Par Louna Lavergne
Suite aux incendies de Landiras et La Teste, des nuages de fumée viennent envahir le Val de l’Eyre. Dense au quartier de Joué mais plus fine au bourg de Béliet, quel est l’impact de cette fumée sur notre santé ?
Les feux de forêt girondins durent depuis maintenant six jours. Une durée qui commence à inquiéter sérieusement les populations proches de ces brasiers. Depuis le début des incendies, plus de 16 000 personnes ont été évacuées, comme à Hostens où 1 500 habitants ont dû partir pour s’éloigner des irrespirables émanations dues au feu. Ces fumées se rapprochent du Val de l’Eyre, comme à Joué où un voile bien visible s’est d’ores et déjà installé, faisant grandir l’inquiétude chez les résidents du quartier. Que contiennent ces fumées et quel est leur taux de dangerosité ?
Une composition néfaste
Pour connaître les risques de ces émanations, il faut d’abord se renseigner sur leur composition. Les fumées contiennent du monoxyde de carbone, du cyanure d’hydrogène mais également des particules fines. Ce sont ces dernières qui viennent titiller la gorge, provoquer d’éventuelles toux ou encore gêner la respiration en plein air. Ces particules nocives sont des PM2.5, particules fines dont le diamètre est inférieur à 2.5 micromètres.
Le danger de ces micro-composants provient de leur stagnation dans l’atmosphère, qui peut aller jusqu’à plusieurs semaines. Autres caractéristiques, ces particules fines peuvent subir des transformations mais ont également la capacité de s’introduire profondément dans l’arbre respiratoire. Une forte exposition à ces particules, comme celle des pompiers à l’heure actuelle, pourrait entraîner des maladies respiratoires voire aggraver des maladies préexistantes. En effet, la durée de l’exposition et la densité de la fumée peuvent augmenter les risques.
La nocivité de ces fumées peut plus facilement toucher les personnes à risque. Parmi elles, les enfants et les personnes âgées mais également celles atteintes d’affections respiratoires comme l’asthme, ou sujettes à des soucis cardiaques. Le temps d’exposition aux émanations jouant sur la santé, les personnes effectuant un travail physique en extérieur peuvent être plus sensibles aux particules fines, notamment par leur respiration constante et rapide lors d’efforts.
Une toxicité difficile à prouver
Malgré les progrès de la science, il est encore difficile de prouver les conséquences des fumées sur la santé humaine. Difficile de récolter de la fumée pour l’analyser, puisque les conditions de l’air naturel, le vent et la densité jouent sur sa composition. Si certains scientifiques se sont essayés à chercher les conséquences de ces émanations de feux de forêt, les résultats ne sont pas assez convaincants pour être considérés comme preuves. Selon les expériences réalisées, les fumées de feu de forêt peuvent être à l’origine d’AVC, d’insuffisance cardiaque ou d’affection pulmonaire.
Mais ces résultats restent incomplets tant la complexité d’une expérience parfaite ne permet pas d’affirmer en tout point ces hypothèses. La difficulté réside dans la transformation de la fumée, ses composants interagissant les uns avec les autres et évoluant avec l’air ambiant, mais aussi dans la différence entre chaque feu. “La composition chimique de chaque feu peut avoir des conséquences différentes sur la santé'' confiait Lisa Miller, immunologiste, à National Geographic. De plus, dans une potentielle expérience parfaite, il faudrait que le sujet ne soit soumis à aucun stress dû au feu en cours. Or, ceci est un facteur compliqué à maîtriser. Enfin, cette recherche de preuves devant se faire par l’expérience, les chercheurs devraient intentionnellement allumer un feu pour analyser les sujets, ce qui est bien évidemment interdit.
L’expérience menée à bien avec les résultats les plus probants est celle de l’’immunologiste, Lisa Miller, citée précédemment. Des nourrissons macaques ont été exposés aux fumées des incendies de 2008 en Amérique du Nord et leur comportement fut suivi durant plusieurs années. Arrivés à l’âge de 12 ans, et malgré aucun grave problème de santé, les singes présentaient tout de même quelques inquiétudes. Leurs poumons étaient moins développés que ceux des autres macaques et leurs voies respiratoires endommagées, tout en présentant des réponses immunitaires plus lentes que la moyenne. Ces résultats peuvent notamment faire penser aux prémices de maladies pulmonaires.
Comment réduire l’inhalation de ces fumées ?
Pour éviter l’inconfort de ces fumées, le bon sens est de mise. De toute évidence, les activités en extérieur sont à bannir et les intérieurs clos avec une possibilité de recyclage de l’air sont à privilégier. Les portes et fenêtres doivent rester fermées aussi bien à la maison qu’en voiture pour limiter l’exposition. Il n’est également pas recommandé de faire une activité physique en intérieur après une exposition aux émanations des feux de forêt. Pour éviter un surplus de fumée, aucune autre source ne doit être allumée, pas même une bougie. Les personnes considérées comme à risque sont à surveiller : il n’est pas impossible qu’elle requiert un soin particulier dû aux potentielles difficultés à respirer.
C’est notamment pour éviter une trop importante inhalation de ces fumées que plus de 14 000 habitants et vacanciers ont été contraints de quitter leur commune de résidence ces derniers jours, comme à Hostens où environ 1 500 personnes ont fait leur valise samedi 16 juillet pour rejoindre des zones à l’air moins pollué. Ce lundi 18 juillet, c’est 3 500 nouvelles personnes qui quittent les villes de Balizac, Budos et Landiras sous les ordres du sous-préfet.