Par Louna Lavergne
Ce samedi 29 avril, “Le printemps s’invite à Hostens” prenait place dans la commune du Sud-Gironde. Durant cet événement, une table ronde a réuni chercheurs et élus de la commune et du Département pour répondre à la question de l’avenir du domaine après avoir subi deux feux d’ampleur en juillet puis août 2022.
Plus de 80 personnes sont réunies dans la salle des fêtes d’Hostens. Samedi 29 avril, le président du Département de la Gironde, Jean-Luc Gleyze, et ses équipes ont fait escale dans la ville voisine du Val de l’Eyre pour animer une discussion sur le devenir du domaine des lacs et de l’espace naturel qui les entoure.
Un film en guise d’introduction
Avant d’entamer le sujet qui est sur toutes les lèvres, les Hostensois et Hostensoises assistent à la première projection du film “Mémoires et évolutions paysagères d’Hostens”, réalisé en 2021 par Les Bobines du paysage. L'œuvre cinématographique fait office d’introduction à la table ronde en démontrant les mutations surmontées par la commune au fil des années. Parmi elles, l’exploitation de lignite et la centrale électrique puis la cessation de cette activité menant à la migration de la population Hostensoise.
Aujourd’hui, le domaine de la commune de 1700 habitants bénéficie d’un plan de gestion du département pour sa préservation. Avec 780 hectares, le domaine départemental d’Hostens est le plus grand espace naturel sensible de Gironde avec la particularité d’être séparé en trois entités distinctes : l’espace naturel des Lagunes du Gat Mort, l’espace naturel d’Hostens et la propriété forestière. C’est ainsi que s’installe une dualité d’utilisation avec une zone protégée pour la biodiversité et une autre ouverte au public et aux multiples activités récréatives.
“Ouvrir les espaces au public de façon raisonnée”
Suite à la diffusion du film, le maire d’Hostens Jean-Louis Dartiailh s’est exprimé avant de laisser la parole au président du département, Jean-Luc Gleyze. Touché de son retour dans la commune après un dramatique été, ce dernier est revenu sur l’importance du domaine et des événements qui l’ont affecté. L’espace naturel, espace de préservation, de sensibilisation et de loisirs, ouvrait sa saison ce samedi. “Il faut ouvrir les espaces au public de façon raisonnée pour garantir le respect environnemental” expliquait le président de la Gironde.
Car il ne faut pas oublier que le domaine propose moult activités entraînant une fréquentation importante. “Ce domaine a l’intérêt de permettre de découvrir la forêt de production et des espaces spécifiques qui sont une richesse extraordinaire sur le massif des Landes de Gascogne” ajoute Jean-Luc Gleyze pour expliquer le rôle des différents secteurs de l’espace naturel.
L’élu départemental s’est ramené au souvenir du lundi noir, le 18 juillet 2022. “ En passant au-dessus des lacs, la fumée avançait sérieusement et nous commencions à comprendre le caractère inéluctable de l’incendie du domaine” se remémore Jean-Luc Gleyze. Alors que les espoirs d’un été normal sont partis en fumée, se pose la question du devenir de cet espace. Comment lui permettre de rester un domaine de qualité sur le plan paysager et environnemental ?
La question de l’intervention de l’homme
Entaillé de nombreuses cicatrices, le domaine départemental actuel ne ressemble plus à celui que chacun a connu. Pour la régénération de cet espace, se pose la question de l’intervention des hommes dans sa réparation. Jean-Luc Gleyze a exposé plusieurs hypothèses :
- celle de la réserve biologique intégrale, à laquelle on ne peut pas toucher. Des événements sont déjà passés par là comme les tempêtes de 1999 et 2009. “La moitié du massif a brûlé entre 1937 et 1949” expose le président du département. A travers ces mauvaises passes, le domaine a été résilient et a réussi à retrouver une nouvelle vie. Mais sans l’intervention de l’homme, les espèces invasives prolifèrent et colonisent l’espace pour modifier la biodiversité antérieure. Se pose alors la question de savoir s’il faut chercher à retrouver un semblant d’avant…
- celle de la réserve biologique dirigée dans laquelle l’homme peut intervenir avec réflexion et surtout pas dans la précipitation. A Guillos, cette réflexion a été d’une très courte durée, au point que la replantation a commencé sans attendre une période sanitaire préconisée d’un à deux ans. “Les replantations se sont faites au ras des routes, les arbres sont très serré” explique Jean-Luc Gleyze attristé de voir que la leçon ne semble pas avoir été retenue, qui poursuit “l’amnésie collective est rapide. On est touché quand le drame se produit mais on reprend nos habitudes. Il faut considérer que la forêt doit être considérée différemment pour traverser les années à venir.”
Le département s’engage sur Hostens
Le président du département de la Gironde a fait part de démarches en cours de désenrésinement de l’espace : des bois sont coupés pour permettre à une nature dite “plus naturelle” de retrouver sa place. Les mousses et liquens, porteurs de vie primitifs, sont d’ailleurs vite réapparus. Avec la direction de l’environnement, du sport et de la vie associative, une mission est mise en place sur Hostens pour réfléchir à l’avenir de la nature et répondre à la question forestière.
“La forêt a une valeur économique, naturaliste, culturelle et sensible” énumère Jean-Luc Gleyze. C’est pourquoi le département souhaite, pour cette mission, s’entourer de chercheurs, de professionnels connaissant le massif (comme l’ONF), de sylviculteurs et d’autres acteurs majeurs du massif. Un sujet de discussion se dégage particulièrement : la monoculture du pin. “Mieux protéger par les parasites grâce à d’autres espèces d’arbres comme le bouleau garantit des pins plus droit et une meilleure productivité sans avoir la monoculture du pin maritime” explique notamment l’orateur.
Le président du département a ensuite laissé la parole à Eric Constantin, délégué régional de l’Office National des Forêts, Emmanuel Torquebiau, chercheur au Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD) et Anna Hover, chercheuse au Conservatoire Botanique National Sud Atlantique. Tous trois avaient le même constat, l’avenir est difficile à prévoir et les prévisions sont sans cesse réajustées à cause de l’incertitude qui règne dans les bois entourant les paisibles lacs d’Hostens.