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Belin-Béliet, récit d’une fusion : la chute de Cazenave et un mariage de nouveau sur la table

Par Corentin Barsacq

Juillet 1975, Cazenave vit ses dernières heures et les 106 derniers employés viennent d'être licenciés malgré l'occupation du site./Photo archives Sud Ouest Roger Coudert
Juillet 1975, Cazenave vit ses dernières heures et les 106 derniers employés viennent d'être licenciés malgré l'occupation du site./Photo archives Sud Ouest Roger Coudert

Jusqu’au 6 septembre, Le Belinétois revient, au travers d’une série d’articles, sur les moments marquants de la fusion entre les deux villages du Val de l’Eyre. Le deuxième épisode de cette série est consacré à la chute de l’industrie Cazenave et au retour d’une idée qui avait déjà fait son chemin dans l’esprit des élus : le mariage entre Belin et Béliet. 

 

Épisode 1 : Val de l’Eyre : « Avant la fusion, on disait qu’à Belin, c’était les souliers et les sabots à Béliet »

 


Jusqu’au début des années 70, l’esprit « fusionnel » entre Belin et Béliet n’avait pas franchement convaincu l’ensemble des parties. Il faut dire que déjà, à l’après-guerre, l’idée d’unifier les deux communes avait déjà été évoquée, sans toutefois être mise sur la table des deux conseils municipaux de Belin et Béliet. Seulement, le paysage économique du territoire apparaissait bouleversé, à la fin des années 60, par la lente agonie des usines Cazenave, dont le site comptait une scierie, une fonderie, puis une usine de cycles, et dont le dernier département sera contraint à une fermeture brutale, faute de commandes suffisantes pour maintenir son activité. 

Dans ce contexte, la commune de Belin voit partir sa jeunesse vers la ville pour espérer trouver un emploi. « La disparition annoncée des usines Cazenave a été un cataclysme » se remémore Serge Ballion, ancien salarié de l’entreprise. Présent depuis 1901 à Belin, ce fleuron industriel rayonnait en Gironde et dans les Landes par un savoir-faire qui a traversé les décennies.  Or, la situation économique des Établissements Cazenave est désastreuse.

 

Le travail effectué par le site www.memo-velo.com permet d’ailleurs d’en mesurer la teneur. Les banques lâchent l’entreprise, Franck Cazenave quitte la direction des usines et les ouvriers ont la certitude que la fin est proche. Pour les élus, la disparition des usines Cazenave laisse craindre des répercussions inédites aussi bien pour Belin que pour Béliet. 

 

Un premier projet de fusion avorté

 

Dès 1970, c’est le village d’Aliénor qui semble faire le premier pas vers Béliet en votant en faveur d’une fusion dont les termes restaient encore à définir. Seulement, du côté de Béliet, le maire de l’époque Pierre Mano n’y était pas favorable comme se souvient Josette Barsacq, native de Béliet : « À Béliet, les élus ont eu du mal à se mettre d’accord. Le vote non est arrivé en tête, pour un temps seulement ».

Maire de Béliet, puis de Belin-Béliet, Alain Peronnau fut l'un des artisans de la fusion aux côtés de Louis Daude, maire de Belin./Photo Archives Sud Ouest Roger Coudert.
Maire de Béliet, puis de Belin-Béliet, Alain Peronnau fut l'un des artisans de la fusion aux côtés de Louis Daude, maire de Belin./Photo Archives Sud Ouest Roger Coudert.

Membre du premier Conseil municipal de Belin-Béliet, Suzanne de Sigoyer se souvient : « À cette époque, l’État encourageait la fusion des petites communes. La fermeture des usines Cazenave a également été un facteur important » estime-t-elle. Car depuis le premier refus de cette fusion, le paysage politique a changé. À Belin, Louis Daude est devenu maire tandis que le jeune Alain Peronnau débarque à la mairie de Béliet avec l’ambition de faire grandir le territoire, et donc d’aller plus loin que de simples discussions de voisinage.

 

Surtout, la loi Marcellin, du 16 juillet 1971, encourage grandement la fusion et les regroupements des communes avec une incitation financière qui pourrait faire le bonheur de Belin, comme de Béliet dans un contexte ô combien incertain. Dans cette optique, le mariage entre les deux villages permettrait à la fois de s’unir économiquement pour surmonter ensemble une crise majeure, tout en rassurant les entreprises et les commerçants présents dans la commune. De cette manière, les élus prennent les devants dans le cas où Cazenave ne parviendrait pas être sauvé par un repreneur. En 1974, le processus de la fusion est lancé aux côtés de la préfecture. Seulement, un défi de taille se hisse devant les élus : convaincre la population locale…