Par Corentin Barsacq
Plusieurs mois après l’incendie de Saint-Magne qui a ravagé 7 400 hectares, l’inquiétude monte quant au risque inondation qui découle de cette catastrophe. C’est en effet tout le coté Est de Belin qui est particulièrement à risque, au regard des hectares calcinés.
« Si on retrouve des conditions similaires au mois de mai 2020, on pourrait connaître des inondations encore plus conséquentes ». Le maire de Belin-Béliet Cyrille Declercq n’élude pas le constat suivant. Avec 7 400 hectares de forêt dévastés par les incendies, c’est tout autant de surface désormais en incapacité de capter le ruissellement des eaux pluviales dans les cours d'eau du bassin versant de la Leyre.
Car les arbres sont capables d'absorber jusqu’à six fois plus d’eau qu’une parcelle d’herbe d’une surface semblable, ils jouent un rôle primordial dans la captation des fortes pluies, et constituent un réel atout lors des risques de crues de cours d’eau. Pour l’heure, les faibles cumuls de pluie enregistrés au cours du mois d’un mois d’octobre historiquement sec et les stigmates de la sécheresse encore visibles dans le Val de l’Eyre semblent édulcorer la question.
Mais cette dernière est bel et bien d’actualité, d’autant que les inondations connues en mai 2020 laissent apparaître la vulnérabilité du territoire face à des évènements d’ampleur centennales, comme ce fut le cas pour la crue de la Leyre.
Le débat devient politique
Interrogé par nos soins, Cyrille Declercq assure avoir remonté ces craintes lors d’une commission interministérielle qui s’était tenue à Hostens quelques semaines après les incendies de Landiras. « C’est une thèse que je souhaite défendre auprès des autorités. Le reboisement est nécessaire aussi bien au regard du risque inondation que de l’exposition désormais plus grande de la commune aux vents violents » explique l’élu belinétois.
Au sein du conseil municipal de Belin-Béliet, le sujet a été abordé à de nombreuses reprises. Depuis deux ans, la majorité travaille en effet sur la mise à jour du plan communal de sauvegarde. Outil à destination des communes, le PCS n'est autre qu'un document qui vise à planifier les actions des acteurs communaux dans la gestion des risques, aussi bien en matière d'information préventive que de protection des populations. Le groupe d’opposition « Dynamisons Belin-Béliet naturellement » s’était saisit de la question au lendemain de l’incendie de Saint-Magne. En conseil municipal, l’élu Rédouane Louaazizi avait questionné son homologue de la majorité sur la nécessaire mise à jour du PCS initié en 2009 sous la houlette de l’élu Laurent Sauterel, et remis à jour en 2015. 18 réunions ont ainsi été organisées en l’espace de deux ans, avait annoncé le maire Cyrille Declercq, reconnaissant que la situation « nous amène à faire plus vite qu’on le pensait. »
Dans le magazine municipal dédié aux incendies, l’élu Christian Monceau, en charge de la mise à jour du PCS, indique que la municipalité « tirera des enseignements précieux de cette expérience (N.D.L.R : les incendies) pour enrichir la prochaine version du PCS. D’autres risques feront aussi l’objet d’un travail approfondi. Je pense par exemple à l’inondation qui pourrait survenir maintenant que les arbres brûlés ne captent plus l’eau au sol ».
« Il faut apprendre à vivre avec la culture du risque »
Dans ce même bulletin d’information, le groupe d’opposition de Rédouane Louaazizi reste perplexe : « Aucun plan de gestion de crise adaptée n’a été mis en place. La gestion de crise ne s’improvise pas. Elle s’anticipe »
Alors même que le territoire communal a traversé diverses crises, aussi bien la tempête Martin en 1999, que la tempête Klaus en 2009, et plus récemment les inondations et les incendies, l’heure est donc à l’anticipation de ces risques futurs. Mais de quelle intensité seront-ils, à l’heure où le réchauffement climatique renforce la puissance des tempêtes, des sécheresses et des pluies, et que Belin-Béliet voit fleurir de nombreux lotissements qui contribuent à l’artificialisation des sols ? Seul l’avenir apportera une réponse limpide. Mais là encore, Cyrille Declercq prévenait en conseil municipal : « Il faut apprendre à vivre avec la culture du risque… »