· 

Plateforme logistique à Belin-Béliet : les terrains vendus à la CdC du Val de l’Eyre en attendant PRD

Par Corentin Barsacq

Les élus ont voté à la majorité pour la cession des terrains voulus par PRD./Photo Jean-Baptiste Lenne.
Les élus ont voté à la majorité pour la cession des terrains voulus par PRD./Photo Jean-Baptiste Lenne.

Au cours d’un conseil communautaire largement consacré au projet de plateforme logistique à Belin-Béliet, les élus du Val de l’Eyre ont approuvé, à la majorité, la cession des terrains voulus par le groupe PRD à l’intercommunalité. Une nouvelle étape dans ce dossier assujetti à de vifs débats, y compris au sein des élus du territoire.

 

Une demi-heure avant le début du conseil communautaire programmé ce jeudi 1er février à la mairie de Belin-Béliet, le collectif « Touche pas à ma zone humide » était au rendez-vous, une fois encore, pour manifester son opposition pure et simple à la construction d’une plateforme logistique envisagée à la zone Sylva 21. Le dossier est dans les tiroirs depuis 2018, et adopte aujourd’hui une version plus réduite.

 

Initié par le promoteur Percier Réalisation Développement, le projet auparavant dessiné sur 72 000 m2 d’emprise au sol est maintenant établi sur 53 000 m2. Le promoteur souhaite donc acquérir un terrain de 15,5 hectares situé dans la zone d’activités de Belin-Béliet, mais il doit d’abord transiter par la Communauté de communes, en charge de la gestion de Sylva 21. C’était donc tout l’enjeu de cette délibération portant sur une promesse de vente avec la commune de Belin-Béliet, avec le spectre du promoteur immobilier en toile de fond de cette soirée.

 

Plus d’embouteillages ? « Rien ne le justifie, rien ne le montre »

 

La lecture faite par la vice-présidente de la CdC Blandine Sarrazin n’éludait aucun point constituant ce dossier polémique entre les mains du Val de l’Eyre. Les éléments de langage soulignent que le lieu d’implantation de la future plateforme logistique est « une friche forestière où se développe une lande à molinie en cours de fermeture naturelle raide de milieu » et que les habitats naturels rencontrés « sont des habitats communs dans toute la forêt des Landes de Gascogne, en rotation du cycle sylvicole ». Comprenons ici une zone humide « réglementaire » qui est bien au cœur de la problématique. Si PRD promet d’éviter au maximum cette zone naturelle étendue sur 13 hectares, le promoteur s’engage, en contrepartie, à mener des mesures de compensation qui permettront de restaurer les lagunes de Saint-Magne.

La promesse de 150 à 300 emplois, un bâtiment adapté aux normes environnementales… Tout cela est connu des élus depuis décembre dernier, où un conseil communautaire privé aux côtés des représentants de PRD avait eu lieu à Belin-Béliet. Quant aux habitants du Val de l’Eyre, ils avaient pu découvrir la nouvelle mouture du projet de plateforme logistique dans nos colonnes il y a peu.

 

L’élu belinétois Francis Raynal était le premier à s’exprimer à l’issue de la lecture de la délibération, s’interrogeant sur plusieurs points, notamment la promesse des 300 emplois brandis par le promoteur, ou encore les va-et-vient des camions qui pourraient générer « des embouteillages, probablement des accidents » ou encore une saturation de l’accès à l’A63. 

À cela, le président de la CdC du Val de l’Eyre Bruno Bureau indiquait qu’une visite d’une plateforme logistique érigée par le promoteur sera organisée prochainement, avant de balayer l’hypothèse d’un risque accru d’embouteillages : « Dire qu’aujourd’hui, il y aura plus de problèmes pour rejoindre Salles ou Belin-Béliet est une contrevérité. Rien ne le justifie, rien ne le montre ».

 

« Cessons d’être naïfs »

 

L’élu sallois Dominique Baude défendait quant à lui la vision d’Europe Écologie Les Verts sur ce dossier : « Ce projet propose de sacrifier 15 hectares et demi d’espaces naturels exceptionnels au cœur du Parc naturel régional des Landes de Gascogne et à proximité de la Leyre (…) C’est une aberration climatique et environnementale. Ce type de site est une solution pour lutter contre les incendies. Cessons d’être naïfs, soyons réalistes et ayons conscience que nous nous faisons berner » clamait l’élu sallois, pointant également du doigt la vente au prix de 6€ du m2 auprès de la CdC. Une fois encore, Bruno Bureau allait au contre : « 6 euros du m2, ce n’est pas le prix que PRD va payer à la CdC, c’est le prix auquel la CdC achète les terrains. Il faut éviter de dire n’importe quoi » semblait s’agacer l’élu, en poursuivant : « 15,5 hectares de zones humides oui, mais exceptionnels, non. Il y en a partout sur le territoire à partir du moment où on coupe les pins. C’est bien ce qui a été dit par l’écologue. »

 

Autre prise de parole d’un élu de Salles, celle de Patrick Antigny, qui justifiera au micro son choix de s’opposer à cette promesse de vente malgré les efforts consentis par PRD. « On ne vote pas l’implantation d’une plateforme logistique aujourd’hui. On vote l’achat d’un terrain à la commune de Belin-Béliet pour qu’un promoteur puisse porter un projet et déposer un permis de construire qui aboutira ou pas. Je ne laisserai pas tourner le débat à autre chose que celui-là » déclarait alors le président de l’intercommunalité, quelques minutes après avoir menacé de faire évacuer la salle suite à une intervention orale d’un membre du public.

 

Deux voix en faveur du projet se feront notamment entendre : celle de la maire de Saint-Magne Ghislaine Charles, saluant le programme de compensation évoqué : « Nous n’aurions jamais pu le faire, économiquement parlant », quand Vincent Techoueyres, élu de Salles, se prononçait « pour l’emploi sur le territoire ». Après des discussions nourries, la promesse de vente a finalement été adoptée à la majorité, avec vingt voix pour, quatre abstentions et quatre voix contre.