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Belin-Béliet, récit d’une fusion : le rôle important des associations pour effacer les clivages

Par Corentin Barsacq

Une des premières équipes du FC Belin-Béliet, au lendemain de la Seconde guerre mondiale./Photo LB
Une des premières équipes du FC Belin-Béliet, au lendemain de la Seconde guerre mondiale./Photo LB

Jusqu’au 6 septembre, Le Belinétois consacre une série d’articles au sujet de la fusion de Belin-Béliet. Avant le référendum local et le vote majoritaire en faveur de l’union entre Belin et Béliet survenu en 1974, les associations culturelles et sportives ont grandement œuvré en faveur d’une bonne entente entre les deux villages. 

 

 

Épisode 1 : Val de l’Eyre : « Avant la fusion, on disait qu’à Belin, c’était les souliers et les sabots à Béliet »

Épisode 2  : Belin-Béliet, récit d’une fusion : la chute de Cazenave et un mariage de nouveau sur la table


Sans nul doute, elles ont tenu un rôle essentiel dans le processus enclenché par les élus de Belin-Béliet à l’orée des années 70. Année olympique oblige, consacrons-nous à la dimension sportive d’une fusion dont les graines furent semées bien des années auparavant.  Avant la chute des établissements Cazenave, ou encore des promesses de l’État encourageant les fusions des petites communes, Belin et Béliet ne partageaient pas uniquement une querelle de clocher et quelques jalousies. 

 

Au-delà d’une rivalité aux fondations légères, des associations avant-gardistes ont rapidement joué un rôle important pour rapprocher les deux communes. Fondé en 1922, le Brochet Beliétois rassemble, dès 1955, les passionnés de pêche issus des deux communes du canton, comme en atteste le renouvellement des statuts de la structure. 

 

Belin et Béliet unis pour les prisonniers de guerre

 

Surtout, le hasard semble plutôt bien faire les choses en matière de football puisque le terrain d’entraînement de l’époque est situé à Suzon, en lieu et place de l’actuelle mairie. 

 

Au début de la Seconde Guerre mondiale, un club voit le jour, mais personne ne semble trancher sur sa commune d’appartenance. Des gens de Belin et des gens de Béliet le compose, parmi lesquels figurent Paulin Michaud, Pierre Gaillard, le docteur Pierre Mano, le chef de fonderie Alban Biguerie, ou encore celui qui sera le premier président du FC Belin-Béliet : Franck Cazenave. 

En 1975, l'équipe seniors du FC Belin-Béliet avait fusionné depuis bien longtemps.../Photo archives LB
En 1975, l'équipe seniors du FC Belin-Béliet avait fusionné depuis bien longtemps.../Photo archives LB

Seulement, l’histoire de l’association sportive ne débute officiellement qu’en 1946, à la date du 9 mai, jour où le club semble avoir déposé une nouvelle fois ses statuts après une éventuelle mise en sommeil de la structure durant la guerre. Certains de ses bénévoles et joueurs étant intégrés dans des réseaux de résistance, le FC Belin-Béliet a tout de même organisé, sous l’Occupation allemande, des rencontres sportives dont les bénéfices permettaient de soutenir les prisonniers de guerre de Belin et Béliet. À cette époque, déjà, on parle d’un club réunissant les deux villages. 

 

En 1942, le club dispose également d’une section athlétisme ouverte aux habitants de Belin et Béliet. En novembre de cette même année, le club lance aussi une section dédiée au basket-ball. Innovant pour l’époque, cette initiative débouche sur la création d’une équipe masculine et féminine. Les deux effectifs affronteront leurs voisins de Salles en guise de match inaugural. À l’après-guerre, aussi, une autre association sportive a le vent en poupe et porte fièrement les couleurs des deux communes. Il s’agit de l’US Belin-Béliet, le club de rugby local dont les résultats sont déjà présents dans le journal Sud-Ouest en 1949. D’autres traces du club sont visibles dans la presse locale jusqu’à la fin des années 60. 

 

Le foyer des jeunes, vecteur d’inclusion

 

Autre acteur majeur liant Belin et Béliet à travers des activités sportives : le foyer des jeunes. En 1953, sur la place de Béliet, les habitants découvrent un sport inédit pratiqué par les aînés : le volley-ball. Chaque soir, à l’initiative de l’instituteur de Béliet Jean Flament, les rencontres sont très disputées. Surtout, elles donnent des idées à Henri Salinier, directeur de l’école, pour fédérer la jeunesse autour des valeurs sportives. C’est sous son impulsion qu’en 1965, plusieurs jeunes de Béliet se rassemblent autour de la construction d’un canoë pour ensuite trouver un lieu de rassemblement ouvert à tous : le foyer des jeunes et d’éducation populaire de la Grande Forge. 

Avec le foyer des jeunes, le tennis fait son apparition à Belin-Béliet./Photo Gérard Souleyreau.
Avec le foyer des jeunes, le tennis fait son apparition à Belin-Béliet./Photo Gérard Souleyreau.

Deux ans plus tard, les jeunes occuperont le moulin Robillard, en bas du Pontricot. Ils disposaient notamment d’un terrain de volley-ball. Durant dix ans, les jeunes de Belin et Béliet ont profité de ce lieu d’exception pour découvrir de nombreux sports telles que le canoë-kayak, le tennis, le handball, ancêtre du HC Belin-Béliet, ou encore la gymnastique volontaire. 

 

Dans les paroles des jeunes qui ont connu cette fusion, les souvenirs restent vagues : « La fusion, dans nos têtes, elle était déjà faite », explique Serge Daugé, adolescent à l’époque, aujourd’hui pompier à la retraite. Et pour cause. Les associations locales ont rapidement intégré l’idée que leur raison d’être aurait davantage de chance d’être pérennisée en s’adressant aux deux communes plutôt que de se cantonner à des limites administratives.