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Belin-Béliet : un drapeau tricolore dans une France occupée, le coup d'éclat du 14 juillet 1944

Par Alain Labarbe

Seul Élie Labarbe est identifiable sur cette photo. C'est pourquoi nous faisons appel à nos lecteurs.
Seul Élie Labarbe est identifiable sur cette photo. C'est pourquoi nous faisons appel à nos lecteurs.

Le 14 juillet 1944, sur la place de Béliet, un drapeau français flotte dans les airs. Un acte de rébellion symbolique qui marque l'attachement du village pour sa liberté. 

 

Le 14 juillet, un jour si particulier pour la France. Dans un territoire occupé par les soldats allemands, un mât portant fièrement un drapeau tricolore est dressé sur la place de Béliet pour célébrer la fête nationale en ce 14 juillet 1944. L'acte de bravoure est signé par la résistance locale, le groupe de Beliet. Dans un ensemble d'actions de résistance, celle-ci peut paraître anodine, plus symbolique qu'efficace. Or, sous l'Occupation, un tel acte pouvait valoir une déportation ou même une exécution sommaire par les troupes allemandes. 

 

Pour les 80 ans de cet événement et la Libération du pays, nous vous proposons une évocation du groupe de Beliet , partie prenante de la résistance Française. Et il n'est pas simple de garder le souvenir de ces courageux défenseurs de la liberté. Aucune plaque sur un bâtiment, aucun nom de rue ou de square pour les hommes, et les femmes, du groupe de Beliet, un mouvement de résistance actif sur notre village du Val de L’Eyre et qui se transforma en unité combattante à la libération.

 

À part cette photo jaunie le narrateur, qui devrait être bien informé en tant que petit fils du principal protagoniste, ne possède aucune archive permettant de reconstruire l’histoire de ce mouvement. C’est donc davantage une évocation à partir de discussions familiales trop rares et de sources ouvertes, qu’un travail de recherche historique qui est proposé dans cet article. 

 

Que sait-on de cette photo ? 

 

Le principal protagoniste Elie Labarbe, le directeur de la fonderie Julien Destang à Beliet. On l'aperçoit sur la photo, debout au milieu avec son calot, portant beau dans sa tenue d’officier FFI. Bien entendu, cette photo n’est pas celle du groupe de Beliet. On ne se prenait pas en photo dans la résistance, mais celle des hommes engagés comme combattants FFI dans les unités constituées à la Libération.Les volontaires de l’été 44 signaient un engagement " pour la durée de la guerre plus trente jours". À l’époque, les contrats de travail étaient succincts.

 

Du groupe de Beliet manquent certainement les hommes trop âgés, les résistants non engagés, et surtout les femmes, éternelles oubliées des hommages et remises de décorations. Et pourtant, il y en avait dans le groupe comme Jeanne Labarbe, grand-mère de votre plume,  ou Léonie Bertrand (NDLR : Léonie et son mari habitaient dans la bourg de Beliet à coté du Cercle) qui assuraient le transport des armes parachutées et les messages.

 

 

 

Belin-Béliet était un lieu de villégiature pour les soldats de la Waffen-SS, ici photographiés dans le bourg de Belin./Photo collection LB
Belin-Béliet était un lieu de villégiature pour les soldats de la Waffen-SS, ici photographiés dans le bourg de Belin./Photo collection LB

Ils sont 27 sur la photo, avec leurs équipements et uniformes disparates, les casques Adrian nous ramènent à la première guerre mondiale. On voit bien que les intendants US ne sont pas venus dans la région, eux qui équipaient une division en un clin d’œil et demandaient une semaine de délai pour un corps d’armée. Ils sont 27 sur la photo et pour le moment nous n’en connaissons qu'un, Elie Labarbe qui est à l’origine du groupe de Beliet, affilié à l'OCM, et qui amènera ses hommes jusqu’à Stuttgart en Mai 1945 en passant par les combats de la Pointe de Grave (ou poche du Médoc.)

 

Un appel à nos lecteurs

 

Il survivra avec le groupe dans les heures terribles de l’automne  1943 - 1944 qui décimeront l'Organisation civile et militaire (OCM), un des plus importants mouvements de résistance et une des organisations à l’origine du conseil national de la résistance. Il reste donc  26 hommes anonymes. Peut-être, grâce à cette publication, nos lecteurs nous permettront de les sortir un instant de l'oubli, même si nous ne retrouvons que la trace d’un seul d’entre eux le travail de mémoire sera fait.

 

Si vous possédez la même photo chez vous, si dans votre histoire familiale le groupe de Beliet évoque même un souvenir très vague, contactez-nous par mail à lebelinetois@gmail.com. 

 

 

Dans les prochains jours, votre plume installée depuis peu parmi les rédacteurs du Belinétois vous retrouvera pour une évocation plus détaillée du groupe et de ses actions. Vous rencontrerez pour le meilleur et le pire le SOE Britannique (Spécial opération exécutive, services secrets britannique chargé des opérations dans les territoires occupés) et ses agents Claude de Baissac ( David) et Roger Landes ( Aristide) , les responsables de la résistance de l’OCM André Grandclément (Bertrand) et André Bouillar ( Dédé le basque), Léonce Dusserat (Léon des Landes)  ou encore Franck Cazenave...