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ENTRETIEN. Joris Cipresso (US Salles) : « Face à trois gros matchs où nous serons attendus »

Propos recueillis par Corentin Barsacq

Joris Cipresso, 30 ans et encore tout son talent au profit de l'US Salles./Photo Le Belinétois.
Joris Cipresso, 30 ans et encore tout son talent au profit de l'US Salles./Photo Le Belinétois.

Leader de sa poule en Nationale 2, Salles est à un moment charnière de sa saison. Les Sangliers se déplacent ce dimanche 14 janvier sur la pelouse de leur dauphin, l'ambitieux Rennes Etudiants Club. L'occasion pour le troisième ligne Joris Cipresso de dresser un premier bilan à mi-chemin ainsi qu'à l'aube d'un bloc de janvier constitué de ce déplacement à Rennes, de la réception du voisin Langonnais puis d'un nouveau déplacement face à Niort. 

Le Belinétois : Comment s’est déroulée la trêve au sein de l’effectif ?

 

Joris Cipresso : « Nous avons eu une coupure d’une dizaine de jours durant les vacances de Noël. Ça permet de se reposer un peu, de retrouver nos vies respectives, nos familles et nos amis. On a repris les entraînements à partir du mardi 2 janvier. C’est une reprise rapide étant donné que nous avons pu couper dès le 19 décembre. L’idée était d’avoir une dizaine de jours pour ne pas tout perdre.»

 

Tu as débuté en seniors à Salles au niveau fédéral. Aujourd’hui tu es joueur de Nationale 2, au sein du même club. Comment perçois-tu cette évolution, qui plus est lorsque Salles occupe actuellement la première place du classement ?

 

« C’est une grande fierté puisque c’est quelque chose qu’on n’imaginait pas il y a quelques années. Le président peut-être puisqu’il a toujours été assez ambitieux. Dans cette poule, on représente quand même un petit village. Venant du coin, c’est énorme ! Quand on était petit, on allait voir les grands qui jouaient en Fédérale 2 à l’époque. C’était quelque chose qui était déjà énorme, tout le monde voulait avoir son nom là-dedans et jouer dans une équipe de Fédérale. Maintenant, on est monté de deux niveaux. C’est quelque chose de grandiose et ça nous fait rêver. Au sujet de la première place, c’est inespéré. En début de saison, on voulait simplement faire bonne figure dans cette division et pour l’instant, ça marche.»

 

Tu fais partie des joueurs du cru qui évoluent aujourd’hui toujours au sein de l'USS. As-tu un rôle particulier au sein de l'effectif ?

 

« ll ne faut pas oublier que nous sommes tous des passagers dans un club. Nous y sommes pour quelques saisons, plusieurs années pour d’autres. On a tous quelque chose à transmettre comme les valeurs inculquées par les anciens, par les éducateurs que nous avons eu tout au long de l’école de rugby. Notre rôle et notre objectif, en tant que joueur du cru, c’est de transmettre ces valeurs pour ne pas qu’elles se perdent. Il y’a des nouveaux joueurs qui arrivent chaque année, il faut qu’ils s’identifient à quelque chose. S’ils retrouvent en nous des valeurs qu’ils avaient dans leur club formateur, ils vont plus facilement adhérer au projet et s’intégrer.

 

Vis-à-vis de l’école de rugby, on doit aussi incarner ces valeurs. Quand j’étais petit, que je venais voir les matchs le dimanche, j’avais envie de jouer avec les joueurs que je regardais. Je pense qu’aujourd’hui, on représente ce petit truc pour les jeunes et on doit leur montrer qu’on peut arriver de l’école de rugby, jouer à un bon niveau, dans son club, sans avoir à partir ou à faire de grandes concessions.»

 

J’aimerais aborder deux matchs avec toi et connaître ton ressenti sur ces deux performances. La première, c'est la victoire sur la pelouse du RCBA (27-23), et la seconde, c'est la défaite, sept jours plus tard, contre Limoges (19-28) à la maison... 

 

« C’est le chaud et le froid ! Lorsqu’on arrive au RCBA, on sait qu’on est très attendus, qu’en face, ils sont derrière au classement et qu’ils ne veulent surtout pas être largués. Ils reçoivent le club voisin donc forcément, ils ont tout pour bien se relancer. C’était clairement un dimanche de fête. On le savait et on a réussi à contenir leurs assauts pour passer devant dans les vingt dernières minutes. Ça faisait longtemps que ça n’était pas arrivé donc on était tous heureux, les supporters étaient en folie, on était sur un nuage.

 

Et puis la semaine d’après, contre Limoges, la division vient nous rappeler que ça ne sert à rien de s’enflammer. Une semaine avant, tu peux aller gagner à l’extérieur et perdre à domicile la semaine d’après contre une équipe moins bien classée sur le papier. Après, il ne faut pas oublier que Limoges a un budget qui est le double du notre. Mais sur le match, ça a été une grosse déception. Nos supporters voulaient continuer à fêter notre bon début de saison à domicile. Je ne sais pas si c’est de la suffisance, un manque d’envie et de leur côté, un match parfait, mais c’est certain que nous avons été bien en dessous de ce qu’on peut faire.»

