Par Corentin Barsacq
Ces derniers mois, le bureau de poste de Belin-Béliet multiplie les fermetures exceptionnelles. À compter du 1er juillet, il ne sera ouvert que 15h par semaine. Forcément, le spectre d’une fermeture définitive est pris très au sérieux dans la commune, mais La Poste tempère…
« Encore une fois, on va devoir aller jusqu’à Salles ». Devant le bureau de poste, en pleine semaine, une habitante de Belin-Béliet trouve porte close. Comme ce fut le cas la semaine passée, l’agence de La Poste est une nouvelle fois fermée : « Finalement, ce sont les ouvertures qui sont exceptionnelles » ironise-t-elle au moment de lire le message laissé sur la porte et avertissant de la fermeture de La Poste ce jour. Depuis maintenant plusieurs semaines, l’inquiétude des habitants est visible aussi bien sur les réseaux sociaux que sur la porte de La Poste. Durant plusieurs jours, des inscriptions laissées par des habitants passablement agacés pouvaient être visibles sur la devanture de l’opérateur de services postaux : « Guichet ouvert le 29 février sauf les années bissextiles » ou bien « Fermer La Poste, vous êtes timbrés ».
Seulement, l’humour grinçant n’occulte pas la gêne occasionnée à une commune de 6 000 habitants. Lors du dernier conseil municipal, la situation a été abordée par le premier adjoint Jean-Pierre Ducournau : « À compter du 1er juillet, le bureau de poste sera ouvert 15 heures par semaine. C’est désolant » expliquait-il. D’autant que ces 15 heures seront réparties sur cinq demi-journées, du mardi au samedi matin. Difficile donc de s’y retrouver pour des habitants qui sentent bien le vent tourner à l’égard du service public.
Pas de fermeture définitive mais « une évolution »
Mais alors, pourquoi La Poste réaménage son service local ? D’abord, au moins deux bureaux de poste dans le Val de l’Eyre connaissent une problématique semblable : Belin-Béliet et Le Barp, où la fréquentation des agences a considérablement diminué ces dernières années : « Sur dix ans, La Poste à Belin-Béliet à une perte d’activité de 50% en visite clients, mais aussi en opération » ajoutait par exemple l’élu Jean-Pierre Ducournau. La situation à Belin-Béliet n’est pas non plus un cas isolé puisqu’en France, la fréquentation des guichets de poste a diminué de 52% en cinq ans selon les chiffres publiés par La Poste en 2023.
Forcément, ces fermetures répétitives ont rapidement suscité l’inquiétude des administrés, jusqu’à même imaginer une fermeture définitive du guichet : « Ce n’est pas une priorité pour La Poste » explique d’abord le président de la communauté de communes du Val de l’Eyre Bruno Bureau qui met en avant des problématiques en matière de personnel pour expliquer ces fermetures. Contactée par nos soins il y a plusieurs semaines, La Poste explique avoir rencontré les élus des communes de Belin-Béliet et du Barp « pour voir s’il y a matière à faire évoluer la présence postale sur place ».
« On s’oppose à la fermeture de la Poste »
Derrière cette formule, des pistes étudiées comme à Belin-Béliet, où Jean-Pierre Ducournau évoquait une hypothétique mise en place d’une agence postale communale, ou d’un Relais Poste Commerçant. De son côté, le maire de Belin-Béliet l’affirme : « On s’oppose à la fermeture de La Poste même si nous n’en sommes malheureusement pas maîtres ». Au cours de la réunion entre les élus locaux et les représentants de La Poste, le maire indique avoir « mis en évidence la déshérence, en milieu rural, d’un certain nombre de fonctions relevant des services publics ».
La Poste maintient de son côté qu’il n’y a aucune fermeture annoncée, ni même de fusion entre plusieurs agences postales dans le Val de l’Eyre. Reste à répondre à l’obligation de la présence postale dans la commune. Mais de quelle manière ? À La Poste et à la commune d’en convenir dans les prochaines années…