Par Corentin Barsacq
Dans la nuit du 21 au 22 août 1944, entre Liposthey et Saugnac-et-Muret, des résistants landais tendent un barrage à un convoi allemand. Une fusillade éclate et le résistant de Moustey Noël Garaude est grièvement blessé. Il meurt le lendemain à l’âge de 26 ans. Une stèle est présente à Saugnac-et-Muret pour honorer son engagement et sa mémoire.
Il était né un 25 décembre 1918. Forcément, son prénom était tout trouvé. Noël Garaude était originaire d’une famille de Moustey où l’entreprise familiale se développait au gré des années. Jeune homme volontaire mais surtout déterminé à servir la France, il s’engage, par devancement d’appel, pour le service militaire en avril 1939. Au moment où la guerre se déclare, il se trouve au Maroc, précisément à Casablanca, où il accomplit son devoir jusqu’à sa démobilisation en février 1942.
C’est à ce moment-là qu’il revient sur les terres de la Haute-Lande afin de reprendre sa place dans l’entreprise familiale. Seulement, la France est en guerre et le jeune homme de l’époque veut lui aussi défendre sa patrie. À partir de 1943, il intègre le réseau Denis Aristide Buckmaster et s’avère être un élément précieux dans la résistance locale. Courageux, il réalise diverses missions parmi les plus périlleuses, et cela, sous les radars de l’occupant allemand.
À l’aide des véhicules de l’entreprise familiale, Noël Garaude contribue au ravitaillement du maquis tout en transportant les armes et les munitions parachutées à Pissos. Lorsque certains chefs de la résistance furent traqués par la Gestapo, c’est Noël Garaude que l’on appelait pour transporter les hauts placés en lieu sûr. Lorsque les Allemands se rapprochaient dangereusement du maquis de Sabres, le jeune homme assure le déplacement du réseau vers Lencouacq.
Un ennemi mieux armé
C’est ainsi que dans la nuit du 21 au 22 août, Noël Garaude est de ceux qui ont pour mission de tendre un barrage à un véhicule allemand sur la Nationale 10, dans le sens Bordeaux-Bayonne. René Guilhemsans, ami de Noël Garaude et résistant, avait relaté cette opération au moment de rendre hommage au résistant tué : « Habitués à ce genre d'opération, nous partons confiants à l'endroit qui avait été déterminé dans la journée. Nous étions une dizaine. Sur la route, nous faisons un barrage à l'aide de rondins de bois et nous attendons ». À 23h, le moteur du véhicule ciblé traverse Saugnac-et-Muret et arrive devant le barrage, sur la route menant à Liposthey. Le conducteur de la voiture avait repéré rapidement le barrage et s’arrêta bien avant, forçant les résistants à agir vite : « Sur ordre du chef, nous tirons mais l’ennemi en face est mieux armé. Nous sommes obligés de nous rabattre, toujours sur ordre ». Sous un feu nourri, trois résistants sont blessés.
Delest et Ferrand parviennent à marcher jusqu’à la ferme la plus proche mais le cas de Garaude est sérieux. Transporté dans une brouette, l’homme a reçu une balle dans l’abdomen. René Guilhemsans avait alors rejoint le bourg de Moustey à vélo pour trouver une voiture en état de marche. Après cela, Noël Garaude fut conduit en urgence chez le médecin du village. Ce dernier décida de le transporter dans une clinique à Bordeaux.
« Je vais mourir mais je suis heureux »
Pour couvrir le transport du blessé, le médecin demanda à une coiffeuse originaire d’Alsace de rédiger une lettre en allemand pour signifier que son patient souffrait d’une crise d’appendicite aiguë. À l’aide d’un faux tampon de la Kommandantur, le convoi clandestin pu passer deux barrages allemands et foncer à la clinique. Malgré une opération réalisée dans la nuit, Noël Garaude décèdera des suites de ses blessures le 22 août. Au moment où René Guilhemsans se rendit au chevet, celui qui avait le grade de sous-lieutenant était toujours de ce monde : « Lorsque le lendemain, nous sommes retournés tous les deux pour le voir, il était encore en vie. Alors il nous a regardé et ses mots, les derniers, que je ne pourrais jamais oublier furent : « Je vais mourir, mais je suis heureux, j’ai fait mon devoir de patriote ».
Enterré une première fois au cimetière de Caudéran, dans le caveau de sa tante, Noël Garaude a par la suite rejoint le cimetière de Moustey afin de reposer auprès des siens. Nommé au grade de chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume, l’enfant de Moustey a également reçu la croix de guerre avec palme. En août 1964, en présence du préfet des Landes ainsi que du député maire M.Lamarque Cando, une stèle fut érigée en sa mémoire, à l’emplacement de la fusillade. Par la suite, la stèle fut déplacée de quelques centaines de mètres. Encore aujourd’hui, des cérémonies commémoratives sont régulièrement organisées par l’association du Souvenir Français dans le but de se souvenir de celui qui a payé de sa vie sa lutte pour son pays.
Source de l'article : www.souvenir-francais-landes.fr