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En août 1944, le coup de force des résistants d'Hostens et Lugos face aux Allemands

Par Corentin Barsacq

Photographie du groupe mobile Hostens-Lugos fin Août 1944, rue de Segur à Bordeaux.
Photographie du groupe mobile Hostens-Lugos fin Août 1944, rue de Segur à Bordeaux.

Sous l’Occupation, le village de Lugos abritait un important réseau de résistants, tout comme à Hostens. C'est ainsi que le groupe Hostens - Lugos mena des actions décisives dans la lutte contre les Allemands. Le point d'orgue de cette activité clandestine n'est autre que l'attaque de la centrale électrique d'Hostens, alors sous pavillon allemand. 

 

Leur histoire pourrait être enseignée dans les écoles du Val de l’Eyre. Pendant la Seconde guerre mondiale, le Val de l'Eyre abritait des cellules de résistance réparties dans différents groupes. La cité d'Aliénor était notamment le théâtre des actions du groupe Béliet qui agissait sous la houlette de Franck Cazenave et Élie Labarbe, tandis que Lugos et Hostens avaient mutualisé leurs actions. Le groupe "Hostens - Lugos" fut en effet très actif dans la Résistance du Sud-Ouest.

 

Sous l’autorité du Général d’Harcourt, le réseau de renseignement « Jacky » est fondé dès septembre 1940 et rassemble des officiers de réserve et de figures locales comme Jean-Paul Salefran, prisonnier des Allemands deux mois plus tôt et qui était parvenu à s’évader après un bombardement. Il sera plus tard maire de Lugos. Dans les grands noms de cette infiltration, on retrouve des noms comme Marcel Besson, directeur de la centrale électrique d’Hostens et Gérard Douence. Jusqu'en 1942, l'activité du réseau consistera à transporter des armes en direction de Tarbes.

 

 

Pendant qu'un camp de prisonnier était installé à Lugos, la salle des fêtes de la commune servait de dépôt d'armes pour l'occupant./Collection Jean-Louis Brouste
Pendant qu'un camp de prisonnier était installé à Lugos, la salle des fêtes de la commune servait de dépôt d'armes pour l'occupant./Collection Jean-Louis Brouste

Mais à l’aube du 11 novembre 1942, les chars allemands franchissent la ligne de démarcation et envahissent la zone libre pour contrôler le sud du territoire. Dans les usines Cazenave, qui produisaient habituellement des cycles, s’entassent des centaines d’obus initialement destinés à l’armée française. L’armement produit dans les établissements de Belin sera transporté à Bayonne avant l’arrivée de l’occupant. À Lugos, le capitaine Jaquemet est contraint de fuir en Afrique du Nord. Le réseau Jacky est alors en sommeil pour une courte période.

 

Un assaut de 45 résistants à la centrale électrique d'Hostens

 

Avide de liberté, le groupe Hostens-Lugos reprend ses actions et se fait terre d'accueil des parachutages. Seulement, en juillet 43, l'un des colis tombés du ciel est largué au dessus de l'église du Vieux-Lugo et ne tarde pas à être intercepté par les Allemands. Les résistants sont contraints au silence et à la discrétion. Le calme avant la tempête. L'été 1944 marque l'intensification des actions de la Résistance. En Juillet 1944, la résistance de Belin et Béliet s'attaque à un convoi allemand à Lavignolle de Salles. Un officier allemand et un Belinois seront tués au cours des échanges. Quelques jours plus tard, alors que l’occupant se concentre sur les grandes villes, quelques soldats restent au sein des campagnes. Le groupe Béliet parvient à voler deux bœufs gardés par des soldats nazis.

 

La centrale électrique d'Hostens était exploitée par les Allemands durant la guerre./Archives DR.
La centrale électrique d'Hostens était exploitée par les Allemands durant la guerre./Archives DR.

De son côté, le groupe Hostens - Lugos mène une action décisive le 10 août 1944. 25 résistants attaquent un poste allemand. Aux côtés du groupe Béliet, ils parviennent à prendre le dessus sur l’occupant. Un canon anti-char et des armes sont volés aux mains des Allemands qui battent en retraite. Six soldats du Reich sont capturés par les résistants. Quelques jours plus tard, le 22 août de cette même année, ils seront 45 héros à reprendre le contrôle de la centrale électrique d’Hostens alors sous pavillon allemand. À la fin de la guerre, le groupe rejoindra le front du Médoc où, pendant sept jours, ils gagneront du terrain jusqu’à la fuite allemande.