Par Corentin Barsacq
Une classe Ulis de l’école Aliénor de Belin-Béliet va être transférée à Biganos, notamment au regard d’un nombre important d’enfants entrant au collège en septembre prochain. Or, pour les parents d’élèves, l’absence annoncée de dispositif aux collèges de Salles et du Barp est un véritable coup de massue.
« Notre fille a une maladie grave, elle est en train de vivre peut-être ses plus belles années par rapport à l'évolution de sa maladie. Ce n’est pas maintenant qu'il faut tout compromettre ». Depuis 2019, Clémence Bajeux voit l’évolution de sa fille Maéline, à travers le prisme scolaire. Atteinte d’une maladie neurodégénérative rare, la jeune fille bénéficie, comme d’autres élèves, du dispositif Ulis présent à l’école d’Aliénor à Belin-Béliet. L’an prochain, cette classe sera transférée à Biganos. Une nouvelle annoncée à la fin du mois de mars dernier, lors de la publication de la carte scolaire pour la rentrée de septembre prochain. Ce document centralise notamment les ouvertures et fermetures de classe en fonction des effectifs envisagés par établissement. La fermeture d’une classe élémentaire à Aliénor y figure aussi.
Pour Stéphanie Ridois, mère d’un élève scolarisé en classe Ulis à Aliénor, la nouvelle a d’abord été entourée d’incertitudes : « Mon petit garçon de sept ans est autiste sévère sans déficience intellectuelle. Dans cette classe d’Aliénor il a une super maîtresse et des AESH qui le sont aussi » explique-t-elle. Depuis, des explications ont pu être apportés aux parents. Belin-Béliet a la particularité d’abriter deux dispositifs Ulis côte à côte, l’un à Bertrine, l’autre à Aliénor.
Pour réduire le temps de trajet des familles
Contacté par nos soins, l’Académie de Bordeaux explique : « Un nombre important d'enfants entrant au collège à la rentrée 2024 va de fait fortement impacter les effectifs de ces deux classes déjà très faibles, il a été donc pris la décision de transférer la classe ULIS d'Aliénor sur la commune de Biganos. Ce déménagement est également justifié par l'objectif de réduction des temps de trajet des familles avec enfants en situation de handicap qui pour beaucoup vivent à proximité de Biganos. »
Accueillant en moyenne une dizaine d’élèves par classe, le dispositif Ulis (Unités localisées pour l'inclusion scolaire) permet à des élèves en situation de handicap ou malade de suivre un enseignement adapté à leurs besoins. Avec l’appui d’un coordonnateur de l’ULIS et des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH), les écoliers peuvent apprendre des notions à leur rythme, tout en bénéficiant de temps d’inclusion dans les classes ordinaires : « Ma fille est atteinte d’une maladie génétique rare. Elle ne peut pas parler, ne peut pas suivre l’école comme tout le monde. Grace au dispositif Ulis, elle peut faire des mathématiques, apprendre de nouvelles choses malgré sa situation » témoigne Vanessa Bunlet, maman de Mila.
Une décision que Stéphanie Ridois attend avec quelques craintes: « Nous avons reçu un mail de la directrice de l’école nous expliquant que nous aurons le choix entre l’école Bertrine ou l’école de Biganos ». Vanessa Bunlet appréhende tout de même cette transition. Sa fille, Mila, atteinte d’une maladie génétique rare, a besoin d’un cadre rassurant autour d’elle : « J’espère que les AESH suivront dans la classe car ces enfants ont besoin de garder leurs repères et d’être accompagnés ».
En ce sens, l’Académie nous confirme que les familles « seront toutes accompagnées dans leur choix individuel, aucun changement ne sera subi. Les services de la DSDEN, notamment l'Inspecteur de l'Éducation nationale de circonscription, se tiennent à la disposition des familles qui en ressentent le besoin et qui souhaiteraient évoquer leur situation personnelle. » En outre, le déplacement des élèves en Ulis d’Aliénor à Bertrine ne devrait pas augmenter les effectifs de la classe.
Du CM2 à la sixième, le saut dans l’inconnu
Seulement, une autre problématique se hisse devant les familles d’enfants scolarisés en Ulis. Le collège Aliénor d’Aquitaine de Salles et le futur collège du Barp ne comptent pas de classes bénéficiant du dispositif Ulis. Une inégalité pour les parents, qui attendaient beaucoup de l’ouverture du collège du Barp : « Les rares Ulis en collège sont saturées. Notre fille risque d’être envoyée loin, ce qui va changer considérablement notre rythme jusque-là bénéfique pour son évolution » observe Clémence Bajeux, inquiète. En Gironde, il y a bien sûr des Ulis à Biganos, le Teich, Gujan-Mestras, ou encore Saint-Symphorien et Saint-Selve :
« Nous ne sommes pas certains d’y obtenir des places » note Vanessa Bunlet.
Sa fille Mila devrait faire sa rentrée au collège dans quelques années mais la mère de famille se prépare à cette problématique : « Les classes en Ulis sont débordées dans les collèges. Nous avons déjà de nombreux rendez-vous médicaux qui sont éloignés de Belin-Béliet et on doit maintenant se préparer à scolariser notre fille ailleurs ». Pour Clémence Bajeux, l’urgence est là. Dans quelques mois, sa fille effectuera une rentrée dans l’un des établissements listés plus haut sans certitude d’avoir une place : « La direction de l'école nous a rassurés sur l'avenir de nos enfants, en assurant qu'ils seraient prioritaires, que nous aurions une place. Mais on voit bien que l'Éducation nationale est perdue. On a l'impression que les décisions sont prises par des personnes qui n'ont pas mis les pieds à l'école depuis des années » martèle la mère de famille.
Pour les parents d’élèves qui ont décidé de se faire entendre, l’ouverture d’une classe Ulis dans l’un des deux collèges du Val de l’Eyre est primordiale : « Nous avons appris que le collège de Salles avait pu obtenir une classe dédiée à l’Ulis mais elle n’a jamais été ouverte. Ils n’ont nommé personne. On nous dit que l’Ulis ouvrira peut-être l’an prochain au Barp mais nos enfants ne changeront pas d’établissement tous les ans. Leur équilibre est beaucoup plus précaire et instable que les enfants qui n’ont pas de handicap ». Désormais, les parents d’élèves attendent des réponses mais surtout des nouvelles d’une hypothétique classe Ulis au collège. Un courrier a été adressé en ce sens à la députée de la neuvième circonscription Sophie Mette.