Par Corentin Barsacq
Ce week-end, les habitants des quartiers de Joué et Boutox ont respectivement organisé des repas rassemblant tous les administrés de ces hameaux. Un moment de gaieté particulier.
Sur l’airial de Joué, au soir du vendredi 2 septembre, les camions de pompiers ont laissé place à un banquet rassembleur. À l’initiative d’une poignée d’habitants, tout le quartier s’est en effet donné rendez-vous pour partager un verre ô combien délicieux. Celui de l’espoir, de la victoire face à un feu désormais fixé, et d’une convivialité qui avait disparu durant l’incendie.
Il faut dire que le lieu est symbolique. Là où trône la chapelle Saint-Blaise, les bénévoles de Joué se rassemblaient quotidiennement chaque matin, pendant l’incendie, afin d’organiser leurs actions. C’est aussi pour les remercier que le quartier s’est rassemblé ce soir-là. « L’incendie nous a fait découvrir nos voisins. J’ai appris que ma fille était dans la même classe que le fils des voisins alors qu’on habite à côté depuis des années.» Un autre habitant de Joué témoigne : « Quand la population a pu revenir dans le quartier, un voisin m’a directement pris dans ses bras ».
À Boutox, cette fois-ci, le hameau a lui aussi payé un lourd tribut des flammes. Si les paysages calcinés se succèdent pour s’y rendre, la chaleur humaine prime sur le reste. Devant l’une des maisons du quartier, pas moins de 70 habitants se sont rassemblés dimanche midi pour un apéritif et un repas façon auberge espagnole.
Ici, tout le monde ne se connaît pas forcément. En revanche, tout le monde sait qui a perdu quoi dans le brasier. Les signes d’affection sont nombreux, et chacun raconte ce qu’il a vécu de l’incendie. Entre deux verres, le silence est demandé. Le maire de Belin-Béliet Cyrille Declercq est venu remercier les bénévoles restés sur place durant la crise. Ces derniers se sont d’ailleurs vu remettre un cadeau de la part du quartier.
De 7 à plus de 80 ans, chacun éprouve une gratitude éternelle envers les sapeurs-pompiers venus de France et d’Europe pour sauver leur maison. La présence de deux camions dans des bois proches de Boutox le rappelle. Sous un soleil radieux, on se présente par son prénom et par le numéro de sa maison. Les discussions ne tardent pas à s’engager, tandis qu’à quelques mètres, c’est autour d’une poussette que les curieux découvrent le visage de la dernière « Boutoxoise » venue au monde.
Un moment unique, singulier, que certains aimeraient d’ores et déjà refaire. Le feu dévaste, le feu meurtrit, mais force est de constater que le feu rassemble aussi.