Par Corentin Barsacq
Réunis en conseil municipal au soir du jeudi 6 avril, les élus de Belin-Béliet ont débattu du budget primitif de l’année 2023, tout en votant à l’unanimité une motion en faveur de l’aménagement d’une mise à 2 x 3 voies sur l’A63 sans financement concessif.
C’est finalement sur un point où la majorité et l'opposition étaient en accord que le ton est monté. Mais avant de voter à l’unisson une motion portant sur l’aménagement de l’A63 et de la concertation publique inhérente à cela, le premier adjoint de la commune Jean-Pierre Ducournau s’est lancé dans le traditionnel monologue de présentation du budget communal pour l’année 2023.
Une longue ribambelle de chiffres définis par plusieurs facteurs notamment le contexte international de crise, l’inflation en France et la hausse du prix des matières premières. Qu’à cela ne tienne, la municipalité clôture l’année 2022 avec un résultat de 1 115 562,65 € dans la section fonctionnement, et 1 411 653,78 € en matière d’investissement. Sur ce dernier volet, le solde des crédits de report de l’année 2022 entraîne un résultat définitif qui s’élève à 1 063 559,62 €.
Pour l’année 2023, la commune table sur un budget primitif en matière de fonctionnement de 6 961 401 € tout en prenant en compte les retombées de l’inflation. Exemple du côté des charges à caractère général, qui passent de 1 537 727 € en 2022, à 2 298 250 pour l’année 2023. Une hausse qui s’explique donc par l’envolée des prix de l’énergie.
Autre donnée importante, le montant des investissements envisagés pour l’année 2023. La municipalité s’engage à un équilibre de 5 190 401,63€. Parmi les futures réalisations mentionnées au sein de ce budget primitif, citons par exemple des travaux sur le groupe scolaire ou encore sur l’éclairage public, le lancement d’une étude au sujet du club-house destiné au club de handball, la Convention d’aménagement du bourg de Belin, l’extension de la maison des jeunes, des travaux sur les bâtiments publics ou encore l’acquisition de mobilier pour la salle des fêtes de Belin et des travaux au stade Pierre Mano.
« On avait espoir de voir de jolis projets dans notre commune »
L’énoncé de cette ambition n’a pas franchement emballé l’opposition, qui s’est abstenue de voter sur ce budget établi en tenant compte d’une augmentation des taux de taxes locales. C’est ainsi que la taxe foncière sur les propriétés bâties passe de 43,75% à 44,84%, quand celle attribuée aux propriétés non-bâties enregistre elle aussi une hausse, passant de 50,46% à 51,72%. Enfin, la taxe d’habitation appliquée pour les résidences secondaires est fixée à 16,24% contre 15,84% l’an dernier.
De quoi laisser place à deux visions politiques opposées : « L’an dernier, notre groupe a voté pour l’augmentation des impôts. Aujourd’hui, nous sommes totalement déçus de l’année écoulée, mais c’est certainement en lien avec votre programme. Il y a eu Cap 33 qui est une très bonne chose, le pumptrack aussi, mais on aurait souhaité avoir de l’infrastructure à la hauteur de l’explosion démographique sur Belin-Béliet » déclarait l’élu Dynamisons Belin-Béliet Naturellement Rédouane Louaazizi. L’ancienne tête de liste estime que cette hausse des taxes locales « vient compenser les dépenses de fonctionnement » et pointe du doigt l’absence de négociation de certains contrats réclamée par l’opposition depuis trois ans.
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« Quand vous dîtes qu’on n’a pas fait grand-chose, on verra un jour ce que vous ferez si vous êtes aux affaires » répondait d’emblée Cyrille Declercq, avant d’avancer l’argument du manque de foncier disponible afin d’ériger de potentiels nouveaux bâtiments : « Peut-être que le PLUi-H aujourd’hui nous autorisera du foncier sur l’aspect des équipements. Dans ce cas-là, les équipes qui seront là pourront bénéficier du travail que nous avons fait ». À l’issue de cet échange, la hausse des taxes locales a été approuvée à la majorité, le groupe « Des traditions et un avenir en commun» s’est abstenu quand les élus de « Dynamisons Belin-Béliet naturellement »ont voté contre.
Les élus ont ensuite pris connaissance d'une motion présentée par le maire Cyrille Declercq au sujet de l’aménagement de l’A63 et de l’A66, avec la concertation publique actuellement menée par l’État en toile de fond de cette délibération. Rappelons que trois scénarios sont soumis au débat, à commencer par l’absence d’aménagement, ou un deuxième scénario impliquant la mise à 2 x 3 voies de l’A63 entre Salles et la rocade de Bordeaux, financée par un péage autoroutier. Enfin, le troisième scénario émet la possibilité d’un aménagement partiel de l’A63, sur une longueur moins importante et financée sur crédits publics.
Une motion votée à l’unanimité
Par cette motion, la Ville de Belin-Béliet annonce son opposition aux scénarios 1 et 2, refusant notamment « que les habitants et entreprises du Val de l’Eyre aient à supporter une charge financière injuste pour leurs déplacements quotidiens ». La commune propose un aménagement complet de la mise à 2 x 3 voies de l’A63 sur crédits publics, et donc sans péage, ou encore par avenant à la concession d’Atlandes, là encore sans la création d’un péage supplémentaire.
C’est au moment d’échanger sur ce sujet que le ton est quelque peu monté entre Cyrille Declercq et Rédouane Louaazizi. Ce dernier indiquait avoir assisté à la réunion publique organisée plus tôt dans la semaine du côté de Salles, toujours dans le cadre de cette concertation publique. Une participation « partielle » selon les mots du maire, notant le départ de l’élu d’opposition avant la fin des échanges. « On est parti à la fin parce que c’était un peu lourd. Les gens racontaient leur vie pour rien du tout. Mais j’étais là pour l’essentiel, par contre vous êtes arrivés 20 minutes en retard » répondait du tac au tac la tête de liste des élections municipales 2020, provoquant quelques rires aussi bien sur les bancs de l’opposition que de la majorité. « Vous avez raison, mais pendant ces vingt minutes, j’étais sur un autre dossier » se justifiait Cyrille Declercq, avant d’ajouter : « Vous êtes sans cesse en train de nous dire que nous ne participons pas à certaines réunions et quand on vous y convie, on ne vous y voit pas ».
Son homologue renchérissait une dernière fois avant de poursuivre son propos : « Cela fait trois ans que ça dure, on n’est pas dans une cour de récréation. On s’en fiche. Sur 21 élus de la majorité , 6 étaient présents. A chaque manifestation ou cérémonie, vous n’êtes jamais à 100 % alors arrêtez. » Finalement, les trois groupes politiques ont voté cette motion.