Par Louna Lavergne
Sur la table depuis 2016, l’Intermarché prévu à Hostens n’est toujours pas sorti de terre. En cause, un désaccord entre la majorité et l’opposition qui s’est traduit par des recours retardant le projet du supermarché.
“Nos projets ont souvent été empêchés ou tout au moins freinés. Je pense tout particulièrement à la création du supermarché en lieu et place de l’ancien stade.” C’est par ces mots que le maire d’Hostens, Jean-Louis Dartiailh a évoqué le projet de l’Intermarché lors de la cérémonie des vœux en début d’année. L’édile a notamment énuméré les recours à l’origine du retard du chantier sur la table depuis sept ans maintenant. Une chose est sûre, la majorité et l’opposition n’iront pas faire leurs courses ensemble.
Le supermarché, enjeu des élections municipales de 2020
Le contentieux autour de l’implantation d’une surface commerciale à Hostens était déjà visible lors de la course à la mairie en 2020. Le maire sortant, Jean-Louis Dartialh, portait la création d’un supermarché avec station de lavage et station d’hydrocarbure, et ce depuis son premier mandat. “Je me suis représenté pour mener ces projets dont celui du supermarché” confie l’édile à notre média.
Face à lui, le candidat Pierre Dury rejetait fermement cette idée mais proposait un pôle carburant pour les Hostensois, obligés de se rendre à Belin-Béliet ou Saint-Symphorien pour faire le plein. “Je me suis présenté aux élections pour combattre ce projet de grande surface de 1000m² pour une commune de 1500 habitants” déclare l’actuel leader de l’opposition.
Un prix de vente du stade qui divise
Les visions opposées des deux têtes de liste collaborent désormais au sein de la municipalité après l’élection de Jean-Louis Dartiailh pour un second mandat. Mais la fissure va définitivement être actée lors de la vente de l’ancien terrain de foot. Pierre Dury a décidé de déposer un recours remettant en cause le prix de vente du stade. “La vente du stade a été consentie à un prix très inférieur au marché puisque le mètre carré a été vendu un dixième de sa valeur soit 117 000€” affirme le leader de l’opposition qui poursuit “les domaines (service fiscal, ndlr) estiment que c’est 100€ le mètre carré et là c’est moins de 10€. [...] La vente du stade municipal repose sur un contrat de droit privé entaché de plusieurs causes de nullité absolue".
Ce recours est toujours d’actualité et le tribunal administratif, s’étant déclaré incompétent pour le traiter, l’a d’ailleurs transmis au tribunal judiciaire. “Le prix de la vente du stade est estimé pas assez élevé alors que c’était les prix qui se pratiquaient en 2016. Les domaines m’ont donné le prix pratiqué dans le secteur” explique le maire d’Hostens. Le jugement est attendu pour le début d’année 2024, jugement qu'attend notamment le pétitionnaire du permis de construire pour intervenir.
Des inquiétudes quant à la zone Natura 2000 limitrophe
Autre argument avancé par l’opposition à l’encontre de l’Intermarché, la proximité de la surface commerciale avec le domaine départemental Gérard Lagors, site Natura 2000. En effet, le supermarché sera frontalier à la zone. L’association Vive la forêt était d’ailleurs montée au créneau, pointant du doigt le manque d’évaluation des incidences sur cet espace. “C’est un terrain de foot. On y passe le tracteur tondeuse régulièrement. Si des pauvres tortues avaient été là, on l’aurait su” ironise Jean-Louis Dartiailh qui poursuit : “Les limites de Natura 2000 n’interdisent pas de se mettre à côté. Ce terrain est constructible depuis des années”.
L’association avait également contesté le permis de construire en 2018 et a été déboutée une première fois avant de s’attaquer à la prorogation du dit permis. Un recours auquel le maire répond : “Lorsqu’il y a un recours, le délai du permis s’arrête. Par exemple, si le recours dure six mois, le permis est toujours valable six mois après”.
La mort des petits commerces ?
A l’heure actuelle, les Hostensois et Hostensoises se déplacent sur Belin-Béliet ou Saint-Symphorien pour effectuer leurs courses. L’implantation d’une telle zone commerciale dans une ville de 1500 habitants fait craindre au leader de l’opposition, la mort des commerces locaux. “Nous avons beaucoup de commerces de proximité, primeur, boulangerie, épicerie, boucherie-charcuterie, traiteur, pizzeria… Ce sont des commerces condamnés à une mort certaine si on vient à implanter ce genre d’enseignes ici” s’inquiète Pierre Dury.
A cette réflexion, l’édile d’Hostens avait répondu lors de la cérémonie des vœux le 20 janvier dernier : “A fortiori, lorsqu’un supermarché capte une clientèle sur un bassin de vie de 4000 à 5000 habitants, les commerces locaux en profitent nécessairement. C’est une fausse idée qui circule dans la mémoire collective qui est de dire que le supermarché détruirait le petit commerce local”.
Il faudra donc patienter encore un peu avant de savoir s’il sera bientôt possible de faire ses courses à Hostens.