Par Louna Lavergne
La sécheresse de cette année 2022 et le réchauffement climatique n'épargnent pas la Leyre. En ce mois de novembre, Laurent Degrave, technicien rivière du Parc naturel des Landes de Gascogne, s’inquiète du débit historiquement bas enregistré.
"Le débit a été plus bas mais on s’approche de la valeur record." C’est ce dont s’inquiétait Laurent Degrave, technicien rivière du Parc Naturel des Landes de Gascogne il y a de cela deux mois pour la Leyre. La valeur record est aujourd’hui tristement franchie au sein du fleuve côtier qui enregistre en octobre dernier le débit le plus bas jamais mesuré depuis 60 ans. Pourtant, il y a deux ans à peine, le débit de la Leyre était au plus haut. Comment expliquer un tel écart ?
Une sécheresse exceptionnelle
Ce débit faible s’explique par une sécheresse qui a marqué le Val de l’Eyre depuis le début de l’année, une sécheresse qui a commencé à montrer les faiblesses du territoire dès le mois de juin. “Le débit moyen de la Leyre sur ce mois correspondait à celui d'un mois d'octobre moyen et un premier piézomètre (outil mesurant la pression de l’eau N.D.L.R) à Sabres était au plus bas pour un mois de juin depuis 1990” affirme Laurent Degrave sur ses réseaux sociaux.
Aujourd’hui, la nappe phréatique a perdu 3.5m de hauteur depuis février 2021, les outils de mesures atteignant des valeurs records. “En conséquence, c'est la première fois que les restrictions de l'usage de l'eau de surface sont étendues jusqu'au 30 novembre (sauf amélioration de la situation)” s’inquiète le technicien rivière du parc. Les affluents du fleuve étant, eux aussi asséchés, l’Eyre ne peut donc compter que majoritairement sur cette nappe qui faiblit.
Un été difficile
Dans cette sécheresse, les incendies de l’été n’ont pas été les seuls à attendre que les nuages déversent sur le Val de l’Eyre quelques gouttes de pluie. Les canoéistes ont pu observer la baisse du niveau de la rivière de près lorsque la pagaie, en voulant balayer la surface de l’eau, se retrouvait finalement planter dans le sable. Ces derniers ont également pu se retrouver freiner dans leur course par des bancs de sable que la hauteur de l’eau ne parvenaient pas à suffisamment dépasser. Si ces scènes peuvent prêter à rire, elles sont pourtant révélatrices d’une triste réalité.
Les pluies de l’automne étaient donc plus qu'attendues par le technicien rivière du parc qui se soucie néanmoins de la recharge hivernale de la nappe phréatique. En 2020, le débit historiquement haut de la Leyre en octobre découlait d’importantes crues cinq mois plus tôt. Mais, d’ici 2050, la Leyre se dirige vers une baisse de débit annuel de 40 à 50% selon les experts du climat. “Nous sommes dans une période cruciale, car l'ampleur des changements de demain dépend des choix et des actions d’aujourd’hui.” explique Laurent Degrave.