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Belin-Béliet, récit d’une fusion : une campagne inédite pour un référendum local historique

Par Corentin Barsacq

Soir de référendum local à Belin-Béliet, où les maires Peronnau et Daude se félicitent du résultat./Archives Journal Sud Ouest - Roger Coudert.
Soir de référendum local à Belin-Béliet, où les maires Peronnau et Daude se félicitent du résultat./Archives Journal Sud Ouest - Roger Coudert.

Jusqu’au 6 septembre, Le Belinétois revient, au travers d’une série d’articles, sur les moments marquants de la fusion entre les deux villages du Val de l’Eyre. Au cours de ce quatrième épisode, les élus doivent relever deux défis d’importance : unir Belin et Béliet autour d’un même programme d’action, mais surtout, convaincre les plus réticents quant à l’union des deux communes. 

 

Épisode 1 : Val de l’Eyre : « Avant la fusion, on disait qu’à Belin, c’était les souliers et les sabots à Béliet »

Épisode 2  : Belin-Béliet, récit d’une fusion : la chute de Cazenave et un mariage de nouveau sur la table

Épisode 3 Belin-Béliet, récit d’une fusion : le rôle important des associations pour effacer les clivages


Les élections municipales de 1971 ont considérablement rebattu les tendances au sujet d’une éventuelle fusion entre Belin et Béliet. Deux visages forts se distinguent notamment : le maire de Belin Louis Daude, et le maire de Béliet Alain Peronnau, qui succédait au docteur Pierre Mano, pas franchement emballé à l’idée de fusionner avec le voisin belinois. Surtout, l’ancien élu craignait une hausse considérable de la fiscalité, de quoi haranguer les opposants à l’union de Belin-Béliet. 

 

Or, le temps presse, car l’État promulgue la loi Marcellin au cours de cette même année électorale, ce qui permet aux petites communes qui fusionneront de bénéficier d’une importante majoration des subventions, une aide financière ô combien importante. Rappelons que dans un contexte économique marqué par la fermeture redoutée des établissements Cazenave, Belin et Béliet ont tout intérêt à en profiter pour financer un programme d’action qu’il convient de définir entre les deux communes. Avant 1970, le projet de construction d’un groupe scolaire intercommunal avait déjà posé les premières pierres du rapprochement.

 

En 1972, le nouveau Conseil municipal de Béliet se positionne clairement en faveur de la fusion. Béliet a d’ailleurs plusieurs dossiers importants sur la table comme la création de plusieurs lotissements, dont celui du Braou, l’assainissement des quartiers mais aussi l’a desserte en eau potable dans les zones les plus reculées de la commune. Belin partage aussi ces mêmes chantiers tout en ayant le désir de constituer des réserves foncières. Surtout, les deux communes doivent limiter les dégâts de la fermeture des établissements Cazenave par la création d’une zone industrielle… 

 

Avec le soutien de la préfecture, les deux communes établissent les règles de cette union. L’ensemble des conseillers municipaux intégreront le Conseil municipal unifié jusqu’aux prochaines élections municipales programmées en 1977. Belin et Béliet conviennent d’organiser un référendum local en 1974 dans le but de laisser à la population le soin de valider ou non le processus enclenché. 

 

Une campagne pour le « oui » 

 

Plusieurs réunions publiques ainsi qu’une exposition sont organisées pour mettre en valeur une histoire finalement commune, mais éloignée de seulement quelques kilomètres. Les plus réticents s’amusent notamment : « Belin, je l’ai sur le cœur, Béliet sur l’estomac ». Mais le 30 juin 1974, les urnes livrent finalement une seule vérité. Le « Oui » l’emporte à plus de 80%, récompensant ainsi tous les efforts fournis pour convaincre et unir autour d’un même projet.

 

Ce vote abouti à un arrêté préfectoral publié le 7 août 1974 et prenant effet au 1er septembre, jour de fête de la Saint-Jean du côté de Belin. À cette époque, Belin-Béliet compte 2700 habitants, mais 500 ont déjà quitté le territoire avec la fermeture des usines Cazenave. Il y a donc urgence à agir, car si le programme commun présenté aux habitants est ambitieux, l’hémorragie dure depuis maintenant plusieurs années et la mort du village est craint de tous…