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Belin-Béliet : des riverains dénoncent la coupe de plusieurs platanes, le maire évoque des risques sanitaires et de sécurité

Par Corentin Barsacq

Le collectif souhaite empêcher l'abattage de certains platanes qui pourraient être sauvés./Photo A.L
Le collectif souhaite empêcher l'abattage de certains platanes qui pourraient être sauvés./Photo A.L

Un collectif d’habitant milite contre la coupe envisagée par la mairie de Belin-Béliet de plusieurs platanes sur une allée du bourg. Or, le maire de Belin-Béliet Cyrille Declercq avance des risques sanitaires mais aussi de sécurité, et annonce la replantation future de 25 arbres.  

 

« Je purifie, je rafraichis, je protège ». Sur l’un des nombreux platanes de l’allée perpendiculaire à la place de Belin, un collectif de riverains ne décolère pas et souhaite le faire savoir. Des affiches ont été collées sur plusieurs arbres voués à être prochainement abattus si l’on en croit la demande de dérogation faite par la municipalité, auprès des services de l’État, le mois dernier : « Sauvez-moi » peut-on également lire sur un de ces grands platanes. En mai dernier, Anne Luyten, une riveraine de l’allée, prend connaissance d’une expertise forestière en cours sur les 18 platanes situés dans cette zone : « En discutant avec les entreprises qui sont intervenues, ils nous ont expliqué que les 18 platanes de l’allée seront abattus, et que d’autres arbres seront replantés sur la place du parking ». 

 

Rapidement, le voisinage se mobilise dans un collectif baptisé « Touche pas à mes platanes » afin de mieux connaître les éléments autour de ce dossier : « Nous savions que la mairie envisageait d’abattre quatre platanes. Le maire l’avait évoqué lors d’une réunion publique, expliquant que cela était nécessaire pour aménager l’entrée du parking public » poursuivent les membres du collectif parmi lesquels se trouvent Anne Luyten, Gérard Rodriguez,

Alain Thibault ou encore Gwénaël Ruche. 

 

13 arbres concernés

 

« Il y aura toujours des platanes sur l’allée des platanes » répond Cyrille Declercq. Rapport en main, chiffres à l’appui, le maire de Belin-Béliet ne cache pas son amertume dans ce dossier. Dans le cadre des travaux menés sur la place de Belin pour le compte de la convention d’aménagement de bourg, la municipalité a en effet mandaté un expert forestier dans le but de dresser un bilan sur l’état physiologique de 18 platanes situés sur l’allée éponyme. Les résultats laissent apparaître la nécessité de procéder, notamment, à la coupe urgente d’un platane infecté par les champignons, tandis que d’autres arbres présentent également des signes de faiblesse. 

 

Au total, on compte un arbre devant être urgemment abattu, tandis que douze autres pourraient l’être prochainement, en fonction de l’accord ou non donné par les services de l’État. C’est d’ailleurs pour cela qu’une demande de dérogation a été faite par la municipalité au regard de l’article 350-3 du Code de l’Environnement qui considère que « les alignements d’arbres constituent un patrimoine culturel ».

Des inscriptions sont lisibles sur certains arbres de l'allée des platanes./Photo LB
Des inscriptions sont lisibles sur certains arbres de l'allée des platanes./Photo LB

Dans le dossier constitué, chaque arbre fait état d’une fiche regroupant son état sanitaire, physiologique et mécanique. Ainsi, la mairie compte sauvegarder cinq arbres, tout en replantant, dans le cadre des travaux menés sur la place, 25 arbres dont les essences restent à définir en fonction des recommandations du Parc naturel régional des Landes de Gascogne. « On ne coupe pas des arbres de gaieté de cœur. Ces platanes ont plus de 80 ans. C’est malheureusement le cycle de la vie. Nous replanterons quatre arbres sur l’allée des platanes, mais aussi au bout du parking et en différents lieux sur la place, sans compter ceux que l’on gardera » assure Cyrille Declercq. 

 

« L’abattage peut être un choix »

 

Pour le collectif opposé à la coupe de ces arbres, le maire aurait pu préserver d’autres platanes : « Cinq nécessitent des soins, des coupes de branches. L’abattage peut être un choix » avant de poursuivre : « De nombreux scientifiques avancent que les arbres et la végétation en milieu urbain aident à lutter contre le dérèglement climatique en créant des zones ombragées réduisant le ressenti des chaleurs et en participant à la résorption des sols. »

 

Pour le maire, le dossier est plus complexe que cela. Si certains arbres peuvent en effet être sauvegardés, aucune garantie n’existe sur l’efficacité des mesures prises et le risque pourrait être trop grand, aussi bien sanitairement qu'en cas d'intempérie. Sur ce cas-là, le choix revient en effet au maire, au regard des recommandations de l'expertise : « Ce sont de très vieux arbres. Le jour où ils tomberont sur la tête de quelqu’un, on criera au scandale ». Enfin, l'édile martèle que la possible coupe de ces platanes ne présente aucun lien avec le vaste projet immobilier de 70 logements prévu en lieu et place d'une maison situé à proximité de l'allée des platanes. 

 

Pour l’heure, la municipalité est toujours dans l’attente d’une réponse des services de l’État. Ces derniers pourraient accepter la demande de dérogation formulée par la Ville si cette dernière démontre « que l'état sanitaire ou mécanique du ou des arbres présente un danger pour la sécurité des personnes ou des biens ou un risque sanitaire pour les autres arbres ou que l'esthétique de la composition ne peut plus être assurée et que la préservation de la biodiversité peut être obtenue par d'autres mesures ». 

 

Notons également que l’article 350-3 du Code de l’Environnement stipule également que l’État peut autoriser l’abattage des arbres pour les besoins de projets de travaux, d’ouvrages ou d’aménagements. La Ville de Belin-Béliet souhaite faire de l’allée des platanes une voie douce pour permettre l’accès à la future nouvelle place aux piétons et cyclistes. De son côté, le collectif annonce être soutenu par l'association du Groupe national de sauvegarde des arbres. Dans cet épineux dossier, l’avenir devra donc écarter des zones d’ombre… 

 

Contact Collectif Touche pas à mes platanes : 06 78 82 99 80