé que l’histoire aurait pu continuer. Mais je dois reconnaitre qu’encore une fois, il a su analyser les priorités » explique Christophe Barsacq.
A 32 ans, Kevin quitte en effet son milieu de terrain pour le poste de père de famille auprès de sa propre équipe. Qu’à cela ne tienne, sa présence aux abords du stade relève de la certitude, la tribune du stade est d’ores et déjà prête à l’accueillir. « Cette famille mérite de vivre encore des moments extraordinaires » résume le joueur retraité dans quelques jours. Peut-être tiendra-t-il un autre rôle à l’avenir ? Jérôme Dupy l’espère : « Il est toujours curieux du jeu et des hommes. Il finira coach, j’en suis persuadé.»
Fort de son expérience et de sa prestance, Kevin Coutelier s’est imposé comme le milieu de terrain indiscutable de l’équipe fanion. Récupérant le brassard au début de la saison suite à l’absence de Quentin Ballet, le capitaine prend son rôle à cœur mais aussi ses responsabilités au moment de tirer les pénalties. L’indispensable numéro 8 a excellé dans cet exercice en championnat avec pas moins de 4 réalisations. Lui-même étant de ceux qui allaient les obtenir après des raids solitaires en partant de la ligne médiane.
Sa hargne mais aussi ses courses, associées à celles de Thomas Pradines, ont créé une charnière indéboulonnable au milieu du terrain. Sans jamais rechigner à la tâche, Kevin Coutelier a avalé les kilomètres offensivement et défensivement, proposant toujours une bataille physique à ses adversaires. Son intelligence dans les duels et son application dans les remontées de balle lors des contre-attaques, lui ont permis de monter son compteur de passes décisives à 4 cette saison.
Souvent décisif et véritable patron de la pelouse de Mano, Kevin Coutelier tire sa révérence après une saison exceptionnelle. Une retraite bien méritée après tant d’efforts donnés et tant d’yeux qui ont brillé. Grace Bahoua, son entraîneur, n'est pas avare de compliments à son égard: "C'est un formidable capitaine, un vrai meneur d'homme. Courage, charisme et abnégation pour vaincre sont les maîtres mots qui caractérisent cet emblématique joueur que j'ai eu la chance de coacher." L'entraîneur belinétois souligne notamment sa hargne, sa combativité et ses précieux penaltys mais tempère tout de même: "Je suis certain que les 15/15 et 10/10 ne lui manqueront pas".
Louna Lavergne