Par Corentin Barsacq
Après quatorze années passées à honorer le maillot vert, Alexandre Dupouy a tiré sa révérence dimanche après-midi au stade Pierre Mano. À 31 ans, il souhaite désormais se consacrer à son autre passion et faire briller un autre écusson tout aussi vert, celui du Handball Club Belin-Béliet.
L’histoire devait s’écrire ainsi. L’orage aura contourné le rectangle vert de Pierre Mano pour ne pas gâcher la fête. Entré en jeu à la 30e minute face à La Ribère (1-1), l’attaquant Alexandre Dupouy n’aura pas trouvé la faille au cours de cette dernière rencontre. Mais qu’importe, car c’est bien durant 14 ans qu’il aura su faire trembler les filets dans des moments opportuns, incarnant sans doute le mieux l’ascension progressive du FC Belin-Béliet durant les dix dernières années.
Originaire du pays, petit-fils d’Eliette et d’Alfred Dupouy, il aurait pu d’emblée hériter du virus du football transmis par son père Dominique. Mais le gamin de l’époque s’oriente d’abord vers le handball, un sport dans lequel il ne tarde pas à exceller. Le football est avant tout un plaisir qu’il pratique lors des tournois inter-quartiers organisés par le FC Belin-Béliet. Sur le champ de patates de Suzon, le gamin sait esquiver les trous, les tacles parfumés au houblon et étonne par son calme devant le but.
C’est à l’âge de 17 ans, en 2009, qu’Alexandre Dupouy franchit le portail du stade Pierre Mano. Le club, qui évolue alors dans les méandres du district Gironde Atlantique, ne va pas tarder à trouver l’une des pièces maîtresses de son jeu. Au cours de sa première saison, et malgré une règle du hors-jeu qui tardera à être assimilée, il inscrit notamment un quadruplé au cours d’un même match et grille les échelons. Les quelques matchs effectués en équipe réserve seront suffisants pour être titularisé à la pointe de l’attaque belinétoise.
Acteur d’une fabuleuse épopée
Parler d’épopée avec Alexandre Dupouy revient à aborder ses deux passions. Le handball, où il a notamment remporté la coupe de France avec le HCBB en 2019, ou bien celle du FC Belin-Béliet. Si le fait de cumuler les deux sports peut entraîner chez lui une certaine fatigue, Alexandre Dupouy n’aura jamais triché. Héritant du surnom de « Peter » en raison de sa ressemblance avec l’attaquant anglais Peter Crouch, le feu-follet des Verts enfile les buts et trouve en son compère d’attaque Clément Ballet un fidèle acolyte devant les défenses adverses.
Le dur labeur que représentent les déplacements sur les pelouses du Médoc sera récompensé en 2013 lorsque le FC Belin-Béliet s’extirpe de la Promotion de première division et défie l’équipe réserve de Facture en finale du championnat. Les hommes du tandem Touyarot – Barsacq s’imposent 3-1 avec notamment un but d’Alexandre Dupouy.
Accolé à toutes les belles histoires du club, le nom d’Alexandre Dupouy est alors indissociable de l’attaque belinétoise. Mais le jeune pin devenu un arbre solide décide d’aller au pied de la cellulose, à Facture, en janvier 2014. Pas de panique pour le club qui le retrouve alors en janvier 2015, à l’orée d’une ascension fulgurante.
En 2016, au terme d’une saison spectaculaire, les Verts se hissent en Régional 4. La suppression de cette même division un an plus tard forcera le club à accrocher le bon wagon pour accéder au niveau régional 3 en 2017. Toujours indispensable sur le front de l’attaque, Peter se révèle comme un véritable soldat au moment de se battre pour le maintien.
Plus récemment, en 2020, il fait partie de l’effectif de la A lorsque le club atteint le quatrième tour de coupe de France.
La trentaine passée, l’alternance entre les deux sports, et ce au niveau régional, devient de plus en plus complexe. Alexandre décide alors de livrer ses dernières forces auprès de l’équipe réserve. Dans les championnats départementaux, à l’issue de la saison 2021-2022, il établit le record de buts en une saison avec 35 réalisations personnelles. C’est finalement un an plus tard qu’il décide de raccrocher les crampons pour se consacrer au handball.
Le corps a sans doute dit stop, mais l’esprit y est encore. Une haie d’honneur à sa sortie était le juste minimum pour celui qui n’aura jamais trahi les siens face à l’adversité. Avec la manière, sans doute plus d’une centaine de buts sous le maillot vert, et la fierté au moment de regarder vers l’arrière, Alexandre Dupouy a eu la sortie qu’il méritait. Il est désormais hors-jeu, cette fois-ci pour de bon.