Par Alain Labarbe
Dimanche 7 juillet, les citoyens français sont une nouvelle fois appelés aux urnes pour clôturer le second tour des élections législatives. Et si le scrutin est bien organisé par les communes, ce sont des scrutateurs indépendants qui assurent le dépouillement. Récit de ce rôle essentiel.
Que se passe-t-il dès lors que les bureaux de vote ferment leurs portes ? Tel est la question qui n’a désormais plus aucun secret pour le Belinétois Alain Labarbe, qui s’est porté volontaire pour être scrutateur lors des élections européennes du 8 juin dernier. Prêtant depuis peu sa plume au média local du Val de l’Eyre, il a souhaité partager son expérience avec les lecteurs.
Le scrutateur intervient pour le dépouillement des votes après la fin du scrutin à 18 h pile dans nos communes du Val de l’Eyre. La fermeture toute théorique puisque le dépouillement est public et que les portes doivent rester ouvertes.
Pour devenir scrutateur, il suffit de répondre à « l’appel d’offres » lancé par les mairies quelques jours avant le scrutin, quoique certains paraissent avoir leurs places attribuées et semblent là depuis l’instauration du suffrage universel. Une garantie de sérieux.
Des bénévoles précieux pour la démocratie
C’est un rôle modeste et bénévole, mais important pour le processus démocratique, car il permet de faire entrer dans le circuit électoral des personnes étrangères aux organisateurs de l’élection, ce qui confère un statut d’observateurs. Des casques-bleus en quelque sorte ! À l’horaire prévu, le scrutin est déclaré clos et l’urne vidée de ses bulletins de vote. Aussitôt, ceux-ci sont empilés en paquet de dix et alignés par ligne pour un premier comptage qui est aussitôt comparé aux chiffres des cahiers d’émargements signés par les votants.
C’est un grand ouf de soulagement qui parcourt l’assistance, car en cas de désaccord sur les chiffres, c’est un peu panique à bord, personne ne sort de la salle tant que les chiffres ne sont pas en correspondance parfaite. Les bulletins sont glissés par cent dans de grandes enveloppes numérotées qui sont ensuite déposées une par une sur les tables de dépouillement. Chaque table compte quatre scrutateurs, et en général, un représentant de la municipalité.
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Le premier scrutateur sort les cent bulletins de l’enveloppe repérée. D’un geste élégant, celui-ci présente l’intérieur de l’enveloppe à l’assistance pour contrôle. En suivant, le premier scrutateur déplie le bulletin contenu dans l’enveloppe de vote et s’assure que celle-ci est bien vide. Il passe le bulletin au deuxième scrutateur qui annonce à haute voix la liste ou le nom inscrit sur le bulletin et classe devant lui les votes par catégorie, au fur et à mesure.
Des surprises dans les enveloppes
La préfecture fournit les feuilles de comptage pré-remplies avec le nom de la liste ou du candidat. Pour les élections européennes, il y avait 36 entrées de noms de liste, ce qui induira pas mal de flottement pour s’y retrouver dans ces dénominations un brin obscures. Les élections législatives, qui ne comportaient que seulement cinq entrées avec les noms de famille des candidats étaient de la rigolade en comparaison. Les scrutateurs trois et quatre cochent chacun au crayon à bille une feuille de comptage à l’annonce des bulletins.
Vint ensuite l’heure du bilan par table. Sur 110 bulletins dépouillés sur l’une d’elles, onze listes obtiennent au moins un résultat, une profession de foi trouvée dans l’enveloppe à la place du bulletin de vote ce qui équivaut à un nul, une enveloppe vide et un vote avec deux bulletins identiques (un seul sera évidemment comptabilisé.)
À la fin, les totaux sont réalisés et croisés, même les enveloppes vides sont recomptées. Dès lors que toutes les données correspondent, les deux feuilles de résultats sont émargées par les quatre scrutateurs et un représentant élu. L’une est envoyée à la préfecture, l’autre reste en archive à la mairie dans la grande enveloppe scellée et signée et qui contient l’ensemble des votes. Il est de bon ton que le dépouillement se déroule dans une ambiance détendue et calme, ce qui était exactement le cas. À la fin des « Européennes », les scrutateurs se sont félicité de se retrouver en 2027. Quelques heures, plus tard, l’actualité en a décidé autrement. Rebelote pour les législatives !