Par Corentin Barsacq
Au lendemain de l’incendie désormais fixé de Saint-Magne, plusieurs familles ont tout perdu dans les flammes. C’est le cas de la famille Duprat – Pin, installée depuis 8 ans en bordure de la route de l’Ameliet.
« Il va y en avoir pour des années à tout reconstruire. » Quelques jours après avoir perdu sa maison de famille, Fanny Duprat semble faire face, et ce malgré l’importante épreuve traversée par ses proches. Il y a 6 ans, ses parents avaient acheté une grange sur la route de l’Ameliet, dans le quartier de Joué. Un défi pour Alain Duprat et Thérèse Pin, qui souhaitaient y créer un havre de paix. Leur fille, Fanny, s’y est installée à leurs côtés, en compagnie de son mari Olivier Dubaquier, et de leur fillette, en attendant de pouvoir définitivement déménager dans la commune de Salles. Dans la ville voisine, le jeune couple mène depuis de longs mois le projet de création de chambres d’hôtes.
Dans la famille, l’habileté et l’ingéniosité sont héréditaires. C’est Alain Duprat qui a retapé la grange en entier : « Jusqu’au soir de l’évacuation, il bossait encore dessus » témoigne, émue, sa fille. Son mari et elle étaient en vacances au moment où l’incendie s’est déclenché. Loin, très loin d’un enfer sans nom, qui conduirait à l’évacuation du quartier de Joué, dans la soirée du mardi 9 août : « Dès que les gendarmes sont venus toquer à la porte, ma mère a évacué. Mon père, lui, est resté » raconte Fanny.
Un départ en catastrophe dans la nuit
Face à l’avancée des flammes, la sœur de Fanny est venue dormir aux côtés de son père. « À 1h30, ma sœur a entendu les sirènes des pompiers dehors. Elle est allée réveiller mon père pour lui dire de partir. »
Un choc pour une famille qui cultive un optimisme quotidien, et qui n’était pourtant pas la plus exposée au risque du feu : « Mon mari et ma sœur sont pompiers. On m’a toujours dit que la maison ne brûlerait jamais. Nous avions une prairie tout autour de la maison, et puis quasiment aucune maison n’avait été brûlée jusqu’à présent. Donc on était assez serein ».
Mais au petit matin, après un départ en catastrophe durant la nuit, les flammes ne laissent guère d’espoir : « On a fait des pieds et des mains pour que des amis pompiers puissent se rendre sur place pour mesurer l’ampleur des dégâts. Et puis nous avons eu confirmation, en photo, que la maison avait été détruite. »
C’est Fanny et Olivier qui ont averti les parents de la triste nouvelle. « Nous n’avons pas voulu leur montrer les photos. Mais quelques minutes plus tard, la maison passait en boucle à la télévision. Ça a été un choc. » Pour Olivier, le paysage détruit laisse place à l’amertume : « C’est compliqué d’accepter la situation. Il est pompier, donc forcément, il refait le film. Il se dit que s’il avait pu être là, peut-être qu’il aurait pu défendre la maison » explique Fanny.
Hébergés temporairement sur Langon, les parents de Fanny affrontent ce coup dur avec hargne : « Ils sont très forts psychologiquement. Ils ont presque 70 ans, ils pourraient se dire que toute leur vie s’effondre mais non, ils vont de l’avant, et pensent à l’avenir plutôt que de s’apitoyer sur leur sort »
« Ils veulent reconstruire à l’identique »
Pour Fanny et Olivier, la situation est plus délicate. Le couple, qui vivait avec les parents de Fanny, a d’abord dû trouver les mots pour expliquer les faits à leur fille de 5 ans : « Elle est en âge de comprendre, mais elle reste une enfant. Donc elle espère qu’on recommandera tout ce qu’on a perdu au Père Noël. » Mais pour l’heure, l’homme en rouge reste flou. Le couple ne touchera quasiment rien des assurances, car leur domicile officiel est en cours de construction à Salles. Tout ce qu’ils possédaient à Belin-Béliet a été ravagé dans l’incendie. Hébergée chez les parents d’Olivier, la petite famille est donc dans l’incertitude.
Rugbyman au sein de l’équipe de France de pompiers, Olivier peut compter sur ses amis de la mêlée. La formation a créé une cagnotte en ligne spécialement pour le couple. Quant aux parents de Fanny, s’ils n’ont pas souhaité que des proches leur consacrent une cagnotte, ils pourront toujours bénéficier de la cagnotte solidaire initiée par la Ville de Belin-Béliet et Le Belinétois, et dont France Bleu Gironde est désormais partenaire.
Touchée, mais pas abattue, la famille Duprat – Pin n’attendra pas longtemps pour se relever : « On va de l’avant ». Le père de famille souhaite d’ores et déjà reconstruire la maison à l’identique. « Mais ça prendra du temps » regrette Fanny.
Pour faire un don à Olivier et Fanny: Solidarité pour la famille de notre ami et collègue
Pour faire un don à toutes les familles sinistrées par l'incendie: Sinistrés Belin-Béliet Incendie 2022