Par Corentin Barsacq
Située sur la commune d’Hostens, à seulement quelques kilomètres du quartier de Joué à Belin-Béliet, la chapelle Sainte-Catherine de Rétis réserve son lot de légendes gasconnes…
C’est un modeste édifice préservé par les assauts du temps, et ce malgré un isolement dans la forêt des Landes de Gascogne. Dans le hameau de Rétis, distant de quelques kilomètres de Belin-Béliet, la chapelle Sainte-Catherine de Rétis a été bâtie selon le style gothique, sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Son origine remonte au XVIe siècle. Simple, sobre, elle est dotée d’un clocher-mur typique de la Gascogne et présente des similarités avec l’église Saint-Pierre-ès-Liens de Biganon, ou encore la chapelle Saint-Roch de Saugnac-et-Muret.
Positionnée sur la voie Turonensis, chemin de pèlerinage reliant Tours à la ville d’Ostabat, elle adopte une forme rectangulaire tandis que ses murs sont contenus par des contreforts. On devine la présence ancienne de voûtes d’ogives, alors que la nef est simplement constituée d’une charpente. Aux côtés du tableau représentant Sainte-Catherine, les murs font office de supports pour des peintures anciennes redécouvertes il y a de nombreuses années.
La mort d’une jeune fille à l’origine de la chapelle ?
Mais l’histoire de cette chapelle ne pourrait être exacte sans aborder la légende autour de son existence. Longtemps, on attribuait la construction de l’édifice à un alliage de plusieurs légendes. Alors qu’elle effectuait le pèlerinage vers Saint-Jacques, une jeune fille mourrait à hauteur du quartier de Bertos, à plusieurs centaines de mètres de Rétis. Pour lui rendre hommage, des pèlerins avaient glissé, dans son cercueil, une statue de Sainte-Catherine, qui, comme la défunte, était vierge. Une petite stèle en garluche fut érigée.
Les siècles ont passé lorsque le monument funéraire attira l’intérêt d’une vache. Son propriétaire, intrigué, se rendit sur les lieux. La légende raconte qu’au moment de soulever le modeste monument, un mince filet d’eau laiteuse s’y échappa. Si le corps de la défunte s’était décomposé avec le temps, la statue de Sainte-Catherine était intacte. C’est ainsi que la source miraculeuse de Bertos fut réputée pour favoriser l’allaitement chez les femmes.
Une mystérieuse voix guidant le troupeau
Le vacher, lui, s’était saisi de la statue pour la nettoyer dans cette source et l'emporter avec lui. À la nuit tombée, vint le moment de ramener le troupeau sur ses terres. Deux génisses tiraient une charrette et, comme à l’accoutumée, devaient s’arrêter devant la propriété de leur maître. Mais les vaches poursuivirent leur chemin, devant les yeux médusés d’un maître qui ne parvint pas à les immobiliser. Une force invisible aurait alors conduit le troupeau jusque dans un lieu boisé, avant qu’une mystérieuse voix s’écrie « Rétis », qui signifie « arrête » en patois. Et c’est ainsi que la chapelle que l’on peut admirer aujourd’hui fut construite en ce lieu, par la voix d’une force méconnue, et d’une légende qui continue de traverser les siècles.
Au regard de cette légende gasconne, nombreuses étaient les femmes à s’y rendre dans l’espoir de résoudre des problèmes d’allaitement : « Tu iras prier Sainte-Catherine à Rétis et toucher, deux fois, le verrou « Sarrouy » de la porte de la chapelle » disait-on de ce rituel.