Par Corentin Barsacq
Jour de fête à Belin-Béliet. Les sapeurs-pompiers organisent leur traditionnel bal du 14 juillet tout en rendant hommage à leur fief bien gardé. Le centre de secours fête ses 80 ans. Des générations de sapeurs-pompiers témoignent.
« La caserne, c’est notre deuxième maison. Si nous ne sommes pas chez nous, c’est que nous sommes ici ». Autour de la table, sur les extérieurs du centre de secours de Belin-Béliet, Dimitri Denys connaît ce lieu par cœur. Pourtant, il est aussi, parmi toutes les voix qui s’entremêlent, l’un des plus jeunes. Il faut dire qu’autour de lui, l’escouade intergénérationnelle a des souvenirs à mettre sur la table.
Il y a 80 ans, les sapeurs-pompiers de Belin ont élu domicile dans cette maison de maître qui appartenait au domaine de Jean-Paul Fabre. « À l’époque, on comptait un camion par caserne. Il y avait un chef de corps qui dormait à l’étage » indique Jean-Paul Valero, 79 ans, et 23 ans de service.
S’il n’y avait pas de caserne du côté de Béliet, les camions étaient stationnés sur le terrain de la famille Salefran tandis que le clocher de l’église Saint-Maurice permettait de voir au loin les premières fumées des traditionnels incendies. « Au moment de la fusion entre Belin et Béliet, les volontaires de Béliet ont rejoint les pompiers communaux de Belin » poursuit Jean-Paul Valéro. Positionné en un lieu stratégique, en bordure d’une ancienne Nationale 10 traînant une mortelle réputation, le centre de secours de Belin avait pignon sur rue.
Un GMC s'était renversé dans la Leyre
« Dès lors que la sirène sonnait un coup court, l’ambulance partait. S’il y avait deux coups longs, on savait qu’il s’agissait d’un départ de feu sur la commune » énumère Jean-Luc Barsacq, 35 ans de service. Son compagnon de route, Serge Daugé, se souvient bien de la sirène qui retentira ce dimanche à 12h pour l’anniversaire de la caserne : « Cela réveillait tout le bourg et on l’entendait jusqu’à Joué » indique l’homme aux 36 années de service qui a vu défiler les chefs de centre.
Ces derniers sont d’ailleurs évoqués dans les discours de chacun : le chef de corps Dupin, puis Oberson, ou encore plus récemment le lieutenant Jean-Michel Plantey, et aujourd’hui le lieutenant hors classe Arthur Lacvivier… En contemplant le bâtiment principal de la caserne, Christian Barsacq, arrivé dans la caserne a sa majorité, n’a pas vu le temps passer. Il a pris sa retraite après 46 ans de bons et loyaux services, en 2021. Sous sa houlette, des centaines et des centaines de sapeurs-pompiers formés à la conduite des véhicules d’intervention et des souvenirs gravés dans le marbre : « Quand je suis entré aux pompiers, on avait encore l’antenne chirurgicale avec un docteur et deux pompiers professionnels » se remémore-t-il.
Il faut dire que les interventions pour de graves accidents routiers étaient monnaie courante au pont du Passage et du Pontricot : « Les accidents, c’était le plus dur » reconnaît l’ancien professionnel. Son frère Jean-Luc, et son compère Serge Daugé ne diront pas le contraire lorsque leur ambulance glissa sur une plaque de verglas pour se retourner sur la chaussée.
Une mésaventure heureusement sans gravité, qui n’est pas sans rappeler un autre événement marquant : « Au milieu des années 70, deux pompiers de Belin-Béliet devaient intervenir sur un incendie. Au moment de franchir le pont du Passage, le GMC s’est renversé dans la Leyre. Deux infirmières qui passaient par là ont sauté à l’eau pour les sauver de justesse » raconte l’assemblée.
La caserne, l'autre maison
Transmis de génération en génération, ces récits sont écoutés avec soin par les plus jeunes. Pascal Boyrie, 30 ans de carrière, évoque quant à lui son rapport avec le feu : « On ne pense pas à avoir peur. Si on a peur, ça ne sert à rien d’y aller ». Au vol, parmi les centaines de photographies qui s’amassent sur la table, il attrape un portrait de lui. Si le temps passe, la passion reste en revanche intacte et les souvenirs demeurent.
La caserne avait son équipe de foot, ses tournois de pétanque, ses Sainte-Barbe et ses bals jusqu’au lever du jour. Aujourd’hui encore, notamment par la force de son amicale, les effectifs savent lâcher prise malgré la dureté de la fonction. Ce dimanche, ils seront à l’airial de la mairie pour le traditionnel bal du 14 juillet et son feu d’artifice, tiré depuis le stade Suzon.