Par Corentin Barsacq
Le coureur cycliste espagnol, doyen des vainqueurs du tour de France, est mort ce mardi à l'âge de 95 ans. Ses performances en montagne et son coup de pédale singulier ont fait de Federico Bahamontes une légende de sa discipline. Son succès est, de loin, lié à celui des cycles Cazenave, puisque les vélos du cycliste étaient assemblés à Belin.
Il est une légende ce sport si populaire en France. Un grand nom aussi de la Grande Boucle, Federico Bahamontes ayant remporté le Tour de France 1959, tout en finissant sur le podium du Tour de France en 1963, puis 1964. Mais derrière ce palmarès notable, le coureur était surtout un pionnier de son domaine en Espagne. Bien avant les Miguel Indurain et Alberto Contador, Federico Bahamontes devenait le premier espagnol à remporter le Tour, avec un style et un panache qui feront de lui une exception. En montagne, il devient un grimpeur hors pair, sans doute le meilleur de l'Histoire, à tel point qu'il se forge un surnom qui restera également dans l'histoire : l'Aigle de Tolède.
De 1954 à 1965, il fait des cols sa spécialité et remporte le Grand prix de la montagne ( devenu aujourd'hui le maillot à pois) à six reprises. Surtout, il est un formidable ambassadeur de l'équipe Margnat-Paloma, résultat d'une fusion en 1960 des équipes Coupry-Margnat et Rochet-Margnat-BP-Dunlop1,2. Dans les rangs du groupe, des éléments ô combien prometteurs s'entremêlent à l'image de l'espagnol surdoué, mais aussi du " Landais bondissant" en la personne d'André Darrigade. Si l'équipe a disparu après la saison 1965 en raison de l'apparition d'une loi contre la publicité des boissons alcoolisées (Margnat étant une firme de vins), elle a une résonance particulière à Belin-Béliet.
La marque Paloma assemblée à Belin
Natif de Salles, Jean-Claude Lalande a travaillé durant plusieurs années au sein des établissements Cazenave. Dans nos colonnes, en mars 2021, il se souvenait de la conception des vélos de la marque Paloma, alors engagée sur le Tour de France : « J’ai pu parler avec le cycliste champion du monde André Darrigade et récupérer le dérailleur et les freins de Federico Bahamontes, vainqueur du tour de France 1959. J’adorais monter des vélos, c’était ma passion. »
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La trajectoire de la marque Paloma passe en effet par la cité d'Aliénor. Désirant s'ouvrir vers de nouveaux marchés après le décès du fondateur des usines de cycles Louis Cazenave, son fils Franck s'ouvre au sponsoring sportif. La suite est détaillée, avec brio, sur le site memo-velo.com, dont le travail traitant des usines Cazenave constitue une bible en la matière. On apprend ainsi qu'en 1964, un accord de fusion est trouvé entre la marque Paloma et les établissements Cazenave. La fabrication de Paloma, notamment des cyclomoteurs et bicyclettes, est ainsi délocalisée en partie à Belin. L'auteur du site a pu s'entretenir avec M.Massoc, ancien cadre de la société Cazenave qui explique à ce sujet : " Les vélos qui portaient la marque "Paloma" étaient montés " tous Campagnolo" dans les usines de Belin sur des cadres "Carré" conçus par l'artisan parisien" .
Qu'à cela ne tienne, on peut penser aujourd'hui que la fusion fut mal négociée sur l'aspect sportif, tant les marques Paloma - Margnat et plus tard Dunlop, tireront une belle visibilité du Tour de France, ce qui est loin d'être le cas pour Cazenave. La marque de Belin apparait uniquement sur des véhicules publicitaires constituant la célébrissime caravane du Tour. Mais est-ce là le plus important ? On se souvient encore de la fierté perceptible dans les yeux du Sallois Jean-Claude Lalande, au moment de narrer l'obtention des freins de Federico Bahamontes.
Alors si les établissements de Belin n'ont eu que peu de reconnaissance sur la grande compétition de cyclisme, nul doute que les amateurs de la Grande Boucle, et à l'époque salariés à Belin, ont apprécié le rôle, si infime soit-il, de contribuer au succès d'un grand nom désormais ancré dans le cyclisme en Europe.