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Salles : des chercheurs viennent au collège pour rapprocher les jeunes des sciences

Par Corentin Barsacq

29 collégiens ont participé à des ateliers en compagnie de chercheurs./Photo C.H
29 collégiens ont participé à des ateliers en compagnie de chercheurs./Photo C.H

C’est un projet unique en France qui est mené depuis maintenant deux ans au collège de Salles. Durant une semaine, une classe de 3e a pu suivre une semaine dédiée exclusivement à la diversité des êtres vivants en compagnie de chercheurs et techniciens de l’Université de Bordeaux.

 

Apprendre autrement, aussi bien par la pratique que par un dialogue direct avec celles et ceux qui incarnent la profession. C’est en quelque sorte ce qu’a souhaité mettre en place Catherine Hupin, enseignante des Sciences de la vie et de la Terre au collège de Salles. Depuis deux ans, la professeure anime, aux côtés de Nathalie Vincent, enseignante des mathématiques, le projet « Imagine ». Une initiative unique en France et qui a récemment débouché sur la venue de quatre chercheurs de l’Université de Bordeaux qui, durant quatre jours, ont été au contact des jeunes pour leur transmettre de nombreuses connaissances à travers un enseignement ludique. 

 

Cette méthode singulière résulte avant tout d’une réflexion poussée dans des terres bien éloignées de la Leyre. C’est au Brésil que le professeur André de Avila Ramos a mis en place cette manière de transporter les sciences dans des zones rurales ou encore très reculées. Peu à peu, le projet a pris du galon sur plusieurs continents, jusqu’à ce qu’une conférence d’André Ramos à Bordeaux mette la puce à l’oreille de Catherine Hupin : « Cet enseignant avait fait une partie de ses études à Bordeaux. Une ancienne stagiaire du collège assistait justement à cette conférence dans laquelle André Ramos avait dit qu’il cherchait un moyen de développer sa méthode en France. Elle a tout de suite pensé à moi » explique la professeure. 

 

« Démystifier les sciences »

 

Une rencontre plus tard, en 2021, le projet « Imagine » à Salles est prêt. Une première classe de troisième bénéficie durant quatre jours des connaissances de plusieurs chercheurs partenaires de ce projet qui viennent à Salles pour animer des ateliers dont la pertinence n’est plus à démontrer : « J’ai vu des jeunes qui n’étaient pas forcément à l’aise avec les sciences se prendre au jeu et participer activement au projet. C’est justement le but de tout ça. Démystifier les sciences, donner envie à tous de découvrir cet univers » insiste Catherine Hupin, passionnée aussi bien par son métier que par la discipline qu’elle enseigne. 

Les conseils des chercheurs ont été précieux tout au long de la semaine./Photo C.H
Les conseils des chercheurs ont été précieux tout au long de la semaine./Photo C.H

Une passion que l’on retrouve dans la deuxième édition d’Imagine, qui s’est tenue du 16 au 19 janvier. L’enseignante n’a pas compté ses heures pour créer de toute pièce un jeu d’évasion afin d’introduire comme il se doit la méthode auprès de sa classe de 3e : « Le premier jour, les élèves ont dû sauver le collège d’un agent mutagène provoquant le vieillissement prématuré de toute la population suite à une expérience du savant fou André Ramos. La quête de cet antidote a pu permettre de travailler sur des notions, de classer certains éléments à partir d’une trame scientifique ». De quoi plonger directement la classe dans le bain des sciences sans pour autant s’y noyer. Quant au savant fou brésilien, il a tout de même pu s’adresser aux collégiens sallois par visioconférence. 

 

Eux ont pu être là en chair et en os. Didier Thoraval, directeur adjoint du laboratoire de Biogenèse Membranaire, Isabelle Coupry, chercheur en neurologie à l’Institut de Neurosciences Cognitives et Intégratives d'Aquitaine, Marie-Pierre Moisan, qui étudie les liens étroits entre l’alimentation et le fonctionnement du cerveau à l’INRAE et Karine Tuphile, technicienne à l’Inserm ont donc apporté une vision vulgarisée des sciences à la jeunesse de l’établissement. Des rencontres riches, au travers d’ateliers originaux comme l’étude d’une scène de crime factice permettant un prélèvement d’ADN à partir d’un mégot de cigarette, des cheveux ou encore d’un couteau. 

 

Sortir du cadre du collège

 

Surtout, les collégiens ont pu manier du matériel utilisé par des professionnels comme le micropipetage, la chromatographie ou encore l'électrophorèse d'ADN. Une première dans un collège : « Les élèves ont pu expérimenter les différentes manipulations avec des outils normalement inaccessibles pour un collège » poursuit Catherine Hupin. En partenariat avec la Ville de Salles, des échantillons ont pu être analysés dans un lieu à même d’accueillir ces expériences, le Labo, l’espace jeunes de Salles. « Cela permet de sortir du cadre purement scolaire » pense l’enseignante. 

Tout au long de la semaine, les jeunes ont pu découvrir les sciences dans une ambiance détendue./Photo C.H
Tout au long de la semaine, les jeunes ont pu découvrir les sciences dans une ambiance détendue./Photo C.H

Aux termes de ces quatre jours dédiés exclusivement aux sciences, le bilan n’est que prometteur : « Tous les jeunes ont été impliqués dans les ateliers. Ils ont beaucoup aimé et le projet s’est terminé par une production de leur choix qu’ils devaient par la suite présenter. » Au-delà du regard d’enseignante, Catherine Hupin considère cette démarche comme essentielle dans l’apprentissage des sciences. 

 

« Cela permet de montrer que la compréhension des sciences n’est pas si compliquée que cela. Suivre un protocole, être rigoureux, c’est ce qu’ont fait les élèves durant toute la semaine. C’était une sorte de voyage scolaire à domicile, où ils ont pu sortir des cours tout en prenant conscience des différentes filières envisageables dans la recherche scientifique ». Si pour l’heure, les collégiens ont encore le temps d’affiner la vision de leur avenir, nul doute que la venue de ces quatre chercheurs aura suscité des vocations dans une discipline finalement accessible pour les esprits curieux. Quant au projet Imagine, son développement ne repose que sur la volonté des collèges de l'intégrer dans leur pédagogie.