Par Corentin Barsacq
Parmi les 9 maisons ravagées par l’incendie de Saint-Magne, celle de Céline Cougouilhe et Alexandre Dupouy, bâtie dans le quartier de Joué, à Belin-Béliet. Le couple, aujourd’hui hébergé à Marcheprime, ne masque pas sa tristesse. Les deux Belinétois reviennent sur cette nuit épouvantable où 8 dépendances ont également été brûlées.
« Moi, j’ai perdu 5 ans de ma vie, mais lui en a perdu 30 ». Au bout du téléphone, Céline Cougouilhe semble traduire les sentiments d’Alexandre, son compagnon depuis de nombreuses années. Enfant de Joué, petits-fils de la conteuse Eliette Dupouy, ce dernier avait initié la construction de sa maison, à partir d’une grange familiale vieille de 100 ans : « À l’époque, tout était en bois. C’était un abri pour les vaches. En 2018, j’ai commencé le chantier. » Artisan de métier et débrouillard, Alexandre a pris en main la construction de sa demeure, épaulé dans les tâches liées à la maçonnerie, l’électricité et la plomberie.
Mais dans son entourage, tout le monde sait que sa maison n’est autre que son œuvre. « Nous avons emménagé dedans au Noël 2020 » explique-t-il. Le dimanche 7 août, le couple avait convié des amis pour une belle crémaillère, quelques jours seulement après avoir vécu dans les fumées du premier feu de Landiras.
Deux jours plus tard, le mardi 9 août, l’évacuation de Joué est lancée dans la soirée : « Je suis resté pour arroser le jardin au maximum » relate Alexandre, qui ne s’est pas inquiété plus que ça : « Quand j’ai vu que les pompiers avaient réussi à sauver le village de Guillos, je me suis dit que ça ne risquait rien. Quand on a évacué, les flammes étaient à 5 kilomètres de chez nous ». Céline partageait également le même sentiment au moment d’évacuer : « On nous a dit que le feu n’allait pas vers Joué. »
« On pensait revenir… Et ça a brûlé »
Finalement, le foyer est évacué à minuit. Le couple met quelques affaires dans un sac, s’équipant du strict minimum : « On a pris nos papiers, et j’ai pris la médaille de champion de France de handball d’Alexandre » poursuit Céline. Quelques heures plus tard, les flammes entraient à Belin-Béliet par le quartier de Joué.
Le lendemain matin, sur les réseaux sociaux, la nouvelle autour des maisons brulées se propage comme une traînée de poudre. Dès son réveil, Alexandre est informé des dégâts : « Je l’ai su dès que j’ai ouvert l’œil. » En pleurs, un ami pompier lui avait annoncé la triste réalité par téléphone : « Sur le moment, je ne réalise pas, je me dis que j’ai tout perdu. » Céline, elle, s’effondre : « On pensait revenir… et ça a brûlé ».
Les images du sinistre ne tarderont pas à arriver à leurs yeux. Le 13h de TF1 ouvre son journal avec les images de leur maison en flamme, les autres chaînes suivront. Depuis Marcheprime, le couple réalise tant bien que mal : « J’ai perdu toutes mes affaires, les livres de ma grand-mère, mes vêtements. Tout ce que j’avais depuis que je suis drôle est parti en fumée… » regrette Alexandre. Quelques jours après le sinistre, leur assurance s’est mobilisée pour qu’ils puissent s’acheter des vêtements. Le reste dépend maintenant de la venue d’un expert, qui estimera la valeur de la maison.
« On reconstruira ici »
À 30 et 26 ans, Alexandre et Céline ne souhaitent qu’une seule chose, reconstruire ici. « La question ne s’est même pas posée ». Respectivement menuisier à son compte et assistante de vie, les deux habitants de Joué n’ont pour le moment pas repris leur travail mais veulent désormais « aller de l’avant ». Samedi, ils ont pu se rendre sur les lieux du sinistre. Seul leur voiture a été épargnée par l'incendie. Le reste a disparu. En face de chez eux, une autre habitation a été dévastée dans l'incendie.
Pour aider le couple, une cagnotte en ligne a été créée par un proche : Maison d'Alexandre et Céline