Par Louna Lavergne
Avec 20 800 hectares de forêt brûlés et plus de 36 000 personnes évacuées, les feux de Landiras et La Teste font aussi d’autres victimes : les animaux. La faune ainsi que la flore, habituées à l’environnement oxygéné et boisé, se retrouvent dans une situation de crise à subir des conséquences dramatiques pour certaines espèces.
Depuis le mardi 12 juillet, plus de 20 000 hectares de forêt ont été réduits en cendres par les feux incontrôlables de La Teste et Landiras. Plus que le poumon du Sud-Ouest, ces forêts sont également de véritables habitats naturels et lieux de vie pour la faune et la flore qui l’occupent. Quelles conséquences ces feux ont-ils sur les animaux et la végétation du territoire ?
Face au danger, les animaux menacés
Face à l’arrivée de fumée ou de flammes dans leur environnement naturel, la plupart de la faune adopte le même comportement que les êtres humains : fuir le danger. Mais ce comportement d’émigration est bien souvent lui-même compliqué par les conditions physiques de l’animal, perturbées par l’atmosphère polluée et dangereuse qui règne. Déshydratation, manque de nourriture, manque d’abris mais aussi la menace constante des prédateurs qui cherchent eux-mêmes à assouvir leurs besoins vitaux, sont autant de facteurs qui rendent les perspectives de survie faibles. D’autres espèces encore réagissent en économisant leur énergie à l’annonce du danger. Les espèces fouisseuses, quant à elles, jugent la présence du feux par la fumée et creusent dans le sol pour s’en abriter, à l’image du ver de terre et son terrier.
La fumée représente elle aussi un danger, danger qui ne touche pas uniquement les animaux au cœur du brasier. Tous ceux touchés par les fumées risquent, eux aussi, de voir leur santé affectée bien qu’éloignés des flammes. En effet, les bêtes optant pour la fuite garderont leurs forces pour se mettre à l’abri plutôt que pour se reproduire ou chercher de la nourriture. Ainsi, leurs besoins vitaux seront délaissés au profit de leur énergie pour s’échapper. L’état de stress accompagnant les émanations peut également diminuer le système immunitaire de ces êtres avec leur métabolisme ralenti. Leurs blessures habituelles ou autres infections se résorberont bien plus lentement qu’en tant normal.
Une santé affectée
Si les habitants sont eux-mêmes exposés à la fumée, les mêmes symptômes de ces émanations peuvent toucher les autres êtres vivants. Respiration difficile ou haletante ou encore toux, les particules fines s’immiscent aussi dans l’oxygène inspiré par les bêtes. Des chercheurs russes ont par ailleurs analysé la santé de progénitures de rats exposés à de la fumée. Leurs conclusions ont révélé que les fonctions cognitives des petits étaient affectées.
C’est pourquoi, depuis le début des incendies, des soigneurs veillent au grain. Ce mardi 19 juillet, le centre de soins de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) Aquitaine s’est occupé d’animaux fuyant les flammes. Trois écureuils roux et un faon, faibles et déshydratés, ont été accueillis par les soigneurs. Ces derniers ont révélé des dégâts dans les voies respiratoires de ces bêtes. Le centre de soins LPO Aquitaine se tient prêt à accueillir d’autres réfugiés et s’engage à venir en aide aux animaux sauvages trouvés par la population en les joignant au 06 28 01 39 48 pour le secteur girondin.
Un écosystème perturbé
Outre l’altération esthétique des paysages, les brasiers bouleversent également la faune et la flore présentes. Les feux ravageurs de forêt constituent une véritable atteinte à la biodiversité pouvant aller jusqu’à provoquer la disparition de certaines espèces sur un territoire donné. Les éléments nutritifs se retrouvent également détruits par les pluies de cendres.
Pour venir à bout des flammes, les avions Dash larguent un produit retardant. Ce dit-produit contient notamment du polyphosphate d'ammonium, substance chimique modifiant notamment la fertilité des sols et altérant la biodiversité selon le Conseil Supérieur de la Recherche Scientifique (CSIC). Affectant les terres, cette substance peut rester dans les sols durant plusieurs années après leur largage.
Un repeuplement d’ici quelques années
Durant un feu de forêt, seule la flore pyrophyte, autrement dit celle adaptée aux flammes, tient bon. Cependant, certains scientifiques optent pour l’optimisme lors de catastrophes pareilles. Avec la disparition des parasites et des plantes malades, un incendie permet également l’augmentation de la diversité des plantes et des animaux quelques années après les faits. En effet, la faible densité forestière post-feu est favorable à de nombreuses espèces aussi bien végétales qu’animales.
L’heure n’est pas encore à la reconstruction avec la vivacité des feux actuels toujours bien présent en Gironde. La richesse de la faune et la flore a été complètement bouleversée, offrant des paysages méconnaissables pour les habitants du territoire.