Par Corentin Barsacq
Priorité du Parc naturel régional des Landes de Gascogne, la forêt occupe une place majeure au sein du nouveau Contrat de Parc signé aux côtés des départements de la Gironde, des Landes, et de la Région Nouvelle-Aquitaine. Tour d’horizon des enjeux autour de ce document.
« La forêt constitue notre identité. » La formule empruntée au président girondin Jean-Luc Gleyze illustre, à elle seule, cette volonté de défendre le territoire des Landes de Gascogne à l’unisson. Au matin du vendredi 19 janvier, plusieurs institutions étaient réunies autour d’une même table, à Lugos, dans le but de signer le nouveau Contrat de Parc jusqu’à l’horizon 2026. Ce document, appuyé par une enveloppe budgétaire de 200 000 €, constitue une feuille de route comprenant plusieurs programmes et actions prioritaires à mener durant les prochaines années.
En amont de la signature du contrat en présence d’Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine, et de Xavier Fortinon, président du Département des Landes et son homologue girondin Jean-Luc Gleyze, une visite sur le terrain, du côté de Saint-Magne, avait rassemblé une vingtaine de participants aux côtés du Parc naturel régional des Landes de Gascogne. Son président, Vincent Dedieu avait fait une halte devant l’une des 189 lagunes répertoriées sur le territoire saint-magnais. En bordure d’un pare-feu, reconnaissable derrière son manteau de végétation, cette étendue d’eau naturelle adopte une forme circulaire qui lui confère un charme singulier.
Les lagunes, une richesse du cru menacée
Depuis le ciel, elle ressemble à un œil. Seulement, au fil des décennies et d’un dérèglement climatique se faisant de plus en plus ressentir dans ce milieu rare, l’œil semble perdre ses larmes et s’assèche : « Ces espaces se dégradent et c’est pour cela qu’il faut recommander les bonnes pratiques aux abords des lagunes » explique William Caudron, chargé de mission Forêt et biodiversité au sein du Parc naturel régional des Landes de Gascogne.
Face à ce constat alarmant, tous les acteurs de la forêt se sont réunis autour d’une réflexion commune déjà initiée après les tempêtes de 1999, puis 2009. Et ce n’est pas forcément simple lorsqu’on s’appelle le Parc naturel régional des Landes de Gascogne, le Syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest, Alliance Forêt Bois ou encore les chasseurs et associations environnementales. Tout ce beau monde, représenté à Saint-Magne, défend un objectif commun : la préservation du massif forestier : « Il faut concilier les pratiques sylvicoles et les enjeux environnementaux. La vision trop productiviste à court terme peut nous emmener à des constats d’échec. Trouver un équilibre est indispensable pour la survie de cette forêt » expliquait, dans son discours, Denis Lanusse, vice-président du Parc. Dans son propos, le maire de la commune de Vert évoque également les conséquences de l’érosion éolienne, phénomène qui tend à s’accentuer si les défrichements de grandes étendues se multiplient : « Le sable qui est arrivé ici ne demande qu’à repartir » prévient l’élu.
« La forêt n’est pas une réserve indienne »
« L’une des grandes menaces autour de cette forêt est aussi le danger parasitaire » abonde Jean-Luc Gleyze, faisant du massif forestier un élément clé de l’identité du territoire : « Il ne faut pas que cette grande forêt soit considérée comme une réserve indienne dans laquelle on envoie tout ce que les autres ne veulent pas ». Le président du département girondin vise notamment les décharges, la LGV ou encore la ligne très haute tension reliant la France à l’Espagne.
À cela s’ajoutent évidemment les conséquences des incendies, des tempêtes et, par ricochet, des inondations. Dans les différents discours entendus lors de cette matinée, le terme de « sylviculture résiliente » est notamment évoqué, tout comme la nécessaire diversification des essences, par la présence de feuillus, en bordure de parcelles. Il faut dire que l’enjeu est de taille. À l’initiative du Syndicat des sylviculteurs du Sud-Ouest, une étude avait permis de recenser la présence de 2000 espèces dans le massif forestier. Pour maintenir cette biodiversité dans les Landes de Gascogne, il apparaît donc important de retenir l’eau, l’une des ambitions avancées par Alain Rousset : « Il faut « relaguner » les forêts pour éviter que l’eau ne submerge les unités de traitements. »
En ce sens, un fascicule distribué aux professionnels œuvrant au sein de la forêt permet notamment de mieux identifier les lagunes, et de mieux les protéger en prenant soin, par exemple, de respecter une zone tampon entre le périmètre immédiat de la lagune et le périmètre rapproché, qui laisse ainsi un espace suffisant aux engins pour manœuvrer sans détériorer l’espace naturel.
Cet exemple s’inscrit dans le premier objectif stratégique du contrat Parc, à savoir d’engager le territoire forestier dans la restauration et la préservation de sa diversité. Autre pilier à développer dans les années à venir, l’accompagnement de tous les acteurs publics dans leur transition environnementale et énergétique à l’horizon 2030. Enfin, le territoire se doit d’intégrer la sobriété et la vulnérabilité comme des principes de son aménagement. « L’intégration de l’objectif Zéro artificialisation nette exige un changement profond de culture vers lequel le Parc se propose d’accompagner le territoire » indique l’institution.
Étendu sur 51 communes entre les Landes et la Gironde, le Parc naturel régional des Landes de Gascogne est aujourd’hui un acteur important vers une transition en faveur de la préservation de l’environnement. Car comme le rappelait Jean-Luc Gleyze, « le Parc à la particularité d’être le meilleur laboratoire du dérèglement climatique ».