Par Corentin Barsacq
Réunis en assemblée générale le 3 juin dernier, les membres de l’association communale de chasse agréée de Belin-Béliet ont approuvé, à la majorité, l’intégration des parcelles dont l’ACCA est propriétaire au sein de la future réserve naturelle régionale du Graoux. Une belle avancée dans un dossier qui suit son cours.
« Sans nos parcelles, la réserve naturelle régionale pourrait ne pas voir le jour. » Tel était donc l’un des sujets phares de l’assemblée générale de l’ACCA de Belin-Béliet au matin du samedi 3 juin dernier. Un rassemblement singulier à plus d’un titre puisqu’il s’agissait de la dernière assemblée générale présidée par Claude Ducourneau. À 95 ans, le chasseur a souhaité tirer sa révérence après avoir occupé, depuis 1988, le poste de président de l’association. Quelques jours plus tard, c’est Claudie Ducourneau qui prenait la succession de son père, élue par tous les membres du conseil d’administration. Notons également qu’Alain-Claude Prioleau devient vice-président, Jean-Pierre Tiemblo trésorier et Bruno Mansencal secrétaire.
Les formalités administratives évoquées, un autre dossier d’une importance capitale s’invitait sur la table des discussions. Depuis 2018, le classement en réserve naturelle régionale de l’ancien centre d’animation du Graoux (aujourd’hui dépourvu de ses activités) était évoqué par le Parc naturel régional des Landes de Gascogne, en charge de la gestion du site. Dans cet esprit, en mars 2021, un propriétaire de plusieurs parcelles forestières situées sur le site décidait de sanctuariser 40 hectares de forêt dans le but de poser les premières pierres de cet ambitieux projet.
« Tout le monde n’était pas fan du projet mais… »
Fort de cette avancée majeure, les réunions se sont multipliées entre le PNR, les propriétaires forestiers du Graoux, les associations utilisant le site, la mairie de Belin-Béliet mais aussi l’association de chasse communale, détentrice de 30 hectares de forêt en ces lieux. Ainsi, le maire de Belin-Béliet Cyrille Declercq, le vice-président du Parc et technicien à la Fédération de chasse des Landes Denis Lanusse ainsi que Ruben Penin, chargé d’étude de ce projet, étaient présents pour une ultime présentation de la future réserve : « Tout le monde n’était pas fan du projet. Quand on parle de réserve, on pense tout de suite à une mise sous cloche, on s’attend à des interdictions de chasse. Ici, ce ne sera pas le cas » se réjouit Claudie Ducourneau, jointe par téléphone.
Dans le détail, on parle ici d’une réserve naturelle régionale qui devrait s’étendre sur 184 hectares : 38 hectares appartiennent à Jacques Eloï Duffau, 82 hectares à la commune de Belin-Béliet et les 30 hectares dont l’ACCA est propriétaire sans compter les cinq propriétaires privés concernés par ce dossier.
« Il n’y aura pas de contraintes pour nos activités de chasse puisque nous sommes des ayants droits. D’après les études réalisées, l’action de chasse ne vient pas déranger les espèces protégées présentes » a insisté Denis Lanusse. L’enjeu autour de ce zonage est, entre autres, de préserver près de 70 espèces à enjeu majeur recensées sur le site et d’organiser des boucles de découvertes respectueuses de la faune et la flore.
« Nous aurons notre mot à dire »
Avant de passer au vote des chasseurs, le maire de Belin-Béliet Cyrille Declercq a pris la parole pour indiquer qu’il était favorable à l’intégration des 82 hectares de forêt dont la commune est propriétaire au sein de la réserve. Trois personnes se sont abstenues, six ont voté contre et 41 membres ont voté en faveur de l’incorporation des parcelles de l’ACCA dans la réserve naturelle régionale.
Pour le Parc naturel régional des Landes de Gascogne, il s’agit d’un grand pas en avant : « Ce vote vient clôturer une étape importante de recueil des avis des propriétaires. Le projet de Réserve, dont la candidature officielle sera déposée auprès des services de la Région Nouvelle-Aquitaine en juillet 2023, couvre ainsi plus de 180 hectares appartenant à plusieurs propriétaires (la commune de Belin-Béliet, l'ACCA, l'État et son domaine fluvial ainsi que 5 propriétaires privés). Le dossier de candidature sera soumis pour avis du CSRPN, le 12 septembre 2023 » peut-on ainsi lire sur le site du Parc.
Pour l’association de chasse de Belin-Béliet, le but de cette intégration est aussi d’être partie prenante du projet : « Cette réserve sera dirigée par un comité de pilotage. Nous aurons donc notre mot à dire » explique Claudie Ducourneau, qui tient à ce que les chasseurs et les propriétaires puissent poursuivre leurs loisirs comme la chasse ou la cueillette. Un premier bail de cinq ans, renouvelable tous les dix ans, devrait être signé dès lors que le dossier sera validé par les différentes instances. En attendant, le projet prend forme collégialement, et une prochaine échéance fixée à 2026 prévoit l’élaboration d’un plan de gestion pour le site.