· 

Belin-Béliet : il y a 50 ans, la mort du député-maire et résistant Franck Cazenave

Par Corentin Barsacq

Portrait de campagne de Franck Cazenave, lors des élections législatives de juin 68./Photo DR.
Portrait de campagne de Franck Cazenave, lors des élections législatives de juin 68./Photo DR.

Illustre personnalité politique et industrielle girondine, Franck Cazenave est décédé le 10 août 1974. Soldat, résistant puis maire de Belin, il fut à la tête des établissements Cazenave tout en ayant une brillante carrière politique et militaire. 

 

Un homme d’engagement, salué au soir de sa vie par un certain Jacques Chirac, alors Premier ministre. Le 10 août 1974, les premières dépêches dans la presse régionale ne tardent pas à annoncer la triste nouvelle. À l’issue d’une éprouvante maladie, Franck Cazenave s’est éteint à Paris, à l’âge de 57 ans. Une disparition soudaine dans une vie aux multiples accomplissements, dans la digne lignée des Cazenave. Né à Belin le 28 juin 1917, il était l’un des deux fils de Louis Cazenave, fondateur des usines éponymes installées à Belin et notamment spécialisées dans la production de cycles. Ayant un frère, Guy, Franck Cazenave fait ses études à Arcachon, au collège Saint-Elme, avant de rejoindre Angers, puis Nantes pour devenir ingénieur des arts et métiers, mais aussi sous-lieutenant d’aviation. 

 

Une brillante carrière militaire

 

Marié en 1941 à Huguette Darroman, Franck Cazenave deviendra père de deux filles avant d’épouser Danielle Ferrière en secondes noces. En 1939, il est affecté à la base aéronavale de Bizerte, en Tunisie. Il participa à la campagne de France avant de s’engager dans la Résistance dès 1942. Franck Cazenave rejoint les Forces françaises combattantes et joue un rôle important au sein du groupe local de Béliet. Malgré la réquisition des usines Cazenave par l’occupant allemand, le site constitue une importante cache d’armes tandis que le village de Belin est un lieu stratégique pour organiser de nombreux parachutages à destination des réseaux clandestins des Landes et de Gironde. 

Franck Cazenave, en arrière-plan, entouré des élus Gérard Souleyreau et Alain Peronnau, lors de la fête du foyer des jeunes en 1972./Photo Gérard Souleyeau.
Franck Cazenave, en arrière-plan, entouré des élus Gérard Souleyreau et Alain Peronnau, lors de la fête du foyer des jeunes en 1972./Photo Gérard Souleyeau.

Si après la guerre, Franck Cazenave ne s’est pas attardé sur ses actions menées durant le conflit, il est tout de même de ceux qui participent à l’enlèvement, à Biganos, d’André Grandclément, responsable de l’organisation civile et militaire du en Gironde, accusé de trahison envers la Résistance. Ce dernier sera interrogé à Belin, dans la cave de la maison Cazenave, avant d’être exécuté le 27 juillet 1944 aux côtés de sa femme Lucette et de Marc Duluguet. Le résistant de Belin ne prendra pas part à cette funeste opération en forêt du Muret, mais participera aux combats du Front du Médoc ainsi qu’à la campagne d’Allemagne. En 1951, il est rappelé pour prendre le commandement des réserves de la 3e région aérienne. Durant dix ans, il est adjoint au général commandant de la région. Patriote, il est volontaire pour l’Afrique du Nord et est promu colonel en 1964.

 

Notable de Belin puis homme politique

 

Au cours de cette même période, le décès de Louis Cazenave entraîne Franck Cazenave aux manettes de l’usine familiale. À cette époque, les établissements s’articulent autour des cycles, du bois, des châssis de poids lourds ainsi que d’une fonderie. Mais le quotidien du désormais chef d’entreprise n’est pas de tout repos. L’homme aspire à entrer en politique, étant proche du Centre national des indépendants et paysans. D’abord adjoint au maire en 1959, il est élu député de la 7e circonscription de Gironde en 1962. Il sera d’ailleurs réélu systématiquement jusqu’à son décès au cours de sa mandature.

 

À l’échelle locale, Franck Cazenave monte également en puissance. Premier président du club de football du village, il devient maire de Belin en 1965. Fervent défenseur à l’Assemblée des Landes girondines et du bassin d’Arcachon, il porte haut les préoccupations liées au massif forestier, à l’ostréiculture ou encore à la pollution des eaux. Également conseiller général du canton d’Arcachon à partir de 1967, il décide de ne pas se représenter en tant que maire de Belin pour briguer un mandat d’élu du côté d’Andernos. Sur les bords du bassin, il devient maire de la commune lors des élections municipales de 1972.

Le cercueil de l'ancien maire entrant dans l'église de Belin./Archives Sud Ouest
Le cercueil de l'ancien maire entrant dans l'église de Belin./Archives Sud Ouest

Sa carrière politique n’a alors d’égal que sa carrière militaire. Officier de la Légion d’Honneur, détenteur de la Croix de la valeur militaire pour avoir combattu en Algérie, médaillé de l’aéronautique, croix des combattants volontaires ainsi que cravate de commandeur du mérite militaire attestent d’un patriotisme et d’un engagement à toute épreuve. Le 12 août 1974, devant des centaines de personnes présentes, Franck Cazenave livre son dernier adieu à Belin et à ses proches. Ses obsèques furent suivies par de nombreuses personnalités politiques du territoire.