Contre le RCBA, Joris Cipresso a certainement vécu l'une de ses plus belles victoires./Photo archives LB
Contre le RCBA, Joris Cipresso a certainement vécu l'une de ses plus belles victoires./Photo archives LB

Finalement, vous avez pu vous reprendre face à Saint-Jean-de-Luz avant la trêve. Comment se prépare l’arrivée d’un bloc costaud avec le déplacement à Rennes (2e) ce dimanche, mais aussi la réception de Langon et le déplacement à Niort (3e) en l’espace de trois semaines ?

 

« Fin janvier, on aura plus de précision sur la suite de la saison. On a un gros bloc de trois matchs où on joue contre le 4e, le 3e et le 2e avec deux déplacements où on sait que nous serons attendus puisque nous avons gagné à l’aller. La réception de Langon sera peut-être le match le plus difficile parce qu’on sait que le Stade Langonnais a une revanche à prendre et ils ont su le faire par le passé pas si lointain. Nous sommes vigilants sur ces trois matchs. On prépare le match de Rennes comme un huitième de finale. À la surprise générale, on va chez le second en tant que premier alors qu’il s’agit d’un favori de la poule. Soit on laisse Rennes nous passer devant, et après, on passera la saison à les regarder de derrière, soit on y va pour se dire qu’on ne va pas faire 7 heures de bus pour rien, qu’on y va pour faire quelque chose, pour montrer que ce petit village à quelque chose à prouver. C’est un peu notre philosophie. »

 

Qu’est-ce qui différencie les deux clubs selon toi ?

 

«  Je ne connais pas suffisamment le club de Rennes puisque c’est la première année qu’on joue contre eux. Mais sur le match aller, j’ai vu un club avec un fonctionnement forcément plus professionnel puisqu’on découvre ce niveau-là bien entendu. Ils sont arrivés un peu plus tôt dans cette division, ils ont par exemple des systèmes GPS sur leurs joueurs, nous, on en est bien loin encore. Ce qu’on a peut-être en plus, c’est cet état d’esprit de club familial qu’on arrive à conserver même si on a des joueurs qui arrivent de l’extérieur. Conserver cette identité de club de village rend heureux nos supporters. C’est peut-être ce qu’on a de plus, mais je ne peux pas l’affirmer puisque comme je l’ai dit, on ne connaît pas assez bien ce club.»

 

À l’aube de ce choc du haut de tableau et d’un mois de janvier intense, quel est l’objectif du groupe en Nationale 2 ?

 

«  L’objectif reste le même, c’est le maintien ! L’entraîneur nous le répète suffisamment. Maintenant, notre objectif à tous, c’est de nous faire plaisir. Si on a le moyen d’accrocher plus haut, on essaiera de le faire et si on n’y est pas, on ne sera pas forcément déçu. Nous sommes sur notre première saison à ce niveau. Tous les joueurs sont compétiteurs. On n’a pas la prétention d’aller en demi-finale, mais si jamais on doit gagner un match pour aller au niveau des phases finales, on le fera sans hésiter si l’occasion se présente.»

 

En discussion ici avec Anthony Meysonnier, Joris Cipresso aurait, tout comme lui, droit à la prime d'ancienneté./Photo archives LB
En discussion ici avec Anthony Meysonnier, Joris Cipresso aurait, tout comme lui, droit à la prime d'ancienneté./Photo archives LB

Tu as aujourd’hui 30 ans. À Salles, tu fais partie des murs et visiblement, tu n’as pas prévu de partir ailleurs. Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour les années à venir ?

 

« À bientôt 31 ans, en effet, je pense que c’est plus trop le moment de partir (rires). Comme tu l'as dit tout à l’heure, on a connu des niveaux inférieurs, la Fédérale 2 pendant un moment, puis la Fédérale 3 pendant une année, la Fédérale 1 en une année aussi. Ce qu’on peut me souhaiter, je dirais comme pour tout le monde. Ne pas avoir de blessure, pouvoir jouer librement et me faire plaisir sur le terrain. Quand on vit des moments comme la victoire au RCBA, qu’on voit les supporters qui s’embrasent, qui chantent et qui te sautent dans les bras à la fin du match alors que c’est juste un match de poule, on sait que c’est des moments magiques, mais qu’il ne me reste pas non plus dix saisons comme ça. Donc je profite, je fais le plein parce qu’après, il y a d’autres plaisirs dans la vie et il faudra passer à autre chose.»

 

« Autre chose », est-ce que ce serait par exemple une reconversion au sein du club ?

 

« J’ai un ami qui me pose souvent la question, mais pour l’instant, je n’ai pas arrêté le rugby. Alors tant que je joue, je n’y pense pas. Quand on est amateurs, on n’est pas comme des professionnels à réfléchir à une reconversion après notre carrière. Moi, j’ai ma vie, j’ai ma famille, j’ai mon boulot qui me prend pas mal de temps. Après le rugby, je pense qu’il y aura une coupure, mais pourquoi pas y revenir avec le souhait de redonner ce que les anciens m’ont donné et être auprès des jeunes de l’école de rugby. Ce ne serait que rendre la pareille.